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Jamais sans mes enfants ?
Famille
Publié dans Le Temps le 28 - 01 - 2009

Il est de plus en plus courant de voir des Tunisiens et des Tunisiennes consacrer l'essentiel de leur salaire à la satisfaction des multiples besoins et demandes (ou caprices) de leurs enfants, et ils vont jusqu'à s'oublier complètement parfois.
Leur cas rappelle celui de l'un des héros les plus connus et les plus pathétiques de Balzac, en l'occurrence Le Père Goriot dont nous vous raconterons le destin après ces quelques histoires concernant des parents tunisiens qui donnent tout aux enfants et ne laissent rien pour eux-mêmes.

Z. est veuve depuis une dizaine d'années. Son mari lui a laissé trois enfants sur le bras et une pension de quelques centaines de dinars. Elle habite heureusement une maison à elle, mais en faisant les comptes, elle s'aperçoit à chaque fois que le montant qu'elle perçoit suffit tout juste pour que ses enfants vivent décemment et poursuivent normalement leurs études. « Je ne me rappelle pas m'être offert un quelconque vêtement neuf depuis la mort du défunt. J'ai usé toutes mes anciennes chaussures mille fois rapiécées et j'ai même vendu quelques uns de mes bijoux pour faire face à certaines dépenses imprévues. Ma famille et ma belle-famille ne m'abandonnent pas tout à fait, mais je leur dis toujours de penser plus aux enfants qu'à moi. » Z.se rappelle à ce propos le jour où son frère aîné lui ramena d'Arabie Saoudite un châle et deux mules en cuir : « Il me disait : ça c'est pour toi ; je n'ai rien rapporté pour eux ! Le soir, j'ai beaucoup pleuré au lit ! Mais je m'étais dit le lendemain que j'avais ma jeunesse derrière moi et qu'il fallait songer à celle de mes gosses. Pourvu qu'ils ne manquent de rien ; je suis sûre que leur père aurait pensé la même chose ! »

Renonciation
Chez les Hamzaoui, couple de fonctionnaires, on se contente du minimum pour offrir aux enfants ce qu'il y a de mieux et de plus cher. « Regardez par exemple ce pantalon que je porte ou le manteau de ma femme, nous les avons achetés chez le fripier. Quant à nos chaussures, demandez au cordonnier du coin, combien de fois il a reçu notre visite et vous comprendrez si nous en avons achetées des neuves ! Voici par ailleurs nos portables, des appareils d'occasion achetés à moins de trente dinars, vérifiez aussi nos soldes : à peine quelques centaines de millimes. Depuis que nous avons les enfants, nous avons renoncé quasiment à tout : figurez-vous que certains soirs, nous nous privons de sortie pour leur permettre à eux d'aller quelque part avec leurs amis. Ils ont 18 et 16 ans et nous demandent toujours de l'argent ou des cadeaux. Le cadet vient d'acheter son troisième portable qui nous a coûté presque deux cents dinars. Tous les deux vont au stade chaque dimanche, ils reçoivent quotidiennement entre 3 à 5 dinars chacun à titre d'argent de poche. Nous leur avons offert successivement un ordinateur, une chaîne stéréo et un DVD. Pour cet été, l'aîné veut aller pour quelques jours en Allemagne chez son oncle qui l'a invité pendant les dernières vacances, mais on n'avait pas assez d'argent à ce moment-là. Nous devons donc épargner au moins le prix du billet et nous attendre à ce que le cadet demande à son tour les frais de ses grandes vacances.

Nous vivons pour eux
Les talons des chaussures de Mourad sont devenus aujourd'hui presque invisibles tellement ils ont été élimés. Son épouse pour sa part n'est pas mieux chaussée : le couple vient d'achever des travaux d'extension dans la maison et ce, pour construire une nouvelle chambre d'enfants. Depuis que le garçon a grandi, ses parents ont économisé quelques sommes et ont contracté un prêt pour qu'il ait sa chambre personnelle. C'est maintenant chose faite, mais à quel prix pour Mourad et sa femme : « à la rentrée scolaire, nous avons dû accepter l'aide bénévole de quelques uns de nos proches. Les enfants ont rouspété à cause de leurs cartables qui n'étaient pas neufs et de leurs vêtements d'il y a deux ans mais nous avons réussi à les calmer avec des promesses de cadeaux pour les jours qui suivaient. A présent, nous payons nos crédits et subvenons à l'essentiel, mais à dire la vérité, nous consentons aux enfants quelques gratifications et ce, au détriment de nos propres besoins. Ce n'est pas grave ; après tout, nous vivons pour eux !

Pourvu qu'on s'en souvienne !
C'est presque en ces mêmes termes que Hassen et Farida nous ont parlé de leurs sacrifices au profit de leur fille unique : « Nous l'avons mise au monde et devons de ce fait lui garantir une bien meilleure jeunesse que la nôtre. Quand on en a les moyens, bien évidemment ! Sinon, il faut s'oublier pour la satisfaire prioritairement. Vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressens quand ma fille manque de quelque chose que ses camarades ont déjà ! Je me jure toujours de le lui offrir, quitte à emprunter son prix aux autres ! Nous avons tous les deux connu la privation et souhaitons que notre enfant n'en pâtisse pas. C'est pourquoi nous ne nous plaignons pas de nos propres frustrations actuelles. Notre salaire, nos biens, nos projets, tout doit lui profiter avant toute autre personne ! »
Qu'il y ait autant de Pères (et de mères) Goriot dans notre nouvelle société, devrait nous rassurer au moins quant au confort matériel relatif où vivent nos enfants et nos jeunes. Le nombre des pères et des mères « indignes » est très faible sous nos cieux notamment parmi les nouveaux couples. Pourvu que le nombre des enfants « indignes » et ingrats n'augmente pas pour nous rappeler ce formidable héros de Balzac qui, pour l'amour de ses deux filles, se ruine afin qu'elles mènent, à son insu, leur vie mondaine perverse. A sa mort, elles l'abandonneront sans éprouver la moindre peine ni le moindre remords !


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