Depuis que j'ai repris du service, j'arpente les couloirs de l'administration, titille les copains dans l'entreprenariat «super big boss» ou encore «patron en herbe», papote avec les uns, provoque les autres, fais mon boulot de journaliste, quoi ! Je suis frappée par la lassitude générale. Tout le monde est fatigué, stressé, en baisse d'énergie, démotivé, ou à l'opposé, carrément hystérique, remonté à bloc, fougueux
A part le changement des équinoxes, le réchauffement climatique, l'agressivité ambiante, la joie des gros contrats, les vagues à l'âme des chagrins d'amour et la précarité d'une bonne santé jamais acquise, qu'est-ce qui pourrait provoquer un moral en dents de scie ?
Déjà accusé de «faire le psy de service», n'étant qu'une modeste journaliste en rodage, je me demande si le fait d'osciller ses jours, entre l'allégresse et le dynamisme et les jours sans, avec un moral au plus bas accompagné de découragements, coup de blues, est pathologique, courant ou chronique chez ceux que je rencontre ?
Passer d'un état d'excitation à un état dépressif pourrait bien être un trouble bipolaire. Rassurez-vous, nous le sommes tous d'une certaine manière !
C'est l'intensité, la durée des hauts et des bas, le fait qu'ils soient cycliques, réguliers, avec ou sans raisons particulières, qu'il faut contrôler. Dans la phase «ascendante», les émotions sont décuplées. Les tabous sautent, les énergies débordent, les idées de grandeur professionnelle s'installent. Un grand moment de prise de risque et d'hyperémotivité. Quand c'est la période creuse et vague à l'âme, c'est l'accablement, le repli sur soi, la léthargie, et le désintérêt qui priment.
Tous les âges sont concernés, avec plus de vulnérabilité chez les artistes et les décideurs qui semblent dix fois plus touchés, selon une étude faite outre mer. Le stress en est la principale cause. 30% des phases «down» apparaîtraient après un surmenage, des ennuis financiers, ou une grosse émotion. En gros, une maladie qui se soigne, mais ne comptez pas sur moi pour vous insuffler les traitements, je ne suis pas médecin non plus.
Et si vous vous penchiez du côté de votre quête du meilleur! Meilleur business, meilleur bonheur, meilleur du meilleur ?
«Apprécier ce que l'on possède est, dit-on, la clé du bonheur». Cette vieille sagesse universelle nous fait voir les racines de nos insatiables quêtes. En vouloir toujours un peu plus emprisonne les gens dans un perpétuel cercle vicieux. Plusieurs pensent que le petit peu qui leur manque est la clé de leur bonheur. Ils sont persuadés que leur vie sera alors grandement améliorée et qu'ils seront enfin satisfaits.
C'est désormais prouvé, le bonheur prolonge l'espérance de vie ! Les optimistes présenteraient moins de risque de décéder d'une maladie cardiovasculaire que les pessimistes et autres grincheux. Ne parlons même pas des bipolaires. Une équipe néerlandaise a demandé à 900 personnes de commenter leur état de santé physique, psychologique, relations sociales Ils ont démontré que celles qui affichaient un optimisme sans bornes, présentaient 23% de risque en moins de décéder d'une maladie que les pessimistes ! Donc, souriez, vous vivrez plus longtemps !
Le bonheur est l'aspiration première du genre humain. Pourquoi ne mériterait-elle pas un jour, rien qu'à elle dans les calendriers, aux côtés des journées sans tabac, sans voiture, sans achats Un groupe le revendique, soumettant un manifeste pour la création d'une journée officielle du bonheur ? Obtenant plus de 6.500 signataires en deux trois mois et près de 3.500 membres sur Facebook en quelques jours, cette quête du bonheur est insufflée par une «poignée d'utopistes réalistes» qui décide de porter l'idée à l'attention du plus grand nombre faisant preuve d'imagination dans des actions un peu fofolles.
Sur le coup, on se dit pourquoi pas, c'est marrant... Surtout les jours de coup de blues ! On va voir le site et le projet Bonheur, se transforme une quête de business de mauvais goût. Avec la part belle aux tees shirt imprimés, aux logos des sponsors, aux dossiers de presses pompeux et à la définition du bonheur selon un voyagiste de renom cette opération se révèle être une leçon de communication.
On y croyait pourtant, le bonheur, ne veut-il pas dire étymologiquement bonne fortune ? Certains ne l'oublient jamais. Au risque de devenir bipolaire chronique, même quand ils sont au plus bas ils profitent avec acharnement.
Finalement, le bonheur ne serait-il pas le meilleur des business?