Ce fut la croix et la bannière pour le lieutenant-colonel Samir Tarhouni afin qu'il parvienne à donner son témoignage sur ce qui s'est passé à l'aéroport de Tunis-Carthage le soir du 14 janvier 2011! Pour les téléspectateurs aussi, peut-être... avec un cri récurrent sur les lèvres: ...mais laissez-le parler, bon sang! C'était sur NessmaTV jeudi soir et c'était assez incroyable. Car, supposé venir donner son témoignage, Tarhouni a fini devant une petite curée qui se prenait apparemment pour l'inquisition, avec le ton qu'il faut; celui du juge-avocat-général plein de vertu et très inflexible. Nous ne sommes pas du tout contre les gens totalement vertueux, bien sûr, mais il fallait réagir pour une raison toute simple: le but de l'émission était d'écouter un témoin et donc tous les gens mandatés pour l'animer avaient le devoir de faciliter ce témoignage! En lieu et place, nous avons assisté, médusés, à une démonstration de force assez impressionnante où des gens qui n'étaient pas là, mais alors pas du tout et dont l'essentiel du savoir se faisait par les on-dit, tenir tête à un témoin direct de première ligne: le Lt-cl Tarhouni. Hsan Ben Othmane, Sofiane Ben Hmida, Jamel Arfaoui et Haythem Mekki n'étaient pas là, en cette soirée mystérieuse du 14 janvier dernier! Encore mystérieuse car elle n'a sûrement pas livré son dernier mot et des témoignages aussi poignants que celui de Tarhouni émergeront périodiquement comme des champignons avant que toute la lumière soit faite sur le sujet. Ces témoins nous auront un peu par surprise comme le Lt-cl Tarhouni... qui s'est manifesté 7 mois après, certainement mandaté pour redorer le blason des policiers en mal de crédibilité. Encore une fois, nous ne sommes pas contre le fait que quelqu'un fasse tout pour redorer son blason mais tout simplement que l'on ne perde pas le nord à propos de qui nous sommes et de ce que nous faisons ici-bas. Il est vrai qu'un journaliste pose des questions et suit le fil des histoires des uns et des autres pour arriver à présenter la vérité à ses lecteurs ou auditeurs, mais il est également vrai que les journalistes peuvent aussi dire leurs opinions et les défendre. Mais il doit comprendre que le mélange des genres laisse le téléspectateur perplexe et que rien ni personne n'est au-dessus d'un témoignage direct.