Dans son bureau du 6ème étage du siège de l'UTICA, Wided Bouchamaoui, présidente de la Centrale patronale, était singulièrement calme mais des assistants, des aides de camp, des cadres... ne cessaient d'entrer et de sortir de son bureau. Beaucoup d'entre eux la coupaient dans son entretien avec nous pour lui signifier que telle radio, telle télévision, tel journal... voulaient la prendre immédiatement au téléphone. Elle donnait alors ses instructions pour que tel ou tel cadre réponde à sa place, sans pour autant perdre sa concentration à aucun moment. Elégante dans un ensemble sobre jupe-petite veste, le message ''corporel'', comme diraient les psy, est celui d'une dame qui assume aussi bien sa personne que les lourdes tâches qui sont les siennes dans un pays où le patronat ne parvient pas à s'assurer d'un climat normal de travail. Et nous voici dans le vif du sujet; car c'est de l'être-même de cette dame tunisienne, de sa personnalité, de sa féminité, de sa compétence à diriger une telle Centrale... qu'il est essentiellement question au milieu de la crise par laquelle l'UTICA est passée le 28 février alors que, nous a-t-elle confié, un haut cadre de l'UTICA a amené de pleins bus, avec des banderoles, des contestataires et jusqu'à des jeunes de 20 à 25 ans cagoulés. Une manière comme une autre de mener une campagne électorale dans la perspective du Congrès de l'UTICA qui se tiendra en juin prochain, souligne-t-elle. Le vif du sujet, c'est cette phrase lourde de sens de Mme Bouchamaoui: Tout ce problème créé par ledit mouvement 'Sauvons l'UTICA' est directement lié au consensus autour de ma propre personne!. Mais qu'est-ce qu'il y a de plus terrible que d'entendre cela d'une dame tunisienne qui croit en le legs de Bourguiba et en la maturité des Tunisiens pour cet exemple de coexistence civilisationnelle entre l'homme et la femme; l'une des bases de notre identité nationale? Nous voici donc au degré zéro, celui du message de certains qui disent comment il serait possible qu'une femme commande à des hommes, qui plus est au sein d'une organisation macho comme l'UTICA. Mais elle nous a semblé tenir dans son poste de combat, assumer ses charges mais en même temps nous mettre tous devant le fait que nous devons répondre devant notre conscience du discours cent fois répété que le Tunisien est le pair de la Tunisienne. C'est de ce cas de conscience que dépend l'issue de cette crise bizarre, étrange, étonnante qui s'est emparée, le 28 février, de la Centrale patronale!