La transparence, la fluidité et l'efficacité des circuits commerciaux sont rien de moins que la clef d'un développement durable, annonciateur d'une prospérité future. Les pionniers du high-tech dans le pays, gardiens du commerce de gros et interlocuteurs privilégiés des grandes marques internationales, doivent à tout prix se soucier de la pérennité de tous les segments d'un marché prometteur, en intégrant, dans leur démarche commerciale, une dimension sociale, seule à même d'éviter au secteur de l'informatique les errements du monopole et de la saturation. Les revendeurs, quel avenir ?
Au début des années quatre vingt dix, les nouvelles technologies de l'information faisaient leur apparition dans le pays, ouvrant ainsi des perspectives prometteuses pour les décideurs informaticiens et les développeurs de l'économie immatérielle. Le « hardware » (P.C, imprimantes, périphériques ) envahit des pans entiers du réseau productif national, ce qui a amené les pouvoirs publics à structurer un secteur en plein essor avec la création d'un secrétariat d'Etat, appelé à légiférer et à organiser les relations entre toutes les parties prenantes de l'acte commercial.
«Le commerce de gros et de détail traverse actuellement une période de défiance et de crise», assure l'un des premiers revendeurs de matériel high-tech dans la capitale, qui dénonce la concurrence déloyale de certains grossistes, coupables à ses yeux, de jouer les détaillants, pénalisant ainsi toute une chaîne de petites entreprises, pourvoyeuses potentielles d'emplois et socle sociale indispensable à l'économie du savoir.
Des baronnies du secteur, insiste notre interlocuteur, copropriétaires de plusieurs succursales spécialisées dans le hardware, n'hésitent pas à lancer des promotions tout au long de l'année, à fidéliser la clientèle finale, ce qui est de nature à déstructurer le circuit commercial habituel et à décrédibiliser les lois en vigueur. Les vrais perdants, dans cette spirale irrépressible, déplore notre vis-à-vis, sont les « managers-juniors », diplômés prestigieux et animateurs incontestés de l'économie numérique future, qui s'estiment lésés et souvent exclus d'un marché, porteur d'avenir et favorisant, par essence, l'émulation et la compétence.
Les pouvoirs publics à la rescousse
Un membre de la chambre syndicale des sociétés d'informatique, rencontré lors des journées « open days Microsoft », juge la colère des revendeurs injustifiée, refuse le procès des représentants du commerce de gros et conseille plutôt les promoteurs des petites entreprises high-tech de se spécialiser en formant leur personnel dans les activités de la maintenance et de l'accompagnement pour tirer le meilleur partie des nouvelles technologies.
«Initialement voués à la vente exclusive, les succursales du détail, pour faire face à la pression de la concurrence, doivent réorienter leurs stratégies commerciales en anticipant les besoins d'une clientèle, avide d'expertise et d'interopérabilité, juge notre interlocuteur qui insiste sur la volonté des pouvoirs publics d'assainir le secteur, de favoriser, à travers des cahiers de charges et des textes juridiques précis, une saine émulation entre les différents acteurs et décideurs informaticiens.
«Les positions dominantes constituent un frein aux lois de la libre concurrence, explique un jeune promoteur, présent pendant les sessions «d'open days», et l'Etat, dit-il, se doit d'épauler la chaîne des revendeurs en facilitant l'accès aux crédits, en accentuant les mesures de contrôle afin d'atténuer les effets néfastes des tendances monopolistiques sur un marché émergeant où l'employabilité dépend de la capacité de survie des petites et moyennes entreprises, confrontées aux dures réalités de concurrents sans scrupules .
Le SIB, à la croisée des chemins
A l'instar des éditions précédentes, le salon de l'informatique et de la bureautique de cette année a attiré tous les férus des nouvelles technologies high-tech. Seulement, les professionnels ne s'attendaient pas à voir l'image de leur foire annuelle péricliter aux yeux d'un grand nombre de clients potentiels qui se sont élevés contre les conditions constatées tout au long d'une manifestation, supposée avant-gardiste dans son fonctionnement et ses objectifs.
«Malheureusement, nous dit un habitué des lieux, le SIB 2007 s'est transformé en un gigantesque souk, comparé volontiers à celui de Moncef Bey, insiste notre interlocuteur qui s'indigne de l'incompétence de certains exposants, et de l'absence des grandes marques internationales. De l'avis de beaucoup d'observateurs avertis, la teneur du dernier salon de l'informatique et de la bureautique reflète la situation d'un secteur à la recherche d'une éthique collective et d'un sursaut salutaire des gens du métier.