Qui a dit que le Ramadan n'était pas compatible avec le business ? Nos chefs d'entreprise, peut-être, victimes, comme leurs employés, de la fameuse h'chicha ramadanesque. En général, les finances du Tunisien sont malmenées par le Ramadan. D'autant plus que le mois sacré coïncide avec la rentrée scolaire. Les entreprises tournent au ralenti. Avec des employés pas tout à fait remis des congés de l'été, et qui enchaînent avec le jeûne. Dans notre pays, le Ramadan Bizness se limite aux produits alimentaires et à la publicité télévisée. Certes une foule de petits artisans font leur beurre en vendant des pâtisseries traditionnelles, les fameux mkhareq, zlabia et autres maqroudh. Pour le reste Mais après tout, rien de nouveau sous le soleil (particulièrement rude cette année) pour les Tunisiens. Ce sont nos rythmes saisonniers Mais nos compatriotes se sont depuis longtemps exportés, avec leurs frères Algériens et Marocains en France, en particulier, et en Europe en général. Près de 4 millions de Musulmans jeûnent en France, selon un sondage effectué en 2006 par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA). En cette même année, plus de 40 tonnes de nos pâtisseries ont été vendues durant le mois sacré. Le maqroudh tunisien fait d'ailleurs une entrée remarquée sur les étals de France. La pâtisserie tunisienne rapporte aussi des devises ! La viande hallal, elle, acquiert une importance primordiale, avec 400 000 tonnes vendues par an au pays de Sarkozy. Le boom du Ramadan Bizness s'est donc aussi déclaré de l'autre côté de la Méditerranée. Les grandes surfaces françaises se lancent ainsi dans le Hallal. Histoire de courtiser une clientèle aux origines islamiques paradoxalement très gourmande en ce mois sacré. Les Suisses, eux, vont même jusqu'à envisager de chambouler complètement leurs fêtes nationales, à cause du Ramadan. Le débat fait rage du côté de Genève. Les fêtes de cette ville au bord du Lac Léman, connue pour ses banques mais pour sa riche clientèle du Golfe arabe, sont menacées cette année. Et pour cause : elles tombent en plein milieu de Ramadan. Et ce sera aussi le cas pour les dix prochaines années. Or les touristes arabes leur rapportent la bagatelle de 100 millions de francs suisses chaque année (voir ici). Soit l'équivalent de 180 millions de nos dinars. Et selon les dernières estimations, ces Musulmans auraient changé de destination. D'autant plus que des Cheikhs de notre cher Golfe arabe, se sont prononcés contre les voyages en pays non-musulmans durant le mois de Ramadan. Il y a donc moyen de booster l'économie même en plein ramadan grâce au tourisme et même l'exportation. Après Sama Dubai, voilà de quoi nous suggérer quelques autres idées pour attirer les capitaux du Golfe. Parce que selon des journaux saoudiens (voir ici), les citoyens du Royaume seraient de plus en plus nombreux à profiter de ce mois pour faire du tourisme. Principalement en Turquie (peut-être l'effet Nour), en Grande-Bretagne, en Egypte, mais aussi en Tunisie ! On a vendu nos plages de sable fin, le pays «ami» à une heure de vol aux Européens, reste à marchander notre ambiance traditionnelle 100% ramadanesque. Sauf en cas d'urgence, et de nécessité absolue, évidemment. De quoi donner des idées à notre Office du Tourisme. Avec des affiches pour une fois vantant la beauté de nos mosquées, la lumière de nos lampes pas uniquement réservée aux Européens. On vivra alors le vrai Ramadan sans que notre économie ne se mette, elle aussi, à jeûner!