L'Association des Tunisiens des Grandes Ecoles (ATUGE) a convié un panel de 'parcours'' à se réunir le samedi 12 décembre 2009 afin de «dessiner le manager de demain» : grande ambition, intervenants aux approches nouvelles, participants qui participent (!) et un dessinateur, Chedly Belkhamsa, pour illustrer les propos. L'état des lieux de la fonction du manager est notamment partie de définitions de ce mot. «Personne qui gère une équipe afin d'atteindre des objectifs communs. Le manager doit être poly-compétent, entrepreneur, multiculturel et talentueux». «Le manager est celui qui fait faire en tenant compte du contexte de son organisation et de son positionnement face à des enjeux exogènes et endogènes». M. Jamel Belahrach, directeur Manpower Professionnels, expert en recrutement, a constaté, en choquant ou au moins en interpellant fortement l'assistance, que l'entreprise est encore portée par une culture 'féodale'' qui place l'individu au service de l'entreprise sans qu'il soit considéré véritablement comme un contributeur à la valeur ajoutée des entreprises. Selon lui, deux facteurs sont importants pour conduire et maintenir une organisation à un bon niveau de performance. Tout d'abord, la direction doit être consciente de la dimension humaine de ce qu'elle veut gérer et doit impliquer tous ses collaborateurs dans un projet commun. Car l'entreprise doit, avant tout, être un «espace qui donne du sens». Dans un second temps, pour être un 'bon manager'', il faut «aimer les gens et leurs succès, avoir envie de les voir grandir pour soi-même réussir». En effet, et les conclusions des travaux menés en psychologie du travail convergent avec cette approche RH, quels que soient le secteur d'activité et la taille de l'entreprise, son degré d'excellence est proportionnelle au degré de motivation et donc à la capacité de communication de ses collaborateurs. Dans le contexte actuel de crise des compétences ou crise des talents, il est intéressant de se tourner, comme le fait Sony, vers un recrutement interne qui s'appuie sur des données fines basées sur le potentiel de chaque collaborateur et vers des stages de coaching où les collaborateurs apprennent à plus (et mieux !) déléguer la prise de décision. Un contexte économique difficile, une planète à sauver Ces données ont un impact sur le management. M. Samir Toumi est DG chez Partner Team Consulting, expert en RH et accompagnement des managers. En partant des excès qu'il rencontre, il dessine des pistes à suivre pour passer du manager technocrate à un manager éthique. Celui-ci est avant tout «un citoyen conscient de sa responsabilité sociétale et de son impact ; il agit et réfléchit en mettant en avant son esprit critique et ses valeurs ; et il interagit avec des individus et non des ressources». Pour conclure, de façon globale, cette difficile synthèse, rappelons qu'«on ne forme pas des managers, on le devient». Donc plus besoin de techniciser à outrance les outils du manager mais plutôt lui offrir des processus qui lui permettent d'aborder d'autres domaines (connaissance de soi et de ses énergies physiques et mentales, connaissance du monde ), en somme : «sortir le cadre du cadre» ! Cette table a tourné rond, c'est sûr ! Saint Exupéry, qui écrivait «Ce qui importe, ce n'est pas d'arriver, mais d'aller vers» aurait sans doute été fort aise de cette tentative collégiale d'ébauche du manager de demain !