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Pour un réveil d'une puissance agricole endormie
Publié dans Business News le 14 - 07 - 2020

Des champs de blé dur et d'orge, des plantations d'oliviers et d'agrumes, le Sahel et son élevage ovin, les palmeraies du sud… la diversité des paysages agraires tunisiens est frappante. Elle nous rappelle que l'ancienne Tunisie, Ifriqiya, fut longtemps le grenier à grain de Rome. Elle reflète l'adaptation et la créativité des hommes et femmes aux diverses conditions agroécologiques. Nombre de familles sont restées attachées au terroir et à la ferme familiale, les héritiers percevant leur part d'huile d'olive, de dattes ou d'oranges. Ces régions aux paysages magnifiques et au potentiel agricole important sont pourtant celles qui présentent les plus forts taux de pauvreté.
En dépit des progrès importants réalisés au cours des trente dernières années, l'agriculture tunisienne semble figée dans le passé et dans l'incapacité de faire face aux nouveaux défis. Malgré un système de captation et de transfert des eaux de ruissellement sophistiqué et ingénieux, l'eau captée est sous-facturée et n'est pas utilisée à sa juste valeur, conduisant à une faible valorisation agricole. Dans le sud, du pays, la production de la célèbre Déglet Nour, internationalement reconnue, rapporte beaucoup à court terme (700M TND en 2019) mais repose sur un pompage intensif des eaux souterraines qui est insoutenable et même dangereux. Pourtant, un modèle de production alternatif existe.
Pour répondre aux exigences des marchés export et des consommateurs urbains, on observe à l'échelon mondial une montée en gamme des produits agricoles. Qu'en est-il en Tunisie ? Si la production d'agrumes a doublé au cours des vingt dernières années, les exportations, essentiellement de maltaises, restent limitées et la Tunisie ne remplit que la moitié de son quota sur le marché européen. Les maltaises tunisiennes sont-elles compétitives ? Sans doute en termes de prix mais elles semblent pâtir d'un déficit d'image par rapport à la qualité proposée par des pays méditerranéens concurrents.
Des efforts ont été consentis pour favoriser l'exportation d'huile d'olive conditionnée et faire de la Tunisie un acteur majeur sur le marché international. Malheureusement, le gros de l'huile d'olive reste exporté en vrac avec une faible valeur ajoutée. Les initiatives privées qui visent à promouvoir une huile tunisienne biologique et une indication d'origine devraient être plus fortement appuyées. Elles valorisent le terroir et l'image de la Tunisie, ciblent des marchés plus rémunérateurs et ouvrent ainsi la voie vers une montée en gamme.
Saisir l'opportunité de la crise de la COVID-19 pour repenser l'agriculture tunisienne et le système de soutien public
Le système actuel de soutiens publics à l'agriculture est complexe, fragmenté et difficile à accéder pour les petits producteurs. La complexité du système donne le sentiment que l'on aide le secteur d'un côté avec des allègements fiscaux et autres mesures avantageuses mais qu'on le bride de l'autre côté avec des prix garantis non rémunérateurs.
En outre, les multiples instruments d'aide agricole et alimentaire pèsent sur les finances publiques dans un contexte post-pandémie de tension budgétaire où il est crucial de maximiser l'impact des dépenses. La crise du coronavirus ne doit pas être le prétexte de s'accrocher à une vision étriquée du besoin de sécurité alimentaire en tant qu'auto-suffisance et de promotion des exportations agricoles limitées à trois ou quatre produits phares. Au contraire, elle doit être l'opportunité de repenser la vision du secteur et des objectifs à long terme et de développer une politique agricole ambitieuse pour (re)faire de la Tunisie une puissance agricole méditerranéenne.
Bâtir la puissance agricole tunisienne sur la diversification et la digitalisation
