Si rien n'est fait, la Tunisie va connaître, aux horizons 2030 et 2060, des phénomènes climatiques extrêmes, voire plus de sécheresse, plus d'inondations et plus de vents. Concrètement, les changements climatiques se traduiront pour la Tunisie par une augmentation de la température moyenne annuelle, une baisse modérée des précipitations et une variabilité accrue du climat. En particulier, les phénomènes extrêmes (sécheresses, inondations, vents) augmenteront en fréquence et en intensité, les années très sèches devant se succéder plus souvent à l'avenir. Au surplus, le niveau de la mer va augmenter. La hausse du niveau de la mer aura, particulièrement, des conséquences sur le littoral, les réserves d'eau potable, les zones humides côtières et les eaux souterraines adjacentes, en particulier par l'augmentation de leur salinité. Au niveau des régions, les clignotants sont rouges pour le sud du pays qui pâtira le plus du réchauffement du climat. Dans cette région, les températures annuelles seront en hausse, les précipitations diminueront et les années sèches seront plus fréquentes. Pour le centre et le nord, les clignotants seront respectivement jaunes et verts. Les symptômes seront les mêmes : baisse des précipitations, plus de sécheresse et élévation de températures. Les modifications du climat auront, également, de sérieuses conséquences sur les ressources en eau, les écosystèmes, les agrosystèmes (production oléicole, arboriculture, élevage, grandes cultures), l'économie du pays et la société tunisienne. Les changements climatiques vont augmenter la pression économique pesant déjà sur la population agricole et ses exploitations. Certaines activités agricoles, voire des exploitations compétitives, pourraient ne pas survivre aux extrêmes climatiques. S'agissant des ressources en eau, les nappes phréatiques, littorales, aquifères non renouvelables, diminueront de 28% en 2030, les eaux de surface baisseront de 5% au même horizon, la diminution des précipitations estivales augmentera le manque hydrique du sol. Concernant les écosystèmes, le risque de grands incendies s'accroît au nord. Une dégradation du sol et des ressources naturelles est également prévisible. Les agrosystèmes (cultures irriguées, élevage et cultures oasiennes) souffriront à leur tour de ce changement de climat. La production oléicole et l'arboriculture en sec accuseront, en période de sécheresse, une baisse de 50%, l'équivalent de 800.000 ha pour l'arboriculture non irriguée. En période de pluviométrie favorable, ces deux activités augmenteront de 20%. Au cours des deux périodes, l'élevage s'en ressentira. Le cheptel (bovins, ovins et caprins) baissera jusqu'à 80% au centre et au sud et de quelque 20% au nord. Durant les années de pluviométrie favorable, l'élevage bénéficiera d'une hausse de rendement à concurrence de 10%. Au chapitre de la céréaliculture, les superficies céréalières du centre et du sud connaîtront, durant des années de sécheresse successives, une baisse de 200.000 hectares. En cas d'inondations, des baisses de la production céréalière, en irrigué, risquent d'occasionner 13% de pertes aux proches horizons de 2016 et 2030. Durant les années à pluviométrie favorable, les cultures pluviales (céréales) bénéficieront d'une augmentation de rendement pouvant dépasser les 20%. A suivre