En janvier 2013, au plus tard, les dirigeants de Bizerte Cap 3000 auraient pu pousser un «Ouf» de soulagement. A ce moment-là, les travaux de construction de Marina Bizerte devraient avoir été achevés, près de huit ans après leur démarrage. C'est ce qu'a annoncé Moez Benzid, président du conseil de Bizerte Cap 3000, mardi 26 février, lors d'une conférence de presse à Bizerte. Donc, dans un peu moins de deux ans, Marina Bizerte deviendra, avec ses 800 anneaux, chantier de maintenance de bateaux de plaisance, sa belle résidence hôtelière et divers autres services offerts au port, l'une des plus importantes marinas de Méditerranée. A telle enseigne qu'elle risque si tout se passe bien- de se trouver, aussitôt ouverte, dans l'obligation d'afficher «complet» et de refuser des clients. Car, au regard de la demande potentielle, l'offre de Marina Bizerte ne constitue qu'une goutte d'eau dans un océan. «En Méditerranée, on compte 6 millions de bateaux pour 1,5 million de places. La Tunisie a donc aujourd'hui une opportunité pour être la réponse à ce déficit de places de port», affirme Moez Benzid. Pour le plus grand profit de Bizerte dont l'économie serait fortement dopée par l'injection du flux de devises que ne manquera pas de générer le trafic des bateaux de plaisance venant s'offrir une cure de maintenance. Les plaisanciers sont, en effet, les plus dépensiers parmi les touristes. Et généralement des recettes «5% seulement vont à la Marina et le reste à la ville», indique le président du conseil de Bizerte Cap 3000. Mais du projet de Marina Bizerte à la réalité, le chemin est très long et semé d'embûches. Plus que ne l'auraient imaginé ses promoteurs dans le pire de leurs cauchemars. «Développer une marina en Tunisie n'est pas chose facile», confirme Moez Benzid. Qui sait de quoi il parle. Car le jeune patron passe une bonne partie pour ne pas dire le plus clair de son temps à chercher à repousser et, à défaut, à contenir les attaques de quelques associations qui, profitant de la situation créée dans le pays par la chute du régime Ben Ali et de la montée en puissance de la société civile qui s'en est suivie, font des misères à Marina Bizerte et à ses promoteurs. Et cela est en train d'aller crescendo. Dans la masse de ces contestataires, on trouve pêle-mêle de vrais et de pseudo-défenseurs de l'environnement qui s'inquiètent de l'impact du projet sur le Vieux port de Bizerte, de la «pollution visuelle» occasionnée, selon certains, par la résidence Nautilus, etc.- des commerçants et des pêcheurs que l'octroi de la concession du terrain sur lequel la marina est en train d'être érigée a privé de leur gagne-pain sans que l'Etat ne leur propose une solution de rechange-, et des correspondants locaux de la presse nationale qui, oscillant entre incompétence et connivence, se sont transformés en porte-voix de ces divers groupes. En réponse à toutes les revendications et attaques, Marina Bizerte multiplie les initiatives en faveur de Bizerte prise en charge de l'avivement des eaux du Vieux port, alors que rien ni contractuellement ni moralement ne l'y oblige, proposition de contribuer à la construction d'un deuxième pont mobile, promesse d'aide au Club Nautique Bizertin, subventions à de multiples associations locales, etc.- ou se déclare prête à discuter de tous les problèmes et à faire plus pour contribuer à leur résolution même lorsque la responsabilité de la société n'est pas engagée- laisse de marbre les contestataires. Voire les encourage à durcir davantage leur attitude. Ce qui n'est guère étonnant étant donné la passivité des autorités locales. Qui non seulement n'assument pas leur part de responsabilité dans la recherche de solutions aux problèmes auxquels les promoteurs du projet sont confrontés, mais, au contraire, caressent parfois les contestataires dans le sens du poil. Mettant ainsi en péril non seulement ce projet mais, surtout, l'avenir économique de la région puisque le calvaire que vivent les promoteurs de Marina Bizerte risque de dissuader et pour longtemps- d'autres investisseurs de s'y intéresser.