Comme nous le disions la semaine dernière, la formule de la ristourne sur le contenu des sites web fait couler beaucoup d'encre avant même son application. Mme Fériel Béji, PDG de l'Agence tunisienne de l'Internet (ATI) a bien voulu répondre à nos questions et aux interrogations de nos lecteurs au cours d'un entretien où tout ce qui est relatif au sujet de la ristourne a été abordé. Les conditions pour bénéficier de la ristourne ont déjà été expliqués dans un précédent article. Restent les interrogations relatives à un nombre de points dont la nature des sites qui vont en bénéficier, l'origine des connexions, le pourquoi des 30% fixés, etc. Rappelons au passage que Mme Béji n'a cessé, depuis 2001, d'appeler et d'encourager (comme le témoignent certaines interviews datant de cette période) pour trouver des solutions afin d'appliquer cette formule inédite dans le monde. Selon elle, l'encouragement de la création du contenu est nécessaire pour le développement du web tunisien. Un web qui n'est pas freiné par les prix comme le disent certains, mais par l'absence d'un contenu encourageant le citoyen à se connecter et à s'intéresser à l'Internet. Pour prouver ses dires, Mme Béji rappelle le nombre record de connexions lors des résultats du bac par exemple. « Autrement dit, la décision du Président Zine El Abidine Ben Ali, le 7 Novembre dernier à l'occasion du XVIème anniversaire du Changement, a été plus que la bienvenue pour booster le contenu du net tunisien » rappelle-t-elle. Cela dit, plusieurs points restent en suspens puisque nombre de sites ne seront pas concernés par la mesure. La ristourne ne concernant que les sites éducatifs, culturels, scientifiques ou liés au développement économique.
Un portail, un site touristique, un journal n'entrent donc pas dans l'une de ces catégories ? «Ils entrent et pourraient prétendre à la ristourne, dément Fériel Béji, tant qu'il ne s'agit pas de sites qui a d'autres rentrées d'argent»
Peut-on dire que les sites commerciaux sont exclus ? « Non, je ne peux pas le dire » nous répond-elle rappelant qu'une commission est mise en place au ministère des Technologies de la Communication et du transport et que c'est à cette commission de se prononcer sur les sites qui ont ou non le droit de bénéficier de cette ristourne. Ceci clôt, provisoirement, une polémique. Cela dit, Mme Béji précise que les principaux visés sont entre autres les étudiants et autres enseignants universitaires capables de fournir un contenu riche, mais qui n'ont pas les moyens de développer un site, de l'héberger et, surtout, de le mettre à jour. Pour eux, Mme Béji offre gratuitement l'hébergement. « Qu'il y ait des sites seulement ! » D'ailleurs, elle ne manque pas d'inviter tous ceux qui ont de bonnes idées à les mettre en place et ils trouveront toute l'aide dont ils ont besoin de la part de l'ATI. Peut-on avoir un meilleur encouragement. Concernant l'origine des visites, il est question d'exclure celles provenant de l'étranger, des lignes spécialisés et de l'ADSL. Mme Béji précise à ce propos qu'il ne s'agit là que d'une première étape. La politique actuelle de l'Etat est d'encourager les technologies de l'information et il est donc naturel que d'ici quelques mois (juin normalement) l'ADSL commencera à être généralisé pour les familles et le grand public. A cette étape, il y aura une formule permettant d'inclure le haut débit dans le décompte des visites et la ristourne.
Concernant les 30%, il faut avouer qu'il y a eu un grand effort de la part de l'ATI, du ministère de tutelle et de Tunisie Télécom vu qu'on hésitait à appliquer la politique de palier (comme pour les ristournes au profit des FSI) où ceux qui reçoivent le plus de visites ont un pourcentage de ristourne plus élevé que ceux qui en ont moins. Finalement, on s'est mis d'accord, dans l'intérêt du citoyen, à ce qu'on offre à tout le monde 30%. Ce pourcentage fera-t-il vivre le site ? « Vivre ? Non, car cette ristourne n'est pas faite pour cela, mais pour booster le contenu et non pour faire vivre ! » tranche Mme Béji qui rappelle que toutes les décisions annoncées sont le fruit de concertations et ont fait l'objet de plusieurs réunions présidées par M. Sadok Rabeh, ministre des Technologies de la Communication et du Transport. Mme Béji rappelle encore une fois qu'aussi bien elle que le ministère sont là pour encourager le contenu sur le web et toute initiative bonne pour l'Internet tunisien.