Pour une superficie exploitable de 38.000 hectares, la Tunisie produit en moyenne entre 300.000 et 350.000 hectolitres de vin par an. Le tiers de cette production est destiné à l'exportation. Au vu de ces chiffres et quand on sait que les premières plantations de vignes en Tunisie remontent à la période punique et que les Carthaginois furent les premiers à faire des études scientifiques sur la viticulture et l'oenologie trois siècles avant J.C, il y a lieu de s'interroger si l'on n'est pas en train de sous-exploiter notre richesse nationale. A titre comparatif, le Maroc n'a que 11.000 hectares de superficie exploitable et produit pourtant 400.000 hectolitres par an. Bien que le marché international se caractérise actuellement par un excédent de l'ordre de 50 millions d'hectolitres, il est permis de dire que cela ne doit pas nous freiner vu que la qualité de notre vin est mondialement reconnue. D'ailleurs, nos vins ont décroché en février dernier quatre médailles (dont deux en or) lors des 12ème Vinalies internationales tenues à Paris. Plus de 66% des bouteilles de vin proviennent de l'UCCV (Union centrale des coopératives viticoles) qui regroupe 1500 viticulteurs. Pour booster ce secteur, l'UCCV a investi quelque 20 millions de dinars pour améliorer le processus de production et de conditionnement, selon les propos de son DG, M. Belgacem Dekhili, dans une interview accordée à notre confrère L'Economiste Maghrébin. Et comme l'indique le directeur général, dans cette même interview, nous avons en Tunisie la tradition, le terroir et le savoir-faire, et notre pays a le potentiel énorme en matière d'élaboration des produits de grande qualité. Ce qui témoigne encore davantage de cette grande qualité, ce sont les sept appellations d'origine contrôlée que nous avons et qui représentent 70% des produits commercialisés dont 20% bénéficient d'une mention 1er prix. Il faut donc profiter de ce potentiel, augmenter notre production et exporter nos produits, ce qui générera des emplois et des devises. Pour le moment, et selon les données de l'UCCV, les exportations annuelles en vrac ou en bouteille se font essentiellement vers l'Allemagne et la France. Si on exporte également quelques quantités vers d'autres pays (Suisse, Belgique, Etats-Unis, Canada et certains pays de l'Europe de l'Est), il est impératif de prospecter d'autres contrées. «Face à une concurrence internationale de plus en plus accrue, il n'y a plus d'autre choix que de fourbir les armes pour imprégner sa marque sur le marché et ce via un perfectionnement de l'offre auquel s'ajoutent des actions de promotion et de communication ciblées», indique M. Dekhili dans cette interview. En ce qui concerne le perfectionnement, il semble que les vins tunisiens soient sur la meilleure voie. En ce qui concerne la communication, il est évident qu'il existe quelques problèmes vu que la législation tunisienne interdit toute publicité de produits alcoolisés. Or, comment peut-on faire valoir un produit à l'étranger s'il est méconnu dans son propre pays ? En France, on fait tout un tapage autour des différents Bordeaux et Beaujolais nouveau. Cela va des différents journaux télévisés (13 heures et 20 heures) aux grands restaurants en passant par les articles de presse, les insertions publicitaires et les actions promotionnelles dans les gargotes et restos d'hôtels. Afin de pouvoir promouvoir notre production de vins, il nous semble impératif que l'UCCV communique sur ses produits en Tunisie et à l'étranger et que le législateur offre cette possibilité puisqu'il y va de l'intérêt national et d'une tradition trois fois millénaire. L'Histoire en témoigne. R.B.H.