Alors qu'il passait quasiment inaperçu, le 42ème Forum de Davos a été l'un des évènements les plus importants de la semaine écoulée en Tunisie. Car la participation de la Tunisie à cette manifestation a fait couler beaucoup d'encre et a été au centre d'une polémique alimentée par des médias qui n'ont pas pris la peine d'aller chercher l'information et/ou de vérifier celles dont ils disposaient, et certains acteurs politiques qui en ont profité pour enfoncer davantage un gouvernement qui avait déjà commis quelques faux pas. A ce gouvernement on a notamment reproché l'amalgame c'est-à-dire la présence à Davos de ministres, mais également de Rached Ghannouchi, président du Mouvement Ennahdha- et la dilapidation des deniers publics en envoyant à Davos un trop grand nombre de ministres et responsables. C'est vrai, participer à Davos coûte très cher. Outre les frais de séjour près de 800 dinars par jour-, chaque participant doit acquitter 60.000 dinars de droits d'inscription. Pour la délégation de huit personnes ayant accompagné le Premier ministre, la facture se serait donc élevée à plus de 300.000 dinars. Sauf que le gouvernement n'a pas eu à la régler. Car, révolution oblige, la Tunisie a eu cette année droit à un traitement spécial de la part des organisateurs qui l'ont faite invitée d'honneur de la 42ème session du Forum. A cette occasion, la direction de Davos a adressé des invitations à Rached Ghannouchi, en sa double qualité de président d'Ennahdha et d'érudit en matière d'Islam, à Mustapha Kamel Nabli (gouverneur de la BCT), gouverneur de la Banque centrale, et au Premier ministre Hamadi Jebali à qui a été donnée la possibilité de se faire accompagner de trois membres du gouvernement il a choisi Rafik Abdessalem (Affaires étrangères), Ridha Bettaieb (Investissement et Coopération internationale) et Ridha Saïdi (ministre-délégué auprès du Premier ministre chargé des dossiers économiques)- et d'un homme d'affaires (Mondher Ben Ayed, pdg de TMI). La délégation comprenait également deux journalistes membres de la cellule de communication du Premier ministère et deux agents de sécurité. En qualité d'invités, les représentants de la Tunisie n'ont eu à payer que leur facture d'hôtel et ont été dispensés du règlement des droits d'inscription. Pour aller en Suisse, le Premier ministre -et ses accompagnateurs, à l'exclusion de Rached Ghannouchi, Mustapha Kamel Nabli et Rafik Abdessalem, qui ont pris un vol régulier- avait le choix entre cette option, moins coûteuse, l'affrètement d'un avion spécial ou l'utilisation de l'avion présidentiel qui offrent plus de souplesse dans la gestion du temps en permettant à la délégation de quitter la Suisse dès la fin de ses engagements. Le Premier ministre a écarté l'utilisation de l'avion présidentiel parce que son heure de vol coûte trop cher, 50.000 dinars en l'occurrence- et préféré voyager à bord d'un petit avion spécial un 8 places- de Nouvelair. Sur la base d'une heure de vol à 7.000 dinars, la facture aurait dû s'élever à près de 38.000 dinars. Mais la compagnie aérienne ayant accordé une remise de 50%, elle s'est finalement établie à 19.000 dinars. En outre, et contrairement à certaines allégations, le gouvernement n'aurait pas pris en charge les frais de voyage et de séjour de Rached Ghannouchi et de son fils Mouadh qui a l'habitude de voyager avec son père âgé pour s'occuper de lui. Donc, s'il a commis quelques erreurs dans d'autres domaines essentiellement par manque d'expérience- depuis sa prise de fonction, le gouvernement actuel n'aurait pas gaffé dans le dossier de Davos.