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Union pour la Méditérrannée
Publié dans L'expert le 16 - 07 - 2009

Un an après la création de l'Union pour la Méditerranée il est légitime de poser la question suivante : l'UPM, est ce une idée de génie ou un projet en plus ? La réponse paraîtrait évidente pour certains qui ne croient pas à la bonne volonté des occidentaux de la rive Nord de la méditerranée, elle le paraîtrait moins pour ceux qui croient à une coopération effective nord-sud, avec un partenariat gagnant-gagnant. En effet, le bilan de l'UPM paraît mitigé, pour ne pas dire négatif. Aucune avancée concrète n'a été enregistrée. Les raisons de l'échec de tout projets de partenariat dans le bassin méditerranéen sont multiples (économiques et politiques).
Du dialogue 5+5 au processus de Barcelone en passant par la politique européenne de voisinage pour atterrir enfin à l'UPM, les projets en méditerranée sont tous voués à l'échec. La Tunisie a depuis longtemps affirmé son attachement à cet espace vital pour son économie et son intégration économique et commerciale.

Les raisons d'un échec constant :
L'union pour la méditerranée est une idée annoncée par le président français Nicolas Sarkozy en 2007, et lancée en grande pompe le 13 Juillet 2008. C'est un énième projet pour créer une zone de partenariat et de libre échange entre les deux rives de cette mer. Après un an de son lancement les avancées sur ce sujet ne sont pas perceptibles. Plusieurs projets, tel que celui de l'UPM ont eu le même sort. Les raisons de l'échec de tel projet sont multiples :
- La peur sécuritaire : tous les projets méditerranéens et parmi eux l'UPM avaient un souci sécuritaire. En effet, c'est le Nord qui a peur du Sud. Il y a une peur du terrorisme, du crime organisé et de l'immigration clandestine. Donc, tous les projets proposés par la rive nord, ne partent pas d'une conviction certaine de partenariat et de coopération.
- La démocratie : sous prétexte de manque de démocratie, plusieurs projets dans le cadre de la coopération euro méditerranéenne ont échoué. Le Nord se veut toujours donneur de leçons en matière de démocratie et de droits de l'Homme. Il arrive que l'octroi d'aides ou le financement de certains projets soient conditionnés à des avancées sur certains dossiers de droits de l'Homme. Or la coopération exige qu'il y ait un traitement égal, et pas de conditions ou de leçons.
- L'Union Pour la Méditerranée a changé de conception, passant d'une union de la méditerranée regroupant les pays riverains à une union regroupant toute l'Europe. Le poids d'Angela Merkel dans ce changement de cap était très décisif. Or les pays de l'Union européenne ont des priorités stratégiques différentes en fonction de leur position géographique. L'expérience des projets méditerranéens a montré que l'Europe ne peut pas être impliquée de manière égale dans un vaste projet méditerranéen. On ne peut pas avoir une implication suédoise forte pour la dépollution de la méditerranée au même niveau que l'Espagne ou la France.
- Le problème le plus épineux de la mise en œuvre d'un partenariat dans la méditerranée est sans doute le conflit israélo palestinien. Tout semble conditionné aux avancées réalisées quant au plan de paix dans la région. Or les évènements vont toujours de pire en pire. L'attaque des israéliens sur la bande de Gaza en Décembre 2008 a enterré plusieurs projets et réunions dans le cadre de l'UPM. Les pays arabes ont encore et toujours des réserves contre une union avec Israêl dedans.
- Les pays de la rive Nord ont perdu beaucoup de leur crédibilité au fil de l'échec des projets de coopération. En effet, ces pays sont prêts à tout négocier sauf le sujet de la libre circulation des personnes. Or c'est à ce sujet même que plusieurs pays de la rive Sud veulent obtenir des avancées. Les problèmes liés à l'obtention des visas demeurent encore et toujours un facteur d'échec des projets de coopération Nord-sud.
- Les intérêts américains dans la région méditerranéenne sont importants. Les USA ne le cachent pas, et le font savoir à travers des accords de coopération militaire dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. L'efficacité des américains sur certains sujets tels que les aides militaires et aides au développement ralentit tout projet d'union dans ce bassin. Les américains ont aussi des intérêts stratégiques. En effet, ils cherchent à contrôler une zone qui permet d'atteindre l'Eurasie rapidement.
- Plusieurs projets de coopération dans la méditerranée ont été annulés faute de financement. C'est un problème important dans tous les projets antérieurs. La BEI et son bras financier MEDA ne sont pas capables jusqu'à présent de financer les ambitions des décideurs politiques. Le volet financier de l'UPM semble lui aussi flou. Il est proposé d'intégrer le secteur privé dans le financement et les institutions financières. De l'autre côté, les pays de la rive sud semblent vouloir recevoir plutôt que de contribuer vu les limites de leurs ressources.

