II - Quels pré-requis pour une implémentation utile et durable? S'agissant d'un nouveau mode de penser, d'agir et de gouverner, la transparence financière recherchée par les nouvelles normes IFRS suppose l'identification de plusieurs pré-requis. Ces derniers conditionnent la réussite de ce projet de mise à niveau comptable. Parmi ces préalables, on peut valablement citer ce qui suit : - La qualité de reporting financier dépend étroitement de la compétence et du savoir-faire du management. En effet, plusieurs concepts véhiculés à travers le nouveau référentiel comptable ne pourraient être véritablement traduits dans l'information financière divulguée que si l'on s'assure de la qualité des modes de gestion en vigueur. En effet, une entreprise qui ne confectionne pas un véritable business plan s'empêche de pouvoir cerner la somme des cash-flows qu'elle s'attend de tirer d'un actif. Ce dernier, ne se définit-il pas comme étant un "potentiel d'avantages économiques futurs" ? Comment peut-on parler de "juste valeur" ou de perte de valeur d'un actif alors qu'on ne sait pas déterminer et démontrer les flux de trésorerie qui en découlent ? - Longtemps, la comptabilité générale appelée de nos jours la comptabilité financière était conforme aux attentes de l'administration fiscale et ce, au détriment des besoins spécifiques des bailleurs de fonds et des investisseurs à risque. Se démarquer des préoccupations fiscales tout en les respectant par ailleurs lors de la confection des états financiers, est de nature à réconcilier les services comptables avec les autres cadres opérationnels de l'entreprise. Dorénavant, ces derniers doivent jouer un rôle déterminant dans le processus conduisant à l'image fidèle exprimée à travers l'information financière publiée par l'entreprise. De ce fait, la qualité des états financiers n'est plus l'apanage des seuls agents et cadres comptables. Sans une information de base utile et intelligible, l'"expertise" des comptables ne suffit pas pour favoriser la production d'informations financières conformes aux normes IFRS. - Les administrateurs, de par leur responsabilité première et légale quant à l'arrêté des comptes sociaux, gagnent à mettre en place des mécanismes à même de les protéger de la divulgation d'états financiers non-conformes au nouveau référentiel comptable. La certification des états financiers par les commissaires aux comptes n'exonère point les dirigeants en cas de publication de "faux bilans". Les administrateurs sont, en effet, considérés comme les véritables auteurs de comptes sociaux et en assument l'entière responsabilité. En cas de non respect des normes comptables IFRS par l'entreprise, le commissaire aux comptes serait, tout naturellement, "complice" de la faute liée à la production de "bilans inexacts" s'il n'en averti pas l'assemblée des actionnaires. - Garant de la bonne information financière divulguée par l'entreprise, le commissaire aux comptes se trouve dans l'obligation de dominer parfaitement les normes IFRS. La raison d'être du mandat de commissariat aux comptes en dépendra. La profession comptable gagne, avec la bénédiction des pouvoirs publics, mettre un plan d'urgence pour la mise à niveau des certificateurs des états financiers. Sans cela, certaines entreprises de taille importante et d'autres dotées de management averti peuvent dépasser leurs propres auditeurs externes dans le savoir et le savoir-faire comptables.