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M. Serge Degallaix : ‘'En matière de concurrence et d'attractivité, la France et la Tunisie ont beaucoup à gagner à travailler ensemble'' (2ème partie)
Publié dans WMC actualités le 11 - 03 - 2008

Propos recueillis par Hechmi AMMAR et Tallel BAHOURY

M. Serge Degallaix, ambassadeur de France en Tunisie, nous a récemment reçus à la chancellerie. Au cours de l'entretien, le représentant de la France en Tunisie a évoqué plusieurs questions ayant trait aux relations bilatérales entre la France et la Tunisie, les relations économiques, les relations avec l'UE, et le projet de l'Union pour la Méditerranée.

Compte tenu de l'importance des réponses apportées par le diplomate français, nous avons jugé nécessaire de publier cette interview en trois parties : la première s'intitulera ‘'Tour d'horizon des relations bilatérales'', la seconde ‘'Gros plan sur les relations économiques'' et la troisième ‘' Relations avec l'UE, Union pour la Méditerranée''.


Deuxième partie : Gros plan sur les relations économiques

Maintenant sur le plan économique, je voudrais revenir sur le phénomène observé au cours des dernières années, à savoir la balance commerciale entre les deux pays au profit de la Tunisie. Comment la France compte-t-elle rééquilibrer ses échanges avec la Tunisie ?

Vous avez raison de le souligner, depuis 2005, nous avons des échanges qui se traduisent par des importations en provenance de la Tunisie plus importantes que nos exportations. En 2007, le chiffre est loin d'être négligeable puisqu'il représente plus d'un milliard de dinars d'excédent commercial tunisien. Ceci s'explique par différentes raisons. La première, c'est le fait que la Tunisie a su diversifier ses produits d'exportation, autrefois dominés par le textile et maintenant par la mécanique et l'électrique. Cela correspond à des besoins de la France, je tiens à le signaler.

Cela renvoie au fait que nous comptons plus de 1.200 entreprises françaises en Tunisie, ce qui représente près de 40% des entreprises étrangères installées en Tunisie. Cela fait qu'une bonne partie de la production est fabriquée en Tunisie pour ensuite être acheminée vers la France en ayant incorporé de la valeur ajoutée tunisienne. C'est un phénomène qui se développe puisque, si nous regardons les statistiques de l'année 2007, ce sont 170 entreprises françaises qui se sont créées ou qui ont étendu leurs activités en Tunisie.

La deuxième raison, c'est la concurrence des autres partenaires de la Tunisie, comme la Chine qui reste encore un partenaire quantitativement mineur mais qui connaît une croissance assez régulière et forte.

Le troisième élément, c'est naturellement le poids des produits énergétiques et des matières premières sur la balance extérieure de la Tunisie. La France possède, certes, des industries pétrolières, mais nous ne sommes pas fournisseurs de pétrole.

Mais ce que je voudrais dire, c'est que malgré cette évolution, nous demeurons le premier partenaire de la Tunisie, que ce soit comme client ou comme fournisseur, et qu'il faut situer les soldes des échanges entre la France et la Tunisie dans un cadre mondial. Le fait que nous achetions plus à la Tunisie veut dire que votre pays démontre sa compétitivité par rapport à d'autres zones géographiques qui fournissent des produits à la France. Vous savez, nos destins sont liés comme l'on dit, et cette vitalité de l'économie tunisienne est un signal positif.

Est-ce que cet excédent va s'aggraver au cours des prochaines années ?

On ne peut pas prédire ce qui va advenir, mais on peut voir que cet excédent tunisien fluctue d'une année sur l'autre : 165 millions d'euros en 2005, 85 millions d'euros en 2006, 594 millions d'euros en 2007.

Donc il n'y a pas de tendance…

Si, quand même, il y a une tendance. Notre solde reste négatif durant ces trois dernières années, mais je pense que, compte tenu des dossiers en cours avec la Tunisie, nous avons toujours la ‘'matière première'' pour alimenter le commerce à un niveau supérieur. Par ailleurs, il appartient à nos entrepreneurs et à nos dispositifs administratifs et financiers d'apporter le soutien adéquat pour répondre à une demande tunisienne qui évolue, avec des activités économiques plus diversifiées et à plus haute valeur ajoutée.

