Le modèle agricole tunisien semble, aujourd'hui, atteindre ses limites. Il est temps de le changer, si l'on veut accroître sa productivité, améliorer sa valeur ajoutée et faire en sorte que le produit agricole tunisien s'impose sur les marchés étrangers. Le chef du gouvernement, qui a inauguré, hier, la 13e édition du Siamap, a mis l'accent sur la nécessité d'améliorer les revenus de l'agriculteur, maillon essentiel de la politique agricole et de la réforme du secteur. Youssef Chahed a inauguré, hier matin, au Parc des expositions du Kram, dans la banlieue nord de la capitale, la 13ème édition du Salon international de l'agriculture, du machinisme agricole et de la pêche (Siamap 2017), placée sous le signe de l'innovation et de l'excellence. Cette manifestation biennale, qui se poursuit jusqu'au 5 novembre, a vu la participation de plus de 500 exposants venus de 36 pays. La Turquie a été accueillie en tant qu'invitée d'honneur. Accompagné du ministre de l'Agriculture, des Ressoruces hydrauliques et de la Pêche et du président de l'Utap, M. Chahed avait, sous les projecteurs des caméras, fait le tour des pavillons que compte ce salon, ainsi que les différents stands bien aménagés sur une superficie de 20 mille m2. Lors de sa visite, il a pris connaissance des produits exposés et de l'état des lieux d'un secteur, certes, productif, mais encore loin des objectifs stratégiques dont la sécurité alimentaire. Toutefois, dans les trois grands halls d'exposition, il y a de quoi se réjouir : valorisation des produits du terroir, machinisme agricole de pointe, savoir-faire reconnu, mains-d'œuvre hautement qualifiée, techniques de recherche assez développées et une forte présence féminine dans le secteur. La femme agricultrice, acteur agissant N'empêche, il y a encore beaucoup à faire, en termes de productivité et de rendement. Ce qu'a tenu à souligner le président de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche(Utap), M. Abdelmajid Ezzar, lors de son mot de bienvenue, en guise de chef d'orchestre du salon. Il s'agit, à vrai dire, d'une manifestation d'envergure qui se veut une opportunité pour hisser le secteur à des paliers supérieurs, étant donné que la Tunisie se dote d'un savoir-faire et de compétences en la matière. «Mais, jusque-là, on n'arrive pas à relever les défis de la productivité et du rendement, surtout dans un environnement naturel secoué par les effets des changements climatiques», admet-il. Autre problème à ne pas oublier, la question de l'eau. Et M. Ezzar d'ajouter que plusieurs ateliers scientifiques et de recherche seront également de la partie, en marge de ce salon. Prenant la parole, Mme Ines Ben Saâd Nagra, membre exécutif de l'Utap et directrice du salon, commence par remercier ses sponsors et partenaires, puis fait valoir le rôle de la femme agricultrice et la place qu'elle occupe à l'échelle africaine. Des pas franchis, mais ! Dans son allocution d'ouverture officielle, M. Youssef Chahed a souligné la portée d'une telle manifestation d'envergure internationale. Cela dit, l'agriculture tunisienne a franchi des pas importants. «Au vu de nos produits variés et de nos technologies avancées, l'on peut dire que le secteur avait, depuis l'indépendance, tout mis à profit en matière de ressources hydriques, de sécurité alimentaire, d'exportation et d'approvisionnement du marché local», a-t-il fait remarquer. Mais, malgré ces résultats positifs, a-t-il indiqué, le modèle agricole tunisien semble, aujourd'hui, atteindre ses limites. D'où, il est temps de le changer, à même d'accroître sa productivité, améliorer sa valeur ajoutée et faire en sorte que le produit agricole tunisien s'impose sur les marchés étrangers. Le revenu de l'agriculteur, a-t-il insisté, devrait être revu à la hausse, l'agriculteur étant le maillon essentiel de la politique agricole tunisienne et doit être au centre des réformes. Il est aussi question d'améliorer le climat d'investissement agricole en lui favorisant les conditions d'incitation nécessaires à son développement. Le chef du gouvernement a, à ce titre, souligné que le projet de loi de finances 2018 comporte plusieurs mesures au profit du secteur agricole dont l'activation du fonds des catastrophes naturelles, assurant que la nouvelle loi de l'investissement, qu'il a qualifiée d'audacieuse, garantit au secteur encouragements et incitations. «Le secteur agricole peut