Webmanagercenter : C'est la deuxième fois que vous faites partie de ce jury après l'édition de 2005. Est-ce que vous pouvez nous donner une idée sur le nombre de participants tunisiens dans ce concours ? Marouen Mraihi : En 2005, on n'avait aucune participation tunisienne. C'était décevant pour nous, mais on pouvait l'expliquer par le fait qu'à l'époque, le nombre d'internautes (ADSL + RTC) dans notre pays était relativement faible. De plus est, en 2005, le ministère tunisien des Technologies de la Communication et Tunisie Telecom travaillaient encore sur l'extension de notre infrastructure Data, ainsi que son amélioration. Mais il me semble, aujourd'hui, que ce nombre est devenu beaucoup plus important qu'en 2005 ; et par ce fait, je souhaite vivement qu'il y ait des participations tunisiennes à ce concours, cette année. Le SMSI a été organisé uniquement sur deux phases en 2003 à Genève et 2005 à Tunis. Quel a été votre apport par la suite ? Il faut dire que le SMSI se résumait en rencontres et initiatives mondiales, qui ont comme but, entre autres, de réduire la fracture numérique entre les pays du Nord et ceux du Sud. C'est dans ce cadre là que la famille des jeunes voulait prouver l'importance de cette tranche d'âge dans la société de l'information, comme individus actifs et non comme des simples consommateurs passifs. De ce fait, le WSYA a été créé dans cette vision afin de continuer le travail initié par le SMSI. Que comptez-vous faire pour promouvoir cette compétition et faire convaincre les jeunes à y participer ? Théoriquement, étant partie du jury, je ne devrais pas faire ce travail de communication. Mais voyant le manque de médiatisation de ce concours auprès de mes compatriotes, j'ai pris l'initiative de communiquer avec plusieurs medias tunisiens à propos du WSYA, afin d'encourager nos jeunes créateurs à y participer. Mais attention, ceci ne va pas influencer l'impartialité de mon évaluation avec les autres membres du jury lors de la délibération. Cette compétition est faite «par des jeunes pour les jeunes». Devrions-nous comprendre, donc, que le contenu d'un site fait dans le cadre de ce concours par les jeunes, doit être uniquement destiné pour les jeunes ? Le contenu de ces projets est prioritairement destiné aux occupations et préoccupations des jeunes. Toutefois, ces sites peuvent intéresser toutes les tranches d'âges. La seule condition est que le e-contenue desdits sites doive émaner de jeunes innovateurs (moins de 30 ans). Personne ne peut nier l'existence d'une énorme fracture numérique entre les pays développés et ceux en voie de développement, même si celle-ci est en train de diminuer. Dans ce cas, on peut penser que les jeunes des pays du Nord auront forcément plus de chance de remporter le WSYA que les pays du Sud, à cause de cette fracture numérique. En 2005, nous avons eu beaucoup de participations de pays en voie de développement et figurez-vous que l'un des gagnants est issu d'un pays en développement, le Kenya. Les projets qui avaient été primés à l'époque se sont distingués avec leur originalité et leur créativité. Je vous fais savoir que nous, les 'juges'', nous les avons notés en prenant en considération le contexte dans lequel ils ont été développés (c'est-à-dire l'environnement géographique ou sociopolitique dans lequel ils sont issus). Revenons au cas de la Tunisie, qui voyez-vous éligible à ce concours ? Est ce qu'une université tunisienne (donc un groupe de jeunes étudiants) peut y participer ? Bien sûr, les universités et les clubs communautaires peuvent participer à cette compétition avec leur nom (le nom de l'université ou du club) comme au nom de l'individu représentant du projet. Par ailleurs, je saisis cette occasion pour vous mentionner le fait que je vois beaucoup de projets de fin d'études (PFE) ou de mémoires qui peuvent être exploités comme un contenu web original. Ainsi, ces PFE et/ou mémoires de fin d'études peuvent participer à la compétition. Quelles sont les conditions de participation à ce concours ainsi que les dates limites de dépôt de candidatures ? Primo, les participants doivent être âgés de 30 ans ou moins. Secundo, le projet doit être opérationnel à la date de la soumission (site fonctionnel et accessible sur le net à la date de du dépôt de la candidature). Tertio, le projet doit faire partie de l'une des 5 thématiques suivantes : le combat contre la pauvreté/famine/maladies, l'éducation pour tous, le pouvoir des femmes, la création de votre propre type de culture (comme la culture underground façon tunisienne) ou encore 'Soyez vert'' (pour la protection de l'environnement). Cela va de soit, le site doit respecter les normes d'éthique civique. Imaginons qu'un jeune Tunisien ait une idée originale pour participer à ce concours, mais il n'a pas les compétences techniques pour développer le site (design inclus) et/ou n'a pas les moyens pour l'héberger. Que peut-il faire ? Faire un site web passe par plusieurs étapes : le design jusqu'à son développement en passant par le contenu (texte ou multimédia). Beaucoup de personnes ne maîtrisent qu'une partie de ce processus. Généralement, ceux qui posent problème, donc, sont ceux qui produisent le contenu sans avoir la technicité pour l'intégrer dans un site. C'est la raison pour laquelle je m'indigne sur le fait qu'il n'y ait aucune instance ou société qui se propose de parrainer ces producteurs de contenu en leur offrant le savoir-faire technique pour héberger leur projet et ainsi participer à ce concours.