A la veille de la tenue de la 24ème session des Journées de l'Entreprise (prévu du 11 au 12 décembre 2009, à Port El Kantaoui), sous le thème de «l'Etat et l'Entreprise», nous avons approché Monsieur Tarek Bahri, Directeur Général des Réformes et Prospectives administratives au Premier Ministère et chargé de mission auprès du Premier ministre et l'un des participants du 2ème panel de ce grand conclave, qui a bien voulu répondre à certaines de nos interrogations relatives à la thématique de la bonne gouvernance, du rôle futur de l'Etat dans la sphère économique et des relations de la puissance publique avec le secteur privé dans la perspective de l'après crise. Webmanagercenter : Qu'attendez-vous de cette 24ème session des Journées de l'Entreprise ? Tarek Bahri : Traitant de l'environnement administratif qui doit favoriser l'épanouissement des entreprises, je m'attends à des journées de réflexion, traçant les prémices d'un nouveau partenariat entre les capitaines d'industrie et la puissance publique, frondée, décriée, il faut le dire, tout au long des deux décennies de bigoterie ultralibérale dans les principaux centres marchands de la planète. A l'issue des travaux de cette 24ème session et avec la collaboration de l'Institut arabe des chefs d'entreprise (IACE), une institution fiable, crédible, de stature internationale, les différents départements du Premier ministère entendent dégager des axes de réformes à même de répondre aux attentes des partenaires sociaux, accompagner les forces vives de la nation vers le grand large de la mondialisation, éviter les réponses technicisées aux problèmes de la globalisation et aider à refréner les emballements du libre-échangisme, tout en essayant de promouvoir un modèle alternatif du capitalisme d'essence anglo-saxonne, fondé sur la puissance de l'épargne, le développement durable, la libéralisation du travail et le renforcement de la formation. Quel est, d'après vous, le positionnement de l'Etat dans la perspective de l'après-crise ? L'Etat, en Tunisie, est le réservoir d'idées de la nation, l'accompagnateur des plans de relance, le guetteur anticipateur, responsable des réformes et des attentes des partenaires sociaux. Depuis la chute du Mur de Berlin, des voix se sont élevées, un peu partout dans le monde, pour réclamer le retrait de la puissance publique des rapports de production, ce qui n'a pas empêché, ces mêmes apprentis sorciers, tenants de l'ultralibéralisme, d'appeler d'urgence en pompiers volants, la force de frappe des pouvoirs publics pour éteindre l'incendie financier, délire euphorique de l'économie de marché, asperger les banques qui ont eu les yeux plus gros que le ventre et distribuer des secours improvisés aux différents acteurs économiques sinistrés. A mon avis, aujourd'hui, à la lumière de la dernière déflagration financière mondiale, il faut rompre avec les postures oppositionnelles de principe et plaider pour la consolidation de «l'Etat-partenaire», qui ne peut rester les bras croisés devant les errements de l'économie-monde. Finalement, vous attribuez à la puissance publique le rôle de la locomotive en dépit de ses statuts rigides ? Je pense plutôt à la symbiose, condition sine qua non de la performance et de la bonne gouvernance, entre la société civile, l'establishment politique et les opérateurs économiques. D'ailleurs, la réglementation de la fonction publique et de ses marchés en Tunisie est évolutive avec la réactivité nécessaire pour se mettre au diapason des normes internationales relatives à la qualité, à l'innovation et au meilleur placement de la commande. Cette 24ème Session des Journées de l'Entreprise sera finalement une occasion en or pour avoir une nouvelle lucidité sur les préoccupations sociales, synchroniser les horloges intellectuelles des uns et des autres car si la mondialisation donne le bourdon, la crise, elle, n'épargne personne et appelle des réponses originales.