L'ensemble des classements internationaux font état d'un net recul de la Tunisie sur tous les plans. Selon les plus récents, les Tunisiens sont les plus "malheureux" au Maghreb, d'après le rapport 2013 sur le bonheur établi par l'ONU; la corruption s'est aggravée dans le pays d'après 80% des Tunisiens (rapport 2013 sur la perception de la corruption établi par Transparency International); le pays est retenu pour un des pays les moins sûr du monde (classement du département d'Etat américain); l'environnement des affaires s'est détérioré après la révolution au point de faire perdre à la Tunisie 6 précieux points (rapport de la Banque mondiale Doing Business); la compétitivité de l'économie du pays s'est gravement dégradée: la Tunisie a vu son classement par le rapport de Davos reculer de 43 points. Et la liste est loin d'être finie . Moralité : toutes contreperformances sont compréhensibles en cette période de transition et de dérapages multiformes (politique, sécuritaire, économique, social ). Néanmoins, certains classements font très, très, très mal. Parmi ceux-ci figurent ceux du cabinet de recherche britannique New World Wealth et des cabinets américains, Boston Consulting Fortunes mondiales en 2012 et Global Finance Integrity. Globalement, il ressort de ces rapports que les Tunisiens fortunés, voire les millionnaires en dollars (individus possédant un actif net de plus de 1 million de dollars, hors résidence principale), sont en Afrique du Nord ceux qui expatrient le plus illégalement à l'étranger leur fortune. Le rapport de New World Wealth classe la Tunisie à la honteuse place de 7ème en Afrique avec 6.500 millionnaires devançant la Libye au 8ème rang avec 6.400 millionnaires, le Maroc (9ème, avec 4.900 millionnaires) et l'Algérie (10ème, avec 4.100 millionnaires). Le rapport du cabinet américain Boston Consulting sur les fuites de capitaux estime à 45% (contre 30% au Maroc) la part de la fortune des Tunisiens riches placée à l'étranger. Quant au rapport de l'autre cabinet américain, Global Finance Integrity, il évalue la fuite illicite de capitaux tunisiens à 1,16 milliard de dollars US par an sur la période 20002009. Rapporté au nombre d'habitants, cela signifie que 110 dollars US sont détournés et perdus annuellement. Ces rapports sont unanimes pour imputer ces transferts illégaux non seulement à la corruption, les commissions occultes et autres activités criminelles, mais également à des activités commerciales légales (fausses factures fournisseurs, sociétés écrans à l'étranger ), touristes, exportateurs malhonnêtes (utilisation frauduleuse du compte spécial en devises mis à leur disposition), complicité des familles à l'étranger (enfants étudiants à l'étranger ), ou tout simplement en ayant recours à la valise pleine de billets. Interpellé sur cette question par Radio Express Fm, l'actuel ministre des Finances, Elyes Fakhfakh, a esquivé d'y répondre. Sans commentaire. Toutefois, il serait intéressant de connaître la liste et le nom de ces fortunés tunisiens offshore, et surtout de vérifier s'ils sont impliqués dans les créances douteuses de 10 milliards de dinars qui plombent les banques de la place lesquelles seraient, a priori, les premières complices de ces apatrides. Car, la non transparence bancaire et l'absence d'une politique de sanction des abus sont, a priori, à l'origine de l'enrichissement de ces fortunés et à leur penchant criminel pour l'expatriation de l'argent. Cela pour dire, in fine, à tous ceux qui pavoisent l'idée de réformer, pour la énième fois, le secteur bancaire et de lui allouer d'importants fonds pour sa recapitalisation (400 MDT), qu'ils doivent réviser à la baisse leur enthousiasme. L'information circule déjà sur ceux qui vont en profiter. OK!