La mer de tous les contrastes :
L'UPM est pour certains un leurre. Les deux rives ne peuvent pas coopérer et la méditerranée ne peut pas prospérer parce qu'il y a beaucoup de divergences et incompatibilités. La méditerranée en tant qu'espace géographique et économique présente les caractéristiques suivantes :

- En 1950, 200 millions d'habitants, aujourd'hui 450 millions d'habitants, avec une population dont le tiers vit sur les côtes de la Méditerranée. Avec un total de côtes de plus de 45 000 kilomètres, dont plus de 40% sont déjà occupés par des villes.

- Les historiens calculent la part de la Méditerranée dans le produit mondial autour de 20% au début du XIXe siècle. Nous en sommes à moins de 11% aujourd'hui. Et ce chiffre devrait encore baisser.
- La méditerranée c'est aussi le tiers du tourisme mondial
- 30% du trafic maritime mondial et 25% du transport d'hydrocarbure du monde passe par la méditerranée,
- Il n'y a aucun port significatif en Méditerranée. Les premiers ports de cette mer sont au quarantième ou cinquantième rang mondial,
- Trois pays représentent 80% de la production et du PIB du bassin méditerranéen, Espagne, France et Italie. L'écart de niveau de vie entre les différents pays, est de 1 à 10 entre le revenu moyen des pays du nord de la Méditerranée, et le revenu moyen des pays du sud.
- Près de deux tiers des eaux usées des villes côtières sont rejetées dans la Méditerranée sans aucun traitement.
- 250 000 tonnes d'hydrocarbure y sont lâchés tous les ans, la moitié seulement est due à des accidents, et l'autre, évidemment, au dégazage illégal.
- La pêche ne représente que 2% de la pêche mondiale,
- En 2025, la population des quatre pays de la rive nord va s'accroître seulement de cinq millions d'habitants, si l'immigration ne vient pas compenser cela. La rive sud va augmenter d'au moins 100 millions d'habitants. Au total, il y aura plus de 550 millions d'habitants dans cette zone, dont plus de 60% seront au sud.
- Les moins de 30 ans représentent de 65 à 75% des populations des pays du Sud, alors qu'au Nord on assiste à un vieillissement important des populations.
- La part du PIB de la Méditerranée dans le PIB mondial a enregistré un recul en l'espace de 10 ans, passant de plus de 13 % en 1985 à 11,3 % en 2004. Or dans le même temps, la population de la Méditerranée garde une part constante dans la population mondiale (environ 7%).
- En 2004, le revenu moyen par habitant dans les pays du sud est 5 fois inférieur à celui dans les pays méditerranéens de l'UE-15 (ES, FR, IT, GR). En ce qui concerne le PIB, les 4 pays méditerranéens de l'UE-15 représentent plus de 73 % du PIB Méditerranéen
- Les exportations agricoles des pays de la rive sud de la Méditerranée représentent une grande part de leurs exportations, notamment au Maroc, en Tunisie et en Egypte (respectivement 22, 14 et 13% des exportations totales en 2001). L'UE absorbe plus de la moitié des exportations de produits agroalimentaires des pays méditerranéens et fournit près d'un tiers des importations agroalimentaires de ces pays.

