Quelle évaluation faites-vous de la situation du textile-habillement en Tunisie ? La situation se caractérise par l'absence de visibilité, sans laquelle il est impossible de faire des prévisions et d'élaborer des stratégies cohérentes. Pour relayer toute la littérature qui a été développée, ces temps-ci, au sujet de la sortie de crise, je pense que le plus important serait de se tourner vers l'avenir, de se préparer à la reprise. Comment ? En investissant dans le capital humain et dans les nouvelles technologies. Pour les ressources humaines, l'accent doit être mis sur le perfectionnement des équipes, l'amélioration continue de leur qualification et de leur savoir-faire. Quant au volet technologie, il s'agit d'opter pour un équipement qui réduit les coûts et délais, favorise la qualité et permet d'exploiter à bon escient l'atout de la proximité de l'Union européenne. Selon vous, quelles sont les chances de la filière pour sortir de la crise ? Le textile-habillement tunisien a tout pour tirer son épingle de jeu durant les cinq prochaines années. De toutes crises se révèlent des opportunités. Les textiliens tunisiens doivent capitaliser sur leurs acquis, compétences et savoir-faire. Ils se doivent d'être réactifs et exploiter la proximité du plus riche marché du monde : l'Union européenne. A cette fin, la Tunisie dispose d'«une carte visite» d'excellente facture ; celle de la densité de ses échanges textiles avec les deux principaux concepteurs de mode au monde : la France et l'Italie. De plus en plus des voix s'élèvent pour réclamer une migration de la filière vers le textile technique. Une telle option est-elle faisable ? Il s'agirait à mon avis d'une évolution fort positive vers des techniques de fabrication de haut niveau. C'est aux industriels de prendre la décision de changer la typologie de leurs entreprises. Lectra peut tout à fait les accompagner, technologiquement, dans leur démarche de migration ; il est complètement envisageable qu'un fabricant de vêtements de travail, de chemises développe, par exemple, demain, des vêtements techniques, de protection Des professionnels du textile proposent l'éclatement du salon Texmed en plusieurs manifestations étalées sur toute l'année ? Qu'en pensez-vous ? Texmed est un bon support de promotion de la filière textile-habillement. Il permet aux professionnels et industriels de se rencontrer et de présenter leurs dernières nouveautés. Lectra Tunisie présentera au salon ses dernières innovations majeures, sa novelle version Modaris V6R1, Diamino V5R3 ainsi que la toute dernière avancée dans la gestion de collections et de développement de styles et matières : Kaledo V2R1. Il est important de noter que Lectra aura fait évoluer 80% de son offre produit sur les 6 premiers mois de l'année 2009. L'éclatement du Texmed -pourquoi pas- il faudra juste faire attention aux risques de dissolution de l'information. Les pouvoirs publics ont pris l'initiative de faire évoluer la filière de la sous-traitance vers la co-traitance et le produit fini. En votre qualité d'observateur de la branche, avez-vous relevé des progrès en la matière ? L'évolution est très sensible. De nombreuses sociétés ont parfaitement réussi leur passage à la co-traitance. Il est important de noter, qu'en Tunisie, les sociétés utilisent, actuellement, des logiciels de création et de développement très pointus. Un des avantages stratégiques étant de dégager de la valeur ajoutée, par la maîtrise totale du cycle de crétaion, de développement et de production. L'atout majeur de la Tunisie, en plus de la proximité avec l'Europe, réside dans le fait qu'elle regroupe ces trois éléments fondamentaux. La vocation de Lectra étant d'aider les clients dans la maîtrise de leurs coûts, réduction de leurs temps de production tout en augmentant leur flexibilité et leur créativité.