«Faut-il être diversifié ou concentré sur une seule activité ? Poulina qui fait du béton en Libye et de l'huile d'olives en Chine, c'est de la stratégie ou de l'opportunisme ?», s'interroge Slim Zghal, directeur général l'Altea Packaging. «C'est de l'opportunisme stratégique», lui répond Maher Kallel, administrateur de PGH. A l'instar de cet «accrochage» amical, entre ces représentants de deux groupes, l'un étant un des plus anciens et l'autre parmi les plus jeunes, mais ayant tous les deux en commun une stratégie de forte croissance en Tunisie et à l'étranger, Poulina Group Holding (PGH) est le roi de la diversification, avec plus de 70 entreprises couvrant six secteurs d'activités. Altea Packaging est le champion de la spécialisation, dans l'emballage, le 18ème Forum de l'Atuge (Association des Tunisiens des Grands Ecoles), dédié cette année à une réflexion sur la formation de «nouvelles stratégies» d'entreprises, à la lumière de la «nouvelle donne mondiale», a permis la confrontation d'expériences différentes, voire diamétralement opposées, quant à la manière pour un groupe de se développer. «La première réaction des entreprises a été défensive: minimisation du risque en gérant les stocks et les comptes clients, et en négociant dans le détail les contrats. Cette stratégie a eu cours entre octobre 2008 et le premier semestre 2009», observe Aziz Mbarek, directeur général de Tuninvest, à la lumière notamment du vécu des entreprises dans lequel ce fonds d'investissement détient des participations. Par la suite, «d'autres pistes se sont ouvertes aux entreprises», ajoute M. Mbarek. Qui cite en exemple le cas de «deux entreprises de l'industrie chimique concurrentes Prokim Industrie et Manufacture des Produits Chimiques (MPC)- et confrontées à des difficultés importantes parce qu'évoluant dans un marché ouvert». Cette situation a amené leurs dirigeants respectifs «à se mettre autour d'une table pour discuter de la possibilité d'un rapprochement». Les discussions ont abouti à un accord en vue de faire fusionner les deux entreprises. Et de cette opération est né un champion qui est aujourd'hui «n°3 en Afrique», note le directeur général de Tuninvest. Coficab (groupe Elloumi) n'a pas de problème de taille. «Nous sommes n°2 de la zone euromed, avec 24% de part de marché», indique Hichem Elloumi, p-dg de l'entreprise. Mais affectée par la crise l'industrie automobile pour laquelle elle travaille a été la première et la plus touchée-, COFICAB a dû mettre en place une riposte. «A l'intérieur, nous avons réuni les chefs de nos différentes filiales à Hammamet pour mettre en place un programme de réduction des coûts et d'amélioration des performances, avec un ajustement des programmes d'investissement et des effectifs, révèle Hichem Elloumi. A l'extérieur, nous avons opéré un rapprochement avec nos partenaires : clients et banques». «Les banques tunisiennes et marocaines (COFICAB est implantée au Maroc, mais aussi en Egypte, au Portugal, en Roumanie, etc.) se sont parfaitement comportées. Avec nos clients, nous avons obtenu des contrats supplémentaires et pu développer de nouveaux produits», témoigne le p-dg. «Investir à contre-cycle» : voilà l'une des règles d'or de Poulina Group Holding, explique Maher Kallel. Et le groupe présidé par Abdelwaheb Ben Ayed ne compte pas s'en écarter : il a un programme d'investissement de 500 millions de dinars au cours des prochaines années, dont «50 à 70 millions au Maroc, et, surtout, en Algérie et en Libye», précise M. Kallel. Une démarche qui est également du moins en partie- celle de Discovery Informatique. «Notre stratégie a consisté à renforcer notre cur de métier intégration de solutions ERP- et notre cur géographique le Maghreb et l'Afrique. On peut faire cela de deux manières : par développement interne ou externe. Nous avons réalisé des acquisitions de sociétés locales. Mais nous ne nous interdisons pas de le faire en Afrique et en Europe», clame Kaïs Sellami, directeur général de cette entreprises leader sur le segment de l'intégration de l'ERP.