WMC: Alors qu'un tout nouveau modèle de développement participatif est en train d'être éprouvé pour la première fois, allez-vous réorienter votre politique d'approche et de travail en Tunisie? Jan Fischer: La BERD respecte la manière selon laquelle la décision du pouvoir se fait en Tunisie; nous menons des dialogues avec toutes les entités dans le pays, tous les partenaires qui influent dans le processus et qui représentent la Tunisie. Nous avons des approches qui vont dans ce sens en soutenant les municipalités et les projets sociaux, par exemple, car nous croyons que le dialogue se fat, non seulement avec les autorités gouvernementales, mais aussi avec les autorités diverses, dont locales. Nous ne regardons pas seulement les résultats financiers, mais aussi l'installation et la performance des projets, et nous le faisons avec les pays avec lesquels nous travaillons. Quand j'ai été choisi par le Board des directeurs de la BERD, on m'a demandé ce que voulait dire ce poste pour moi et j'ai répondu que, dans cette institution, nous n'étions pas cyniques mais orientés vers la société, transparents, nous regardons au plus près ce qui se passe dans les pays. La BERD a un mandat de travailler seulement avec les pays en démocratie, nous ne sommes entrés en contact que depuis 4 à 5 mois avec la Tunisie, et ce n'est que depuis juste une semaine que nous l'avons impliquée. Quelle enveloppe prévoyez-vous? Avec l'appui de ses actionnaires, la BERD consacre 2,5 milliards d'euros jusqu'à 2015 pour la Tunisie, l'Egypte, le Maroc et la Jordanie; c'est-à-dire pour la région, sans spécificité pour chaque pays. C'est le pays où il y a le plus d'opportunités, celui qui avancera le plus vite, qui bénéficiera des fonds plus que les autres. Nous savons cependant qu'il y a des urgences, par exemple des contributions rapides dans les PME et le secteur financiers, et que nous devons identifier les mesures à prendre dans ce sens. Mais nous savons aussi qu'il y a des réformes de plus longue haleine, nous pouvons y contribuer, avec le gouvernement. On ne demande pas souvent aux partenaires de la Tunisie ce qu'on pourrait faire pour les aider dans leur démarche. Que demande donc la BERD de la Tunisie? Dans beaucoup de domaines, nous pouvons travailler avec les acteurs économiques. Par exemple, dans les PME il y a des contraintes, elles ont leurs problèmes, et il faut un partenariat avec la Tunisie pour les résoudre. Dans un contexte relativement favorable, nous pouvons travailler tranquillement. En matière de décentralisation, ce n'est pas une demande, mais les autorités de votre pays veulent que l'on agisse, et nous contribuerons... C'est à la Tunisie de dire à quelle vitesse et comment elle veut travailler.