Pour la Banque européenne d'investissement, la Tunisie a le savoir-faire nécessaire pour réussir le développement de son secteur touristique, mais pas la clairvoyance et la force nécessaires pour cela. Peut mieux faire. C'est ce qu'on dirait si l'ont devait synthétiser l'appréciation de la situation du tourisme tunisien par le rapport de synthèse concernant la Tunisie et contenu dans une étude de la Banque Européenne d'Investissement, intitulée «Le tourisme dans les pays de la FEMIP : stratégies, politiques et propositions pour son développement à l'échelle sous-régionale», récemment rendue publique.
En effet, les auteurs du rapport final (MM.Campbell Thomson et Harald Jahn, de la Direction des Projets de la BEI, et Grontmij Carl Bro As, et Dr. H.Egel, consultants externes) sont arrivés à la conclusion que bien qu'elle «possède le savoir-faire nécessaire pour assurer le succès du développement de son secteur touristique», la Tunisie «ne semble pas avoir la clairvoyance et la force nécessaire pour sortir de la situation de blocage actuelle».
Une situation que ces experts mettent en exergue notamment en soulignant la faiblesse du taux de croissance du secteur touristique en Tunisie, en comparaison avec ceux de ses concurrents méditerranéens. En effet, alors que le taux de croissance prévisionnel annuel du tourisme tunisien pour la période 2006-2010 s'établit à 7% -soit le dernier des dix neuf pays sur lesquels l'étude de la BEI a porté-, ce secteur va croître à une cadence beaucoup plus rapide dans la plupart des autres pays méditerranéens. Champion dans ce domaine, avec 19,4%, le Maroc est suivi de la Syrie (16,3%), de la Turquie (15%), du Liban (14,9%), de l'Algérie (14,4%), d'Israël (10,7%), et de la Jordanie (10%). Seule l'Egypte enregistre un taux de croissance presque- aussi faible que celui de la Tunisie (7,5%).
Idem pour le taux de croissance annuel des arrivées de touristes et des dépenses touristiques. Avec un taux de croissance annuel de 24%, la Syrie est loin devant tous les autres pays de la région. Là aussi, la Tunisie, qui ferme la marche (5,4%), est devancée par la Jordanie (6,5%), le Maroc (8,5%), l'Algérie (11,2%), le Liban (11,7%), Israël (13,3%), l'Egypte (14,8%), et la Turquie (15,5%).
Notre pays fait un peu mieux en matière de dépenses touristiques, se classant 5ème (avec 2,193 milliards de dollars, en 2006), derrière la Turquie (18,154 milliards de dollars), l'Egypte (6,896 milliards de dollars), le Maroc (6,276 milliards de dollars), et la Syrie (2,332 milliards de dollars), mais devant la Jordanie (2,004 milliards de dollars), Israël (1,912 milliards de dollars), et l'Algérie (173 millions de dollars).
Toutefois, la Tunisie enregistre avec la Jordanie- la dépense journalière moyenne par touriste la plus faible (60 dollars), là où d'autres en sont à 75 (Egypte), 89 (Algérie), 97 (Syrie), 112 (Israël), 122 (Maroc), 199 (Turquie) et même 334 dollars (Liban).
Donc, une situation qui contraste avec la place importante que le secteur touristique occupe dans l'économie du pays, et que le rapport de synthèse de la BEI dédié à la Tunisie explique par une série de faiblesses, notamment en matière de produits, de commercialisation.
Longtemps «embourbée» dans une offre concentré sur «le tourisme balnéaire familial à prix modérés», la Tunisie a, selon la BEI, «tardé à réinvestir et à diversifier son offre ». Ensuite, notre pays, à qui cette instance reconnaît «la qualité de ses statistiques touristiques », ne fructifie pas «ce matériau de recherche de grande valeur ( ) pour améliorer la commercialisation du tourisme et le développement des produits».
Néanmoins, le bout du tunnel commence peut être à poindre à l'horizon. En effet, la BEI voit dans le tourisme «du désert» «un bon exemple de diversification» -notant au passage que le nombre de lits offerts dans ce segment a triplé et «les taux d'occupation sont en progression», au même titre que le tourisme thermal. M.M.