Lorsqu'il est arrivé en Tunisie fin septembre 2009, l'ambassadeur de France à Tunis, Pierre Ménat, a immédiatement énuméré les secteurs prioritaires dans lesquels il comptait s'investir à fond en vue d'atteindre des résultats palpables : l'emploi, la facilitation des négociations en vue de l'obtention par la Tunisie d'un «Statut avancé» dans ses relations avec l'Union européenne, et l'audiovisuel français auquel l'ambassadeur français veut restituer la place qu'il occupait jadis dans le paysage tunisien. Jadis fort regardées en Tunisie en particulier et dans les autres pays de l'Union du Maghreb Arabe (UMA), d'une façon générale, les chaînes de télévision françaises le sont aujourd'hui beaucoup moins. Pour deux raisons : d'abord, l'offre télévisuelle satellitaire arabe, pléthorique, attire une frange de plus en plus large des téléspectateurs, ensuite, les chaînes françaises sont devenues plus difficiles d'accès, et pas seulement parce qu'elles sont véhiculées via des bouquets payants de surcroît, ceux-ci ne sont pas disponibles en raison de l'absence d'une offre et de réseaux de distribution spécifiques au Maghreb. Ce dossier est aujourd'hui à l'ordre du jour en France, tant dans le privé que dans le secteur public. Dans le privé, le groupe Canal Plus est déjà avancé, qui a réintroduit son offre payante- en Algérie et au Maroc, et s'apprête à le faire en Tunisie. Côté secteur public, France Télévisions (France 24, France 2, 3, 4, 5, et France O). TV5, qui doit une bonne partie de son contenu aux chaînes de ce groupe, n'en fait pas partie. Ces chaînes sont actuellement diffusées de manière cryptée sur Hot Bird et Astra, car «une diffusion gratuite de ces chaînes coûterait très cher en raison des droits d'auteurs», explique une source du groupe audiovisuel public français. D'ailleurs, la diffusion en clair des programmes de ces différentes chaînes se fait «au coup par coup et progressivement», observe la même source. Dix ans après le retrait de «Canal Horizons» -et après avoir réussi à mettre ses chaînes à l'abri des cartes et démodulateurs pirates en vogue dans la région-, Canal Plus a mis sur le marché un bouquet maghrébin diffusé via Arabsat et à un prix a priori abordable. Cette manière d'approcher le marché maghrébin est observée de près et analysée à France Télévisions. «Parce que nous avons un retour de toutes les questions qu'on se pose légitimement dans les pays de la région, à propos de l'accès aux chaînes françaises, une vraie réflexion est en cours au sein de France Télévisions sur la façon de régler le problème de la diffusion sur le Maghreb», indique une source au sein du groupe. Plusieurs pistes sont examinées et «le lancement d'un bouquet spécifique est l'une de celle qui sont à l'ordre du jour». En fait, il y a au sein du groupe audiovisuel public français «un affrontement technique très pointu entre deux groupes proposant chacun une solution» pour la diffusion des chaînes publiques françaises au Maghreb, précise la même source.