A la surprise des observateurs de l'entreprise en Tunisie, le Conseil d'Administration de la SOMOCER a proposé, à la mi-mars 2005, de ne pas distribuer de dividendes au titre des exercices 2004, 2005 et 2006, invoquant la situation actuelle de sa trésorerie, de sa stratégie de développement et de ses besoins de financement. Un comportement audacieux, car comment convaincre ses actionnaires de se serrer la ceinture alors que le résultat net provisoire de la société au 31/12/2004 a marqué une nette progression de 85% ? En décembre 2004, la SOMOCER a signé un nouveau contrat de vente à l'exportation avec ses clients partenaires du Moyen-Orient d'un montant de 5 millions de dollars. Un contrat d'autant plus significatif qu'il inscrit les relations des deux parties dans le long terme. Pour ponctuer ce «coup», la SOMOCER affirme qu'elle continue à uvrer à l'élargissement de son champ d'action et à la consolidation de sa position concurrentielle sur d'autres destinations à l'exportation. Et, surtout, en février 2005, tous comptes faits, la SOMOCER affirme qu'en ligne avec les prévisions de son management, le résultat net provisoire au 31/12/2004 a marqué une nette progression de 85% et son chiffre d'affaires s'est inscrit en hausse de 13%. Cerise sur le gâteau, en mars 2005, on apprend que M. Mohamed Ben Hammouda qui détenait 100.000 actions et droits de vote dans le capital de la SOMOCER, a franchi à la hausse le seuil de 5%. M. Ben Hammouda soutient qu'il poursuivra sur sa lancée en 2005 et sans ambitions de prise de contrôle ou de revendication de poste d'administrateur. Peu d'entreprises tunisiennes peuvent justifier d'un tel «mouvement» et cela prouve que la SOMOCER a le vent en poupe. Alors, pourquoi ne pas distribuer de dividendes, qui plus est pour trois exercices consécutifs ? Lors de son Conseil d'Administration du 17 mars 2004, M. Lotfi Abdennadher, président de la SOMOCER, a évoqué trois points pour justifier cette décision : - Le besoin en fonds de roulement total a augmenté de 0,9 MDT de 2004 à 2005 à cause de la hausse des créances d'exploitation ; - La participation à la société SOTEMAIL, une unité industrielle pour la fabrication de grès porcelaine à Souassi, pour un investissement total de 27 MDT ; - La participation dans le capital d'une société tuniso-libyenne pour la fabrication de carreaux céramiques en Libye (avec des investisseurs des Emirat Arabes Unis, d'Italie et d'Espagne). L'enjeu semble en valoir la chandelle mais la SOMOCER devrait, à notre sens, se poser la question suivante : Tous ses actionnaires, sans exception, lui feront-ils assez confiance pour attendre patiemment qu'elle reprenne la distribution de dividendes à partir de l'exercice 2007 ?