Quand vous rencontrez Ibrahim Kassas, membre de l'Assemblée Constituante pour Al Aridha (liste de Kébili) pour la première fois, vous ne pouvez manquer de remarquer sa disposition à aller au bout de ses idées. Il nous a ainsi confié qu'il ne permettrait jamais, tant qu'il serait en vie, que ses enfants vivent ce qu'ont vécu son grand-père, son père et lui-même. Intarissable sur l'authenticité du talent tunisien, il nous a juré que les Tunisiens valent cent fois mieux ce qu'ils ont vécu jusqu'à aujourd'hui, que notre pays est bourré de richesses et que nous résoudrons définitivement le problème capital du chômage. Que voilà un esprit tourné vers l'avenir, frappé du sceau de cette cohérence que permet le traitement des problèmes par les plus petits dénominateurs communs. Et on s'étonnerait presque que ce monsieur, révolutionnaire et élu de la Constituante, persiste sous la bannière d'une personnalité aussi controversée que celle de Hachemi Hamdi. Mais nous avons été surpris par une loyauté à toute épreuve quand nous lui avons posé une question sur ce qu'il pensait de la distribution en douce du dernier numéro de Maghreb Magazine qui portait en tire de couverture ''Le Mystère Hachemi Hamdi'', qui était bourré de caricatures et de papiers au vitriol et qui titrait à l'intérieur Le Bouffon du Roi qui voulait devenir Président! Ibrahim Kassas nous a répondu simplement qu'une telle pratique ne sied pas à un média qui se respecte et qu'il allait, avec son groupe à l'ANC, porter plainte auprès de la Justice. La loyauté de Kassas est apparemment de notoriété publique avant même cette sombre affaire. En plein 22 novembre, jour de la première session de l'Assemblée, et alors que tous les regards, toutes les caméras, tous les appareils photo étaient braqués sur ce qui se passait dans l'hémicycle du palais du Bardo, tout le monde a vu clairement la longue conversation et les nombreuses embrassades entre Ibrahim Kassas et Rached Ghannouchi. Et, attention, malgré la présence de dizaines de grosses pointures d'Ennahdha dans la salle, c'est R. Ghannouchi en personne qui s'entretint pendant plusieurs minutes avec le représentant d'Al Aridha et au vu et au su de tout le monde. Ennahdha n'est pas le seul mouvement à courtiser Ibrahim Kassas, puisque dans les coulisses de l'Assemblée, où beaucoup se noue et se dénoue, certains affirment avec insistance qu'il y aurait déjà un début de coordination entre Al Aridha et le PDP de Ahmed-Néjib Chebbi et Maya Jeribi. C'est plausible, encore plus que le rapprochement avec Ennahdha, car Hachemi Hamdi vient justement de faire ses compliments au PDP auquel il se dit reconnaissant de n'avoir pas contribué à la campagne de dénigrement contre Al Aridha. Evidemment, on ne sait jamais avec Hamdi, mais il semble certain que les appels du pied aux sièges d'Al Aridha vont aller crescendo.