Un outil pour améliorer la visibilité et la rentabilité du secteur Par AbouSarra
On le dira jamais assez : la Tunisie a une vocation essentiellement agricole. N'en déplaise à certains «économicistes» partisans du tout tertiaire ! Au regard de l'évolution du monde, l'agriculture est appelée à remporter, probablement dans le futur, tous les arbitrages futurs et demeurera un secteur hautement stratégique pour deux raisons majeures. Ce secteur a reçu pour mission d'assurer la sécurité alimentaire du pays et d'optimiser la valorisation, à l'export, de cinq produits biologiques qui n'ont cessé depuis des siècles, de forcer le goût de la clientèle étrangère. Il s'agit de l'huile d'olive développée au Sahel, des céréales au nord-ouest, du vin au nord-est, des dattes au sud et des agrumes au Cap Bon. D'autres produits, telles que la tomate, la pomme de terre et les huiles essentielles, ont de beaux jours devant eux. Mention spéciale pour le vin. Ce breuvage magique vient de retrouver sa réputation d'antan. Exporté en vrac, depuis plus de trois décennies, d'une façon anonyme, comme boisson basique pour le coupage, ce vin a décroché, cette année, à Paris, quatre médailles dont deux en or et deux en argent, à l'occasion de la 12ème édition des Vinalies internationales. Il s'agit de toute évidence d'un gage de reconnaissance internationale pour un savoir-faire et une qualité, enfin, retrouvés. Les autorités agricoles sont conscientes de tous ces enjeux et multiplient les réformes et stratégies pour exploiter au mieux le potentiel agricole. Néanmoins, on est en droit de remarquer, au passage, que cette prise de conscience est assez tardive. Elle a pris beaucoup de temps et en dépit des efforts, les résultats sont toujours en deçà des espoirs escomptés. Par delà cette prise de conscience et stratégies porteuses, les réformes se poursuivent, et c'est l'essentiel. L'évènement agricole a été créé, de toute évidence, au mois de juillet 2006, par l'entrée en vigueur de la première carte agricole régionale, celle du gouvernorat de Siliana, composante de la carte agricole nationale.. Dorénavant, la visibilité des opportunités d'investissement dans le secteur agricole et dans la valorisation des produits bio précités sera meilleure, et ce, à la faveur de cette carte. Il s'agit d'un outil d'aide à la décision pour la planification du développement agricole régional, la gestion durable des ressources naturelles et l'aménagement de l'espace rural. En plus clair encore, cette carte permettra, à travers la banque de données actualisées qu'elle offre sur les spécificités naturelles et de production de chaque région, d'orienter agriculteurs et investisseurs vers les activités les plus rentables (à haute valeur ajoutée) et les mieux adaptées aux caractéristiques de chaque région du pays. Cette carte est en fait un ensemble de plusieurs cartes spécialisées, voire plus pointues : carte de base (environnement général), carte de l'usage actuel des terres agricoles (qualité du sol et de la production), carte des plantations recommandées, carte des capacités concurrentielles (positionnement stratégique de chaque produit agricole). La carte sera hébergée dans des sites Web et des portails Internet grâce au recours aux nouvelles technologies de pointe telles que la télédétection. Le premier site Web pilote a été mis en service, fin juillet 2006. Il concerne la carte agricole de la région céréalière de Siliana (nord-ouest de Tunisie). De manière plus précise, cette carte fournit des informations sur la superficie agricole, spécificités de production, ouvrages et ressources hydrauliques, réseaux routiers et ferroviaires, périmètres irrigués, caractéristiques du sol et du climat, urbanisation, proximité des marchés, structures d'appui au développement agricole Qu'en pensent les agriculteurs ? Le président de leur corporation, l'Union tunisienne des agriculteurs et de la pêche (UTAP), Mabrouk El Bahri, a estimé dans une récente déclaration à la presse que «le problème que connaît le secteur agricole ne réside aucunement dans l'insuffisance des études et des réformes mais dans l'organisation du secteur et dans l'application de ces stratégies». Il a déploré le coût encore trop élevé de la production agricole et la tendance des banques à considérer encore «l'agriculture comme un secteur aléatoire». C'est pour dire que rien n'est encore gagné dans ce secteur et que toutes les parties concernées ont encore du pain sur la planche.