Nicolas Sarkozy a reçu, ce 25 août 2010, le dossier réalisé par la Commission de financement du co-développement en Méditerranée, qui avait pour mission «d'évaluer la capacité des institutions financières actives dans la région à mobiliser des financements et de proposer des pistes de réforme visant à une plus grande coordination et/ou à un renforcement des instruments existants, dans le cadre des projets de l'Union pour la Méditerranée (UPM)». Ses constats sont réalistes et peu encourageants quant à l'efficacité des financements accordés par l'UE. En effet, ce rapport, après analyse de tous les financements bilatéraux, multilatéraux existant dans l'espace méditerranéen, souligne l'insuffisance de financements pour certains secteurs stratégiques, et ce «malgré l'importance des aides octroyées aux pays de la rive sud et est de la Méditerranée (près de 20 milliards d'euros par an)». Il met également en avant les difficultés de financement à long terme des entreprises (surtout des PME et des TPE), ainsi que des grands projets régionaux (eau, plan solaire méditerranéen, développement urbain durable) qui pourraient s'appuyer sur des partenariats public-privé. Pour pallier à cet état de faits, les experts de la commission, issus des deux rives de la Méditerranée, et nommés par Charles Milhaud, ancien président du directoire de la Caisse nationale des Caisses d'Epargne qui sera bientôt en Tunisie pour en discuter, ont proposé la mise en place d'une «institution dédiée au financement du co-développement en Méditerranée». Mais a priori' des marchés financiers efficients devront exister pour permettre le bon fonctionnement de cet établissement financier méditerranéen. Le rapport insiste également sur la nécessité de continuer les réformes entreprises en vue de créer un cadre juridique des affaires adapté et protecteur pour les investisseurs, et d'accroître le transfert de compétences du Nord vers le Sud par la formation d'experts. Pour le financement du co-développement en Méditerranée, ils ont retenu trois pistes: - la création d'une banque de la Méditerranée, via la filialisation des activités FEMIP (Facilités euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat), pilotée par la Banque européenne d'investissement (BEI), qui deviendrait actionnaire majoritaire (entre 35% et 50% de participation) ; - la création ex nihilo d'une banque, ce qui nécessite un capital important ; - la mise en place d'une petite institution à partir des caisses de dépôts et consignations des pays méditerranéens concernés. Bien sûr, pour ses trois suggestions, l'institution méditerranéenne créée «devra être conforme au principe du co-développement et de la co-responsabilité en associant les pays du Sud au capital et à la gestion. Elle devra recevoir une notation AAA pour pouvoir fournir des financements adaptés». L'accélération du co-développement s'appuierait sur l'émission d'obligations publiques ou privées qui, revendues, favoriseraient la profondeur des marchés. Selon Charles Milhaud, la finalité de cet établissement sera de «permettre l'activation des marchés que ce soit dans le capital-risque, le capital développement mais également dans la dette». LLe sommet des chefs d'Etat et de gouvernements de l'UPM, prévu à Barcelone en novembre prochain, étudiera ces options afin de choisir quelle forme prendra la future banque de la Méditerranée. La charrue sera-t-elle mise avant les bufs en voulant accélérer le développement économique des pays méditerranéens, alors que la création de cette banque méditerranéenne serait trop anticipée dans les marchés financiers pas assez matures du pourtour méditerranéen ?