Il faut reconnaître au passage que M. Hédi Mechri, le directeur-fondateur de la revue tunisienne, a réussi un tour de force remarquable, en réunissant autour de la table à la fois responsables politiques, enseignants-professeurs, chefs d'entreprise et autres banquiers. Dans son allocution de bienvenue, M. Mechri donnera le ton en disant: "on ne voit pas émerger, au grand dam des entreprises de la région, un grand marché maghrébin qui serait lui-même une partie de la réponse à la crise économique qui frappe de plein fouet les économies de la région". Et pourtant, "si l'on met malgré tout en avant le Maghreb et si on en fait un acteur majeur, c'est parce que nous ne voulons nous résigner à la fatalité du statu quo", a-t-il ajouté. Mais plus loin, il va toucher le coeur du débat qui devait suivre. "Certes, L'UE n'a pas fait moins que ce qu'elle avait prévu de longue date, mais elle n'a pas fait non plus davantage en ces temps de crise en direction des pays maghrébins, comme si ces derniers n'étaient pas concernés par la crise, comme s'ils n'éprouvaient pas eux aussi au besoin de relance". En gros, voilà le fil conducteur du forum, à travers ses invités de marque... Pour ce faire et pour que tout soit suffisamment visible, le Forum s'est déroulé sur deux sous-thèmes, à savoir : 'Quelle crise ?'' et 'Quelles réponses communes ?'', comme pour mettre face à face entre, d'un côté, les politiques, et, de l'autre, les 'analystes ou théoriciens de l'économie'' et les chefs d'entreprise. C'est ainsi que, pour la cérémonie d'ouverture du Forum, il y avait MM. Abdelwahab Abdallah, ministre des Affaires étrangères, Adrianus Koetsenruijter, ambassadeur chef de la Délégation de la Commission européenne à Tunis, et Serge Dégallaix, ambassadeur de France à Tunis. Dans leurs discours respectifs, beaucoup d'annonces en attendant leur concrétisation dans les faits. En effet, pour le chef de la diplomatie tunisienne, M. Abdallah, ce forum permet de faire le point sur la situation des relations euroméditerranéennes. Et comme nous l'avons déjà écrit, le ministre a annoncé le démarrage de la Banque maghrébine d'investissement et de commerce extérieur (BMICE) avant la fin du 1er semestre 2009, la réunion de l'ensemble des patronats des '5+5'', etc. Pour sa part, M. Serge Dégallaix révèle le lancement d'un fonds baptisé InfraMed par quatre caisses méditerranéennes de dépôts, à savoir la Caisse des Dépôts de France, la Cassa depositi e prestiti d'Italie, EFG Hermes d'Egypte, et la Caisse de Dépôt et de Gestion du Maroc. Après le chapitre introductif, un panel composé de MM. Hédi Djilani, président de l'UTICA, Dhafer Ben Saïdane, économiste et professeur à l'Université Charles de Gaulles de Lille3, et Axel Poniatowski, présent de la Commission des Affaires étrangères à l'Assemblée nationale française, a débattu du sous-thème 'Quelle crise''. Puis deux autres panels ont complété le premier pour répondre à une l'interrogation 'Quelles réponses communes'', qui proposait d'apporter une 'réponse politique'' et une 'réponse économique''. Pour la réponse politique, l'organisateur du Forum s'est posé la question suivante : faut-il 'le retour du politique, de l'intégration régionale ou multilatéralisme ?''. Trois personnalités étaient chargées d'y apporter quelques éléments de réponse, en l'occurrence MM. Habib Ben Yahia, SG de l'UMA (qui n'a pas pu faire le déplacement à Tunis), Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français, et Najib Zerouali Ouariti, ambassadeur du Maroc à Tunis. Et pour la 'réponse économique : réformes et solidarité'', MM. Nadj Nacer, ancien gouverneur de la Banque centre d'Algérie, Christian de Boissieu, président du Conseil d'analyses économiques, et Mohamed Kettani, PDG d'Attijariwafa Bank. Enfin, M. Afif Chalbi, ministre de l'Industrie, de l'Energie et des PME, a venu clôturer le Forum qui, de l'avis de plusieurs participants, a été d'une excellente facture tant du côté de l'organisation que de personnalités présentes.