Les prémices d'une avancée :
L'UPM telle que voulue par le président français Nicolas Sarkozy, est une « union de projets ». C'est-à-dire définir des projets communs pour les pays partenaires et les réaliser avec des financements communs. C'est pour cette raison que les premières réunions de l'UPM ont permis de définir 6 projets :
- la dépollution de la Méditerranée,
- un plan pour l'énergie solaire,
- des autoroutes maritimes et terrestres,
- un regroupement des moyens de protection civile,
- une université et un "Erasmus" méditerranéens,
- le développement des PME et la sécurité alimentaire.

Le conflit israélo palestinien semble encore peser sur les travaux de l'UPM, mais avec le temps la machine va se dégraisser. Plusieurs problèmes d'ordre institutionnels restent à régler tel que le secrétariat de l'UPM, les secrétaires et le financement de cette institution. Les 2 dernières semaines ont apporté du nouveau concernant le projet de l'UPM. En effet, il y a eu le 25 Juin dernier la réunion des ministres de l'environnement des pays de l'UPM à Paris, dont l'objet est de traiter les dossiers environnementaux et les plans de réalisation.
Ensuite, s'est tenue à Bruxelles la réunion des ministres de l'économie et des finances de l'UPM pour analyser les dossiers financiers des projets fixés. C'est dans ce cadre que la Commission européenne a annoncé une contribution de 72 millions d'euros pour financer en 2009 et 2010 les projets prioritaires de l'Union pour la Méditerranée. La Commission a débloqué 22 millions d'euros pour la dépollution de la Méditerranée, 7,5 millions pour la construction d'autoroutes maritimes et terrestres, 5 millions pour le plan solaire méditerranéen, 32 millions pour la FEMIP (facilité euro-méditerranéenne d'investissement et de partenariat qui prête au secteur privé) et 1 million pour l'université euro-méditerranéenne de Portoroz (Slovénie).

L'état actuel de la construction euro méditerranéenne a relancé encore et toujours le débat sur la nécessité de la coopération décentralisée avec des partenariats entre les villes et les régions des deux rives.
Certaines voix se sont aussi élevées à accorder un intérêt particulier aux projets avec les pays maghrébins qui présentent une situation acceptable de partenariat, en attendant la résolution des conflits du moyen orient.
Jacques Attali, l'ex ministre français a proposé une idée ingénieuse pour le financement des projets en méditerranée. En effet, lors du forum de paris de 2008, il disait dans une allocution d'ouverture « Où trouver l'argent pour que la Méditerranée devienne une mer propre ? Je crois qu'on peut le trouver en Méditerranée. …. Mais le trafic maritime en Méditerranée va quadrupler dans les vingt prochaines années. Pourquoi n'imaginerait-on pas une taxation des transits non seulement par les passages, mais par ceux qui passent par la Méditerranée ? Alors on dira « Encore un impôt! ». Oui. Mais parce qu'il faut construire des systèmes collectifs d'espace communs, et il n'y a pas de démocratie sans impôt commun, il n'y a pas de projet commun sans ressources communes, et je ne connais pas beaucoup de bateaux qui préféreraient faire le tour de la Méditerranée plutôt que payer pour la traverser. Et je propose que l'on réfléchisse à un financement des projets méditerranéens fondés sur l'assiette du trafic maritime à l'intérieur de la Méditerranée. » Une idée importante à creuser.
L'UPM: leurre de vérité, ou c'est l'heure de vérité qui arrive. Ce sont les prochaines années qui le diront. Reste à affirmer une seule réalité : cet espace géographique a besoin d'une union, loin des querelles politiques.


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