Lors de son élaboration, le XIème Plan de développement a ciblé la réalisation d'un taux de croissance moyen de 6,1% au cours de la période 2007-2011 afin de permettre la création de 412 mille nouveaux postes d'emplois, avec une moyenne de 82,4 mille par an, de réduire le chômage général de 14,3% en 2006 à 13,4% en 2011 et de diminuer celui des diplômés de l'enseignement supérieur de 16% en 2006 à 15,6% en 2011, ce qui est susceptible d'améliorer l'indicateur de rattrapage des pays de l'OCDE. Il s'agit d'un schéma de développement volontariste et innovant, fondé sur un modèle de croissance lié à l'expansion de l'économie du savoir, dont la part au niveau de la productivité au travail est estimé actuellement à 1,4%, soit le double de la moyenne dans la région MENA (2,3% en Asie du sud et 5,3% en Asie de l'est), l'utilisation efficace et efficiente des connaissances, l'exigence du neuf et la recherche permanente de nouvelles sources de rentabilités. Si la Tunisie, révèle l'un des récents rapports de la Banque mondiale, semble avoir enregistré des progrès notables au niveau de la réceptivité à l'économie du savoir durant les dernières années, ces résultats positifs ne sont pas à même de relever les défis de la prochaine décennie, de favoriser la croissance de l'emploi qualifié et de faciliter l'insertion du pays dans la dynamique des forces du marché du Nord, centrée désormais sur l'automatisation massive des activités administratives, l'organisation de la compétition à l'échelle planétaire, l'industrialisation des services à travers la commercialisation des objets nomades et la promotion du goût du travail et de l'effort. D'après certaines instances internationales, sans une percée dans le domaine des TIC, de la numérisation et de la création des connaissances, le taux de chômage dans le pays restera encore à deux chiffres en 2016. Au fait, pour intégrer les entreprises du pays dans les technologies de mouvement et pousser à la créativité, à la mobilité sociale et à l'aspiration au changement, le rapport de la Commission nationale sur l'emploi a recommandé des actions coordonnées pour la mise en place de plusieurs axes, piliers principaux de l'économie du savoir, creuset de l'employabilité de demain. Pour une remobilisation tous azimuts Il est donc urgent de piloter le recentrage de l'économie tunisienne vers les métiers de l'avenir, en veillant, insistent plusieurs experts internationaux, à mettre en cohérence le système de l'éducation et de la formation professionnelle avec ce repositionnement salutaire. Car on ne construit pas une économie intelligente en affichant uniquement les effectifs croissants des diplômés de l'enseignement supérieur. Ceux-ci doivent avant tout s'insérer dans la vie active, s'approprier les meilleurs pratiques en matière de gouvernance, maitriser les enjeux de la révolution technique en cours dans les principaux centres marchands de la planète et dégager une forte valeur ajoutée. En tout état de cause, en dehors de l'amélioration du climat des affaires dans le pays, certains estiment que le XIème Plan n'indique pas clairement les mécanismes, capables de susciter cet élan vital vers les niches de l'employabilité de demain, qui requièrent un cadre réglementaire incitatif, au service de l'accroissement de la valeur ajoutée dans les activités économiques, un système d'innovation bien articulé avec le milieu productif, une infrastructure d'information performante, qui bénéficie au plus grand nombre et une pléiade de capitaines d'industrie, capables de décliner les connaissances développées dans leurs entreprises. Finalement, en dépit des facteurs qui peuvent nous pousser à nous interroger sur la capacité de l'économie tunisienne à réaliser les objectifs du XIème Plan, à créer plus d'emplois et à faire baisser le taux de chômage à moins de 10%, les partenaires internationaux de la Tunisie sont unanimes à considérer l'ensemble des forces vives du pays à même de se mobiliser pour relever le challenge de l'emploi, de la recherche, du savoir-faire exportable et du maintien de l'attractivité du site Tunisie pour drainer les IDE dans un contexte concurrentiel brutal au niveau de la mer intérieure.