«C'est la période des soldes pour les actions des sociétés cotées en bourse », plaisante Abdelwaheb Ben Ayed, qui s'étonne que les Tunisiens ne se ruent, paradoxalement, sur la bourse que dans les périodes de surchauffe lorsque le risque d'explosion de la bulle guette. Mais bien qu'elle le tourmente un peu, elle est loin de constituer en ce moment le plus gros souci du patron de Poulina, beaucoup plus inquiétés par les retombées d'une crise économique dont personne ne peut prévoir la durée. Car, à l'instar de bon nombre de sociétés, Poulina s'en ressent un tant soit peu. En effet, l'année écoulée s'est achevée, pour le premier groupe tunisien à entrer en juillet 2008- en bourse, moins bien qu'elle n'avait commencé. Le 12 novembre 2008, le groupe avait révélé, lors de la première communication financière organisée depuis son introduction en bourse, que jusqu'au 30 septembre 2008, son chiffre d'affaires a connu une progression de 36% à 733.240 MD et le résultat brut d'exploitation a augmenté de 16% à 106.145 MD par rapport à septembre 2007. Et l'optimisme était de mise au sein du management qui affirmait s'attendre à ce que le renversement de la tendance des prix des matières premières permette d'améliorer les résultats du groupe. Depuis, la tendance s'est inversée. Résultat, alors qu'elle a été «supérieure aux prévisions », selon le patron de Poulina, la rentabilité a commencé à baisser à la fin du 3ème trimestre 2008, et les résultats de 2008 ont été un peu en-deçà des objectifs. Ainsi s'il progresse de 11% par rapport à celui de 2007 (822, 957, millions de dinars), le chiffre d'affaires de 2008 (910,192 MD) est inférieur de 1% aux prévisions. Le résultat d'exploitation, qui s'est établi à 82,366 MDT, en croissance de 15% par rapport à 2007, est lui aussi inférieur dans la même portion -15%-aux attentes. Ces retards sont imputables à trois facteurs : un retard allant de 2 à 12 mois- dans l'entrée en production de 9 neufs unités industrielles en cours de réalisation ou de mise en marche, un dépassement non prévu des frais d'introduction en bourse non reportables -qui ont atteint 1,937 Mdt-, et à l'impact de la difficile conjoncture internationale estimé à 3,9 MDT. Poulina a en effet a été doublement pénalisé par le biais à la fois de l'exportation et de l'importation. Exportateur d'acier, par exemple, ses entreprises opérant dans ce secteur ont vu leur chiffre d'affaires baisser de plus de 50%. Importateur de matières premières, -Mais, Soja, Huile et acier-, il avait constitué ses stocks en s'approvisionnant au plus fort du de l'envolée des prix au cours du 3ème trimestre 2008, mais a s'aligner sur les nouveaux cours, après la chute vertigineuse enregistrée au 4ème trimestre. Comme le roseau, Poulina plie un peu, sous la crise, mais ne rompt pas. Car, se félicite-t-on à Poulina, «la diversification du groupe a encore une fois permis d'amortir l'impact de l'environnement international » et «d'orienter nos efforts vers les secteurs à forte croissance, à forte valeur ajoutée et moins sensibles aux perturbations de l'environnement étranger ».