Mais au regard des exportations françaises en provenance de la Tunisie, est-ce que cette balance commerciale excédentaire au profit de la Tunisie ne serait pas due aux entreprises françaises installées ici ?

C'est vrai en partie car nous achetons également à des entreprises tunisiennes ou tierces installées en Tunisie. Mais avec le régime off shore, nous venons nous implanter en Tunisie et nous rachetons des produits qui incorporent la valeur ajoutée tunisienne. Si vous regardez les statistiques pour les années antérieures à 2005-2006, vous constaterez que les produits textiles, par exemple, c'est à la fois notre premier produit d'importation et notre premier produit d'exportation avec la Tunisie. Je pense que c'était bénéfique aux deux pays parce que nous sommes capables de vendre à la Tunisie des produits qui nous reviennent avec la valeur ajoutée tunisienne et qui nous permettent de rester compétitifs sur le marché mondial. Cela se substitue à des produits finis en provenance d'autres zones qui n'ont pas forcément de valeur ajoutée française et qui arrivent chez le consommateur final, en France.

Plusieurs manifestations d'envergure sont prévues au cours cette année 2008 : notamment la visite du président Sarkozy, Med-Allia, le Forum Euromed Capital… S'agit-il d'un regain d'intérêt de la France pour la Tunisie ?

(Rire). Je pense que l'intérêt de la France pour la Tunisie n'a pas faibli…

Alors c'est une nouvelle dynamique qui se met en place…

Oui, c'est la dynamique qui s'entretient. Mais là nous avons, pour la visite du président de la République, un grand moment dans la relation entre nos deux pays je rappelais il y a quelques instants la venue du président Chirac en décembre 2003, donc ça fait quelques petites années après…

Nous avons également le souci et ça correspond au projet d'Union pour la Méditerranée- de densifier les relations euroméditerranéennes, qu'elles soient Nord-Sud ou Sud-Sud.

Vous avez signalé Med-Allia, les 31 mars, 1er et 2 avril 2008. Il s'agit effectivement d'une manifestation qui va réunir des centaines de petites et moyennes entreprises du Maghreb, d'Egypte et de Jordanie, et les PME françaises plus de 450 entreprises se sont déjà inscrites alors que nous sommes à plus d'un mois de la date de la manifestation.

Avec le Forum Euromed Capital des 24 et 25 avril, nous attendons quelque 500 entreprises, cette fois-ci de l'ensemble des pays du Bassin méditerranéen, du Golfe, ainsi que d'Europe du Nord. Vous savez qu'il y a d'importants capitaux qui circulent dans le monde, et l'intérêt des détenteurs de ces capitaux des pays du Sud méditerranéen comme des pays du Nord c'est de faire que ces capitaux trouvent les emplois les plus productifs et les plus utiles qui soient…

Donc, il y a cette conjonction, mais aussi cette dynamique qui est en train de se recréer autour de la Méditerranée, après dix ans de Barcelone… C'est dire que là on est reparti pour une nouvelle dynamique, un nouvel élan pour la Méditerranée.

Le Canada et la Société tunisienne d'électricité et du gaz ont récemment organisé un séminaire sur les compétences canadiennes en matière de l'électronucléaire. Qu'en est-il de la coopération en matière de technologies nucléaires entre la Tunisie et la France ?

Ce qu'il faut voir, c'est que nous avons des relations anciennes dans ce domaine entre la France et la Tunisie. Nous avons un accord dans le domaine de la recherche, de la formation et de l'usage civil du nucléaire comme dans l'agriculture ou la santé. Cet accord a été renouvelé en décembre 2006 entre le ministre de la Recherche de l'époque et notre Commissariat à l'énergie atomique.

S'agissant de l'électronucléaire, c'est une nouvelle dimension quant aux usages civils du nucléaire en Tunisie. Nous avons des contacts suivis sur ce dossier. Il est tout à fait naturel que la Tunisie s'informe et regarde ce qui se fait dans ce secteur auprès des pays qui en possèdent la technologie. Les Canadiens ont une industrie et un savoir-faire dans ce domaine, comme d'autres pays. Pour notre part, nous sommes prêts à accompagner la Tunisie dans ce domaine. Mais il faut distinguer deux étapes : il y a l'étape préparatoire indispensable- où on met en place le cadre juridique, législatif, réglementaire, des institutions et des équipes formées pour assurer la bonne gestion de l'électronucléaire ; et puis il y a la partie industrielle et commerciale qui vient par la suite, plus tard.

