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Le marché du livre tunisien à l'international : problèmes et solutions
Des perspectives prometteuses (3ème partie)
Publié dans WMC actualités le 26 - 01 - 2006


Une position privilégiée en Afrique

Qu'en est il sur un autre plan de la concurrence au niveau de la sous-traitance des livres dans les pays émergents ? La réponse de Graba fuse: « Comme je l'ai déjà indiqué la Tunisie se positionne comme un partenaire privilégié aussi bien auprès de pays européens qu'auprès des pays africains dans la sous traitance du livre. En effet, le niveau technologique et l'intégration du tissu industriel de l'imprimerie fait que nous avons un avantage certain par rapport à nos concurrents dans les pays émergents. Ce qui accentue cet avantage c'est que le cadre légal et institutionnel garantit la transparence des opérations. En effet, au Liban par exemple il existe un système de change parallèle assimilable au marché noir des devises qui opacifie les transactions et crée une incertitude quand à la possibilité de les mener à bon terme dans de bonnes conditions, alors qu'en Tunisie le règlement des transactions est effectué par le circuit bancaire officiel. Les paiements transitent par les comptes professionnels, etc .... Mais il n'y a pas que cela : Nous disposons d'un plus grand professionnalisme à tous les niveaux et notamment à celui de la qualité du travail, du respect des délais. J'ai par exemple remporté un certain nombre de marchés contre des concurrents libanais». Un constat rassurant mais l'exportation implique aussi l'accès au circuit local de distribution.

Cependant, pour Graba, avant de parler de distribution, il faudrait parler de promotion et il pense que les livres n'ont de chance de trouver un écho auprès du lecteur que lorsqu'une campagne publicitaire a été bien menée. En fait « la bouche à oreille » est aussi assez efficace. « Si nous voulons par conséquent que le livre littéraire tunisien soit bien distribué dans les espaces commerciaux, il faut que l'éditeur fasse son travail en démarchant le livre correctement. Et là, se pose la question de la qualité de ce livre, de son contenu conforme aux centres d'intérêt du public, etc.. Il faut comprendre que le livre doit être promu comme tout autre produit consommable avec les règles, les normes et le marketing que cela implique ». Mais cette approche toue azimuts du respect des lois du marché n'est elle pas préjudiciable pour le livre d'auteur ? J'ai remporté un certains nombre de marchés contre des concurrents libanais. En fait il existe un savant dosage à trouver. « je ne suis pas éditeur, mais je sais que les maisons d'édition ne sauraient survivre que cela soit pour vendre le livre sur le marché local où à l'exportation si le produit ne trouve pas un écho auprès de la clientèle. Il s'agit de faire du livre commercial le fonds de commerce de l'éditeur, et de cette façon il peut, en assurant les rentrées et le revenu nécessaires, financer indirectement le livre d'auteur. C'est donc un système de vases communicants qui permet à l'éditeur d'équilibrer son budget et de se faire connaître sur la place. Sinon c'est lui qui périclitera et c'est le livre d'auteur à faible tirage qui ne trouve pas de soutien qui est le grand perdant ».
Un coup d'oeil sur les statistiques du commerce extérieur tunisien pour les 8 premiers mois de l'année 2005 montrent qu'à part la France, la Libye constitue un bon client pour la Tunisie (seconde position des importateurs). Que pense M. Graba de ce marché : « La Libye est notre voisin immédiat, nous possédons la même mentalité, la même langue et la même culture et il est par conséquent normal que le chiffre de nos exportations de livres sur ce pays soit assez élevé. Il ajoute qu'en fait il faudrait à distinguer les marchés du Maghreb de ceux des autres pays arabes, «car avec les pays du Moyen Orient, en dépit d'une similitude de langue et de religion, la mentalité est différente et cela se répercute sur la culture véhiculée et sur le livre exporté en particulier ».
La balance commerciale pour le chapitre 49 montre cependant un déséquilibre flagrant. Cela signifie-t-il que nous soyons largement dépendants des importations? Existe-t-il un effort pour diminuer cette dépendance et sur quoi doit il être axée selon lui? Il répond avec philosophie «Vous savez, le déséquilibre provient de l'inégalité dans la détention de la connaissance et du savoir. La Tunisie importe surtout des livres scientifiques nécessaires aux recherches et aux études universitaires qui ont un coût très élevé mais que nous ne pouvons pas omettre d'acquérir. Nos universitaires et chercheurs commencent cependant de publier pour le marché local et même à exporter et l'espoir doit venir de leur côté pour combler le gap qui existe ».