L'agriculture joue un rôle essentiel dans l'économie, avec une contribution certes modeste au PIB autour de 10% mais à hauteur de 18% de la croissance nationale sur les dix dernières années. Un emploi sur six (un sur deux dans les Gouvernorats du nord-ouest, centre-ouest et sud-ouest) est lié à l'agriculture. Les segments aval et amont de la production agricole sont d'importantes sources d'emplois pour les jeunes diplômés. Le statut de l'agriculteur doit être revalorisé - de simple paysan ou bénéficiaire d'aide à véritable entrepreneur agricole. L'âge moyen des agriculteurs se situe autour de 60 ans, un renouvellement générationnel est crucial pour ne pas perdre le savoir-faire agricole. Réduire la fragmentation du foncier agricole devrait encourager l'installation des jeunes agriculteurs sur des exploitations agricoles viables. Il faut aussi améliorer les conditions de travail, notamment pour les femmes.
Dans un contexte de changement climatique et de dégradation rapide des ressources naturelles, il faut reconnaître le rôle multifonctionnel de l'agriculture tunisienne : production primaire, entretien des paysages et services agro-environnementaux comme la lutte contre l'érosion ou le maintien de la biodiversité. Néanmoins, il faut s'engager dans une diversification pour capturer l'ensemble des opportunités d'une agriculture méditerranéenne : les plantes aromatiques et médicinales, les fruits et légumes frais ou les fruits secs. Au-delà du cliché des plages et de la mer, il faut aussi susciter un renouveau touristique par la valorisation du patrimoine culturel au travers du tourisme rural et des produits du terroir.
Les progrès de la Tunisie en matière de sous-alimentation sont impressionnants (moins de 5% d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition), mais parallèlement on observe une montée rapide des problèmes d'obésité, notamment chez les jeunes (près de 15% des enfants de moins de 5 ans)[1]. Ce taux était inférieur à 10% en 2006 et augmente rapidement. Il faut revoir le modèle alimentaire pour réduire les gaspillages et surtout améliorer les pratiques alimentaires au nom de la santé publique. Doit-on dans ces conditions continuer à subventionner les huiles végétales et le sucre ?
Il faut rediriger des financements publics vers la fourniture de biens publics indispensables à l'agriculture et qui font actuellement défaut comme la recherche agronomique, la formation professionnelle, l'organisation des producteurs, la sécurité sanitaire, les pistes rurales pour l'accès aux marchés. L'adoption de techniques réduisant l'impact de l'agriculture sur les émissions de gaz à effets de serre (y compris la réduction des subventions sur le carburant agricole) doit être valorisée.
Enfin et surtout, il faut se tourner vers le futur et accélérer la digitalisation de l'agriculture. Les innovations numériques, comme les applications de mobile banking pour améliorer l'accès au financement[2] ou de suivi météorologique et des conditions de culture, constituent des outils efficaces d'inclusion des petits producteurs et des femmes rurales dans les filières agro-alimentaires modernes, quels que soient leur niveau d'éducation ou la taille de leur exploitation agricole familiale.[3]
La Banque Mondiale, en collaboration avec la FAO et le FIDA, s'est engagée avec le Gouvernement tunisien dans un exercice d'analyse des soutiens publics au secteur agricole qui pourra déboucher sur une véritable redéfinition de la vision et des objectifs assignés au secteur, sur une recomposition des différents instruments de soutien pour en améliorer l'efficacité, l'efficience et l'équité. Ce travail devra faire l'objet d'un débat avec la profession agricole, le secteur privé mais également les consommateurs. Le Gouvernement entend élaborer une nouvelle stratégie agricole afin de faire face aux défis du secteur, la Banque Mondiale accueille cette initiative avec intérêt et se tient prête à l'accompagner. Profitons de la crise pour repenser le modèle agricole et alimentaire, pour se projeter dans le futur et faire de l'agriculture tunisienne une agriculture de qualité et digitale.

* Tony Verheijen est le représentant résident de la Banque Mondiale en Tunisie.
[1] https://globalnutritionreport.org/resources/nutrition-profiles/africa/northern-africa/tunisia/#profile
[2] https://blogs.worldbank.org/allaboutfinance/much-ado-about-land-rights-how-digital-technology-can-disrupt-agricultural-credit
[3] https://openknowledge.worldbank.org/handle/10986/31565


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