L'heure n'est certes pas à l'évaluation, et surtout pas au bilan. L'on est toutefois au cur de la saison et il n'est pas inutile d'en tâter le pouls juste pour apprécier, a priori, dans quelle direction elle va. Contrairement à d'autres secteurs, comme l'industrie ou l'agroalimentaire par exemple, qui, eux, répondent à des besoins certains et, sauf aléas ou conjonctures difficiles, continuent à aller leur petit bonhomme de chemin sans trop de soucis, le tourisme, veine importante mais par trop sensible de l'économie tunisienne, est régulièrement à la merci de la conjoncture internationale, sinon des caprices des tours opérateurs et du penchant des touristes pour telle ou telle destination. Raison pour laquelle pouvoirs publics et observateurs, thermomètres en mains, le scrutent à chaque instant pour en apprécier la température. Sans porter à l'euphorie, les chiffres officiels, arrêtés à fin juin de l'année en cours mais non définitifs, ne portent pas non plus à l'inquiétude. C'est même bien le contraire. Pour peu que ces mois de juillet/août fassent un petit effort supplémentaire par rapport au premier semestre 2008, on ne pourrait qu'être d'ores et déjà rassuré à la perspective d'une saison franchement sauvée. Entrées et nationalités Deux millions neuf cent cinquante et un mille quatre cent quatre-vingt-seize (2 951 496) : c'est le nombre total des touristes enregistrés à nos frontières de janvier à fin juin 2008. Sans réelle surprise, ce sont les Français qui viennent en tête avec 642 085 personnes ; mais eux ont fait un effort par rapport à la même période de l'année dernière en réalisant une augmentation de 8,1%, contrairement aux Allemands dont le nombre (205 533) s'est amenuisé de 0,3% (toujours par rapport à la même période de la saison dernière). Moins digeste encore : les Autrichiens (22.829) ont accusé un bémol de moins 25,1%, cependant que les Tchèques (41.253) ont reculé de 20,5% et que les Britanniques (121 228) ont fait moins d'effort : moins 16,2%. Petite consolation, tout de même : les Polonais (69 420) ont amélioré leur mise de 36,7% et que les Bulgares (1.743) ont fait un peu mieux : plus 37,6%. Les directions compétentes gagneraient, au terme de la saison, à établir une étude synthétique, scientifique et analytique devant dégager les raisons ayant amené les uns à préférer un peu mieux la Tunisie, et les autres à lui tourner légèrement le dos. En somme, les Européens ont totalisé 1.687.033 contre 1.631.106 en 2007, soit une mine plus gaie de 3,4%. Nos frères magrébins n'ont pas démérité eux non plus : avec 1.189.914 contre 1.102.295 l'an dernier, ils ont porté la barre à plus 7,9% ; ce sont nos amis libyens qui ont fait l'effort le meilleur avec 835.246 entrées, talonnés d'un peu loin par les Algériens qui se sont contentés de garder exactement la même place que l'an dernier : 335 748 entrées ; s'il faut y lire quelque chose, on peut dire que la Tunisie a fidélisé les mêmes personnes ; soit, mais pourquoi pas les autres ?... Signalons, juste à titre indicatif, que les Africains (11.479) ont progressé de 10,3% et que les Brésiliens (1.284) ont amélioré leur ardoise de 15, 5%. Les réalisations Ces 2.951.496 touristes non-résidents ont donc passé chez nous 14.513.453 nuitées (+ 2,5%) et occupé 187.348 lits, soit un taux d'occupation de 42,5% (+1,8%). En dinars tunisiens, ils ont laissé 1.314,900 millions. Cette destinée balnéaire ! Rien à faire !... C'est à croire que la Tunisie est décidément condamnée à n'être qu'une destinée balnéaire. Le tourisme culturel ne semble même pas pour demain. Mais là, il ne s'agira pas d'une étude à faire, mais d'un travail gigantesque à devoir réaliser notamment au niveau des régions. Tant que la haute saison, chez nous, renvoie au soleil et à la plage, c'est que la basse saison veut dire absence de ces deux aubaines estivales, par conséquent très peu d'effort fourni aux niveaux des tourismes culturel, saharien, d'affaires et autre. Ce sont les chiffres, têtus, qui le disent sans ambages. A fin janvier 2008, les recettes touristiques ont totalisé 188,5 millions de dinars. A mesure, maintenant, que la température monte légèrement, les recettes, elles, grimpent petitement. A fin avril, elles ont atteint les 765,1 millions de dinars. Mais c'est à partir de juin qu'elles commencent à prendre de l'importance grâce au père Soleil : 1.132,6 millions de dinars. Et alors ?... Et alors, malgré tout, la saison actuelle ne saurait aucunement porter à l'inquiétude. Avec, au niveau des recettes, une augmentation de 7,8% par rapport à l'an dernier (à fin juin, rappelons-le), force est de miser sur une saison à croissance toujours ascendante, quoiqu'à petits pas.