Par ailleurs, les obstacles tarifaires et non tarifaires (notamment les droits de douane) représentent ils à un frein à l'exportation du livre tunisien ? « Pas du tout »répond il. «Tous les pays du monde encouragent l'importation du livre. Les droits de douane sont par conséquent nuls et le livre tunisien ne trouve aucun obstacle de ce type sur son chemin». Avis partagé par Karim Ben Smaïl.
Il apparaît néanmoins qu'il existe un créneau certain pour les livres scolaires tunisiens à l'exportation surtout sur les pays africains, puisqu'en 2004, un peu plus de la moitié des ventes totales de la Tunisie du Chapitre 49 ont été affectées aux marchés de la Guinée équatoriale et du Burkina Faso; quels seraient à son avis les facteurs de compétitivité de la Tunisie pour ce produit?
« Je suis, affirme-t-il, le premier exportateur de livres en Tunisie et les pays de l'Afrique subsaharienne que vous avez cités ont absorbé mes produits l'année dernière. Mais je vous informe que j'ai l'intention de renforcer encore plus ma présence dans ces pays. Avec les nouvelles opportunités ouvertes par le financement du FAMEX, je projette d'y installer des succursales et même de rechercher des nouvelles formules de partenariat avec les instances publiques et privées. J'estime en effet, qu'il est anormal pour un africain de continuer à consommer des ouvrages scolaires en provenance des pays occidentaux comme la France ou la Belgique. Il est plus intelligent de dispenser un enseignement conforme à la culture locale et pour cela il faudrait solliciter les nombreux auteurs et universitaires locaux pour contribuer à la réalisation de supports de type. Je sais que les imprimeries africaines ne sont pas intégrées et accusent un retard au niveau technologigue. C'est pourquoi, je pense que mon imprimerie en sous traitant les ouvrages scolaires reproduira en quelque sorte notre propre expérience en matière d'acquisition d'une autonomie en matière de contenu d'enseignement à dispenser aux élèves, sans compter que le coût de ces ouvrages sera inférieur à celui des livres scolaires importés et je suis sûr que cette idée trouvera un encouragement auprès des gouvernements des institutions en Afrique subsaharienne car elle permet d'avancer encore plus vers l'idée d'indépendance culturelle et d'intégration du continent » .

Qu'en est il des commandes pour l'année 2005 sur le Sénégal et la Mauritanie en ce qui concerne le livre scolaire ? « Ce sont des marchés également très intéressant sur lesquels je travaille et dans lesquels des importateurs ont passé des commandes cette année. Par conséquent les chiffres des ventes du chapitre 49 en 2005 ont accusé une baisse par rapport à ceux de 2004, mais la réalisation des ventes correspondant à des commandes à la fin de l'année, permettra de rattraper ce retard ».
Que pense en outre Samir Graba de la nouvelle technique adoptée par les libraires tunisiennes en ligne qui développent des sites WEB de vente ou de promotion du livre littéraire scientifique en ligne : « C'est une bonne technique et j'ai moi même acquis quelques livres universitaire par ce biais avec le e-Dinar. Je ne peux donc que l'encourager. D'ailleurs avec le temps, et une fois les sites tunisiens réunis et répertoriés par les grands moteurs de recherche, l'Internet deviendra aussi un bon moyen pour exporter le livre tunisien et générer des revenus en devises ».

Karim Ben Smaïl abonde dans le même sens: « C'est une bonne chose, et ma maison d'édition s'est déjà positionnée sur le créneau a déjà elle aussi fait son introduction dans ce marché, et même plus car les autres sites servent davantage à informer sur le livre, or nous avons un programme de ventes en ligne relativement ambitieux et qui vise à terme l'export. En fait, quand il s'agit de distribuer en Tunisie, je pense que le problème ne se pose pas vraiment. Par contre quand il s'agit d'exporter, les choses deviennent plus compliquées compte tenu du coût de l'acheminement du courrier jusqu'à la destination finale. Le prix d'un livre peut doubler juste en raison des répercussions de ce facteur.

Enfin les deux professionnels pensent-ils que le Ministère de la Culture a un rôle dans l'exportation du livre et si oui l'exerce-t-il effectivement à l'état présent ? En tout état de cause qu'attendent-ils de lui ?
S. Graba pense que le ministère de la culture a un grand rôle à jouer dans la promotion du livre tunisien : il fait actuellement un effort méritoire matérialisé par l'existence d'une commission d'achat susceptible d'acquérir un quota pour les maisons de jeunes, les bibliothèques publiques, les cadeaux offerts aux personnalités ; etc ...pour aider les auteurs et les éditeurs. Il procède aussi à un dégrèvement sur l'importation du papier que cela soit indirectement de la part de l'éditeur ou de la part de l'imprimeur». Mais il peut faire selon lui beaucoup plus. «le financement direct est toujours source d'ambiguïtés et de contestation. Je suis adepte du proverbe chinois qui dit qu'il ne faut pas offrir à quelqu'un du poisson mais qu'il vaut mieux lui apprendre à pêcher. Ce que pourrait faire par exemple le Ministère c'est la création d'un fonds culturel pour financer le recours à des compétences techniques pour la réalisation d'oeuvres de fiction par exemple. La réussite du Best Seller Da Vinci Code est le résultat du concours et de la contribution d'une pléiade d'historiens et de chercheurs qui ont donné aux évènements qu'il décrit un semblant d'authenticité. La véracité du déroulement des faits auquel il fait référence (Prieuré de Sion, Opus Dei, Graal, ...etc. ) était contestable mais juridiquement inattaquable car il ne s'agit que d'une interprétation de la vie de Jésus même si elle est fantaisiste. Le concours d'experts est toujours utile à la réalisation de l'oeuvre littéraire et il est tout à fait légitime que ces derniers demandent la rémunération des efforts qu'ils effectuent pour mener leurs recherches techniques à bonne fin. C'est pourquoi la création de ce fonds et d'autre mesures de même portée pourrait le pousser à se regrouper et à créer de sociétés de services artistiques ».

Pour K. Ben Smaïl « Le Ministère de la Culture fait déjà beaucoup d'efforts au niveau de l'encouragement de la création littéraire. Il existe aussi beaucoup d'idées en gestation pour promouvoir le livre tunisien. Pour faire connaître la Tunisie et la promouvoir à l'étranger, il existe des excellents ambassadeurs : le Foot, bien sûr, et aussi le livre. On commence à comprendre l'importance de ce dernier en tant que moyen de diffuser notre culture et notre civilisation au delà de nos frontière. Pourquoi en effet ne pas offrir à un important hôte étranger ou à des partenaires commerciaux lors d'une mission ou d'une foire, un livre au lieu de gâteaux ou d'un article d'artisanat (l'un n'empêche pas l'autre)? Par ailleurs des prix littéraires comme ceux délivrés par la COMAR sont une excellente formule qu'il s'agit d'encourager et de généraliser au grand profit de la promotion du livre tunisien ».
Des perspectives donc mais aussi un grand chantier qui exige beaucoup de persévérance ....

Evolution de la balance commerciale du CH 49 (Livres) 8 M 2004/2005
Période
8 M 2004
8 M 2005
EV%
IMPORT 49
27158007
28649292
5,49
EXPORT 49
3546853
1848123
47,89
SOLDE
23611154
26801169
13,51
TC%
13,06
6,45
6,61
Source DOTI


Hatem Karoui
(La Tunisie-Economique
Novembre-Décembre 2005)


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