Est-ce qu'on s'attend à ce qu'il y ait la signature de contrats dans ce sens là lors de la visite du président Sarkozy en Tunisie ?

Les contrats, ce serait un peu prématuré parce que le raccordement au réseau d'une centrale électronucléaire est annoncé pour 2020. Nous avons 12 ans devant nous, surtout qu'il y a tout l'aspect immatériel à mettre en place auparavant ; donc c'est trop tôt pour qu'il y ait des contrats. Mais on a un cadre de coopération qui est là, et on verra comment il va s'adapter à cette nouvelle donne.

Alors dans quels domaines pourrait-il y avoir signature de contrat lors de la visite du président Sarkozy, on parle notamment des transports, de l'énergie… ?

Ce sont des affaires qui dépendent essentiellement des négociations entre les entreprises. Vous savez que Alstom a remporté un appel d'offres dans le transport ferroviaire. Il n'est pas non plus un secret que, en matière de transport aérien, Tunisair est en négociation avec des fournisseurs possibles. Il y a également la centrale électrique de Ghannouch… Il s'agit donc d'affaires dont on peut penser que certaines déboucheront sur des contrats d'ici l'arrivée du président de la République. Mais on est encore à plusieurs semaines de cette visite et, comme je l'ai dit tout à l'heure, cela relève des négociations commerciales entre client et fournisseur.

En revanche, il y a des choses qui relèvent des pouvoirs publics, notamment en matière de formation professionnelle, d'éducation, d'échange d'expériences professionnelles, de développement durable, et nous devrions bénéficier d'un nouvel élan dans ce domaine à l'occasion de cette visite.

Revenons un peu sur les entreprises françaises installées en Tunisie. Comment jugent-elles le climat des affaires en Tunisie ?

Je crois qu'il y a une présentation qui a été faite il n'y a pas si longtemps par M. Fouad Lakhoua, président de la Chambre tuniso-française de commerce et d'industrie, sur le sentiment des entreprises françaises ou tuniso-françaises en Tunisie ; d'autres rapports dont celui de la Coface, du CIAN ont également été publiés. Le sentiment général est très favorable. D'ailleurs, l'année dernière nous avons eu 171 nouvelles implantations ou extensions d'entreprises françaises en Tunisie, c'est pratiquement une entreprise tous les deux jours qui naît ou qui grandit. Bien sûr, ici comme ailleurs, il y a des secteurs où il faut progresser pour renforcer l'attractivité du site, notamment tout ce qui a trait à la logistique logistique matérielle et administrative cela s'entend. Comme vous le savez, il y a eu dernièrement une encontre entre le CJD et la douane ; la compétition internationale fait qu'une marchandise bloquée dans le port pendant des jours coûte de l'argent ; on pratique aujourd'hui les flux tendus ; avoir une administration qui permet d'accélérer au lieu de freiner c'est quelque chose d'important… Ce sont des points à améliorer, mais le jugement général des entreprises françaises en Tunisie est favorable. La Tunisie est bien placée au plan international mais elle vise à l'excellence et il nous faut la soutenir.

On assiste à un renforcement de la présence des banques françaises en Tunisie, Paribas, Société Générale, Caisse d'Epargne… Quel rôle peuvent-elles jouer dans le renforcement et le développement des échanges entre la Tunisie et la France ?

Je pense qu'elles peuvent jouer un grand rôle, parce que les banques c'est à la fois des financements mais aussi des réseaux d'entreprises. Quand vous avez une grande banque française, ou autre d'ailleurs, qui est installée en France et en Tunisie et dans d'autres pays, sa tâche c'est naturellement de chercher de l'information susceptible d'intéresser ses clients et de mobiliser les entreprises autour de projets à financer. Finalement, la banque contribue au renforcement de ce réseau. Donc, on voit bien qu'elles sont une des clés du succès des affaires.

Un autre point, c'est le financement. On voit par exemple avec l'arrivée, la dernière en date, du Groupe de la Caisse d'Epargne, que s'exprime une volonté de financer et d'innover. Ces banques apportent avec elles une expérience, un savoir-faire financier intéressant.

(A lire demain 12 mars la troisième partie : ‘'Relations avec l'UE, Union pour la Méditerranée'')


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