Le développement du tourisme golfique est au cur de la stratégie de nombreux pays dans le monde, notamment de ceux du pourtour méditerranéen. La construction de parcours golfiques s'étend toutefois partout dans le monde, aussi bien pour favoriser l'investissement immobilier que pour développer le tourisme. Pour comprendre les enjeux du tourisme de golf et la guerre que se livrent les destinations, il convient de comprendre les mises en jeu. Le marché des voyages de golf pèse 12 milliards d'euros par an. On compte, de nos jours, plus 50 millions de golfeurs dans le monde. Tous les indicateurs sont, unanimement, à la hausse. Ils prédisent dans une envolée mondiale du nombre de joueurs et de parcours. D'ici 2020, on s'attend à ce que près de 3.000 nouveaux parcours voient le jour pour répondre aux attentes de près de 3 millions de futurs golfeurs. Dans le Bassin méditerranéen et selon une récente étude du cabinet d'audit international KPMG, l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique compteraient à ce jour 4,1 millions de golfeurs réguliers pour environ 6.750 parcours recensés. Le rapport mentionne "une croissance de la demande de l'ordre de 6% par an et une progression de l'offre de 4%. Dans quinze ans, ce sont plus de 7 millions de golfeurs qui se verront proposer plus de 10.000 parcours". Malgré la crise, les prévisions, les études et statistiques restent au beau fixe. Le léger recul du secteur sur l'année 2009 (du reste non définitif) ne change en rien les prédictions de jours radieux au tourisme golfique. Incontestablement, on aime jouer au golf en Méditerranée. Cette région du monde est et restera une des régions les plus concernées pour rafler de nouvelles parts de marché de ce secteur florissant. Quelles sont les destinations qui ont le vent en poupe ? Quelles sont celles qui aiguisent leurs stratégies ? L'Espagne avec ses 310 parcours tient le haut du pavé pour un business qui lui rapporte près de 2,4 milliards d'euros par an. La destination accueille près de 500.000 touristes golfeurs. Le modèle de développement espagnol s'adosse sur l'immobilier. Le golf s'y développe à un point que la célèbre «Costa Del Sol» s'appelle désormais «Costa Del Golf», qui va de Malaga à Algesiras et qui possède plus de 60 parcours de golfs et immobiliers dans un rayon de 80 Km. Toutes les destinations sont à leurs drives Au Portugal, le tourisme golfique a généré en 2005 près de 1,8 milliard d'euros de retombées directes et indirectes (soit 1,25% du PIB) sur le pays. Avec 75 parcours, la destination capte 5% des joueurs européens équivalent à 0,5% au niveau mondial. Selon les statistiques, ce sont 250.000 touristes (2005) étrangers qui fréquentent annuellement les golfs lusitaniens pour un total de 1,1 million de parcours effectués. Le pays prévoit la construction de près de 300.000 habitations destinées à cette clientèle. Il entame, de fait, le développement du tourisme résidentiel à l'image de ce qui se fait en Espagne. Par rapport à l'immobilier avant la crise, le Portugal se targuait d'être 30% moins cher que son voisin ibérique. Elle lui raflait par conséquent des parts de marché. Aujourd'hui, on est en droit de se demander de quoi sera fait demain. Pour le moment, l'immobilier en Espagne accuse une des baisses les plus importantes en Europe. Juste en face et de l'autre côté de la Méditerranée, le pays qui gagne des parts de marché importantes, c'est incontestablement le Maroc. Quand le Royaume a de l'ambition, il l'affiche clairement. En deux temps, trois mouvements, le pays a presque triplé le nombre de touristes golfeurs et de parcours golfiques. Le Maroc, qui disposait jusqu'à il y a si peu de 17 golfs, envisage de clôturer la fin 2010 avec 40 golfs. Cette année, la destination inaugurerait 13 parcours. En 2010, elle prévoit d'en inaugurer 10 autres. Au niveau de l'immobilier, la bulle a explosé. Les prix, malgré une petite baisse restent stationnaires. La différence entre un bien traditionnel et un bien aux alentours d'un parcours de golf se situe autour de 10 à 15%. L'autre destination montante pour le tourisme golfique est la Turquie. Le gouvernement turc mise sur la création d'une centaine de nouveaux parcours d'ici 2015. Pour le moment, dans un rayon de 30 km dans la région de Belek (côte ouest), l'on dénombre 14 golfs très courus. L'Egypte aussi souhaite devenir «un paradis pour les golfeurs». Cela grâce à la création de huit nouveaux parcours censés attirer et fidéliser les touristes allemands, britanniques, américains ou chinois. En effet, ces derniers ne sont pas en reste. Bien de loin de notre chère Méditerranée, et selon un article paru dans le magazine «Golf Magazine» en mars 2008), on rapporte que les villas sur le parcours golfique chinois de «Mission Hills» ( les maisons ) se vendent selon leur superficie entre un et huit millions de dollars! La troisième et dernière tranche immobilière comprenant un peu plus de cent maisons s'est vendue sur Internet en une heure et demie. Elle a rapporté plus de quatre cents millions de dollars. La vente précédente s'était faite à la loterie. Il y avait neuf cents offres pour seulement trois cent-soixante villas Pour l'essentiel, les propriétaires sont chinois ou hongkongais et habitent leur maison. Pour celui qui souhaiterait être membre sans être propriétaire, le droit d'entrée est de 150.000 euros. Un chiffre qui pourrait en dissuader plus d'un mais qui n'empêche pas "Mission Hills Golf Club" d'afficher aujourd'hui 8.000 membres !» La guerre du golf -et les flambées des prix qui peuvent l'accompagner- est bel et bien ouverte. Que le meilleur gagne ! Lire aussi : - Tourisme golfique : La Tunisie est-elle encore dans la course ? - Tunisie: Immobilier et Golf : Indissociable duo gagnant