En marge du 17ème forum de l'ATUGE, un atelier de travail a été organisé sur «les technologies de l'information : pour un positionnement clair et une image forte de la Tunisie». Justement, cette image n'est pas aussi forte qu'on le croit. Le Maroc nous devance largement sur ce plan. Dans la plupart des cas, on préfère faire de la sous-traitance des projets au Maroc plutôt qu'en Tunisie. Pour cause, le Maroc investit beaucoup dans la promotion de son image à l'étranger.
Et si c'est pour citer les institutions tunisiennes qui s'occupent de l'image du pays, M. Hassen Zargouni, président de l'ATUGE, nous en indique cinq qui sont l'Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), les chancelleries tunisiennes à l'étranger, l'Agence de promotion de l'investissement extérieur (FIPA), le Centre de promotion des exportations (CEPEX) et l'Office national du tourisme tunisien (ONTT). Pour l'ATCE, elle est officiellement l'institution qui a pour charge immédiate la promotion de l'image de la Tunisie à l'étranger. «Mais son travail est-il pertinent pour les technologies de l'information ?», s'interroge M. Zargouni.
Les chancelleries tunisiennes à l'étranger, supposées véhiculer une certaine image positive de la Tunisie, n'ont pas toujours la culture économique adéquate pour le faire. «Elles sont plutôt branchées culture sociale plutôt que culture business. Cet aspect-là est délaissé», nous indique-t-il.
D'un autre côté, la FIPA, sensée promouvoir et attirer l'investissement étranger en Tunisie, manque de moyens pour le faire. Le CEPEX ne reflète pas la vraie image du pays par sa présence dans les salons et les foires internationaux, «avec des stands orientés côté artisanal».
Pour l'ONTT, M. Zargouni estime que la destination Tunisie n'est pas bien promue. «Jamais on ne trouverait des campagnes publicitaires à l'étranger pour la destination Tunisie».
Confirmant ces paroles, M. Mounir Beltaifa, directeur exécutif de la société «Bridge 1», affirme qu'il a proposé à des partenaires allemands d'investir en Tunisie. «Ils m'ont répondu que ça ne les intéressait pas et qu'ils sont à la recherche d'une plateforme de développement économique tous secteurs confondus. Le Maroc était plus intéressant pour eux».
Atouts cachés Néanmoins, la Tunisie présente plusieurs atouts cachés ; il faut donc les faire ressortir pour justement sortir de cette image décalée, mettant seulement en valeur l'aspect touristique. Ces atouts cachés sont liés au capital humain. Comme nous l'a indiqué M. Mahdi Houas, président de la société Talan. En Europe, il y a des phénomènes qui ont disparu tels que la pérennité et la fidélité des cadres. Tous les cinq ans les cadres changent d'entreprise. En Tunisie, ils restent jusqu'à 14 ou 15 ans dans une seule entreprise.
Au niveau du nearshoring, M. Houas nous dit que la Tunisie pourrait gagner sur ce plan puisque «le Maroc a perdu sa crédibilité à ce niveau aux dépens de l'Inde». Ajoutons à cela un effort communicationnel qui devrait se renforcer plus. «La communication d'image est bien développée au Maroc. Si on faisait 10% de ce qu'a fait ce pays, on pourrait bien gagner des points de plus en visibilité», estime-t-il.
Axer donc sur une communication structurée et organisée pourrait bien promouvoir la vraie valeur des compétences tunisiennes. «On est resté dans cette culture stratégie qui nous dit : nos compétences sont là, il n'est pas important de les vendre», a regretté M. Hatem Mestiri, directeur systèmes d'information à Tunisiana.
Mais que dire de l'approche Maghreb ? Pour beaucoup, la taille du marché tunisien est l'une des causes premières du manque d'attractivité du pays à l'échelle internationale. Les grands groupes s'intéressent et c'est légitime aux grands marchés, où ils trouveraient un large potentiel de consommateurs.
Un partenariat sud-sud rendrait-il notre pays plus attractif ? A vrai dire, oui. «On devient plus attrayant au Nord si on lui vend une image de partenariat», estime M. Naceur Ammar, directeur de la société SupCom.