Si la concurrence est porteuse de progrès, d'émulation et de perfectionnement, les pouvoirs publics dont le rôle régulateur est stratégique dans un contexte libéral à tous vents, sont tenus, dans des domaines comme le sport, de garantir certains droits sociaux, qui ne doivent venir sur aucun marché. Les événements sportifs majeurs (à l'instar de la Coupe du Monde), les rencontres des équipes nationales et des Clubs champions doivent être, affirme une source à l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes (ASBU), considérés comme des" biens publics" légitimes, hors de portée des "OPA" prédatrices des longs bras financiers du monde audiovisuel. A cet égard, Al Jazira sport, héritière du groupe ART, qui vient de lui céder récemment ses droits de transmission pour la bagatelle de plus d'un milliard de dollars, ne cesse de défrayer la chronique et de déclencher des controverses dans sa zone à chaque échéance sportive footballistique continentale ou mondiale. Au fait, à l'instar de ce qui se passe dans un certain nombre de pays européens, les Etats arabes doivent légiférer, au niveau national, sur le droit du citoyen à suivre les grandes compétitions sportives sur des canaux non cryptés. Il est donc crucial de cibler les événements nationaux ou internationaux, dont l'enjeu est susceptible de mobiliser l'ensemble du corps social, afin qu'ils soient obligatoirement diffusés en clair sur tout le territoire national en dépit des situations de monopole en vogue, depuis deux décennies, dans le monde arabe. Bien entendu, le choix des listes de ces grandes manifestations sportives est conditionné par des impératifs locaux, qui peuvent changer d'un pays à un autre. L'heure est donc à la lutte contre les tendances monopolistiques. Les surenchères relatives à l'envolée des droits de transmission des événements sportifs dans notre zone méritent une intervention énergique, un lobbying permanent des fédérations de football auprès de la FIFA et des structures arabes conjointes telles que la Ligue des Etats Arabes et ses organes. Les clubs, l'opinion publique et les Comités olympiques doivent s'associer aussi à cette campagne dont le véritable enjeu est la pérennité des valeurs sportives, la démocratisation du paysage audiovisuel face à la logique marchande, à l'argent, qui est par nature peccamineux, un diable, disait Marx, qui n'a de cesse de crier son désir. Quel rôle pour l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes Pour l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes (l'ASBU), la course vers le monopole et l'achat exclusif des principaux événements sportifs dans le monde, une mode incrustée depuis une dizaine d'années parmi les chaînes satellitaires privées du Golfe, peuvent provoquer des dérapages sur le plan éthique, engendrer une atmosphère délétère propice à toutes les frustrations dans la région et conduire immanquablement à une situation inflationniste dans les transactions sportives. "Naguère, l'Union Arabe du Football faisait les yeux de Chimène à l'ABSU pour asseoir la popularité de ses compétitions, s'assurer le soutien des sponsors et garantir la pérennité de ses manifestations sportives, néanmoins, avec la vague libérale survenue à la fin des années quatre-vingt-dix dans le monde de l'audiovisuel, il n'a pas hésité à céder les droits des championnats arabes (1999-2003) à la société française JC Darmon pour le montant de 5 millions de dollars, lésant de ce fait les intérêts de l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes, obligée, dans un pareil contexte, de négocier auprès de l'intermédiaire occidental pour remplir ses engagements auprès des Etats membres", nous dit Ridha Oudi, responsable du bureau sportif au sein de l'ABSU, dont les propos trahissent une certaine amertume de voir un courtier du nord réaliser dans une simple transaction -en principe la chasse gardée de l'organisme panarabe- des bénéfices nets de l'ordre de 250.000 dollars, tout en conservant pour lui, insiste-t-il, les droits publicitaires dans les stades et sur les maillots des joueurs, soit 12 millions de dollars. Pour éviter de pareils errements et essayer de susciter chez ses adhérents un sursaut salutaire, unitaire, loin des visions étriquées, à court terme, l'Union de Radiodiffusion des Etats Arabes cible, dans son appel à l'unité, les larges franges du public sportif, les publications spécialisées et les moyens d'information écrite et télévisuelle afin de créer une nouvelle dynamique, fondée sur la concertation et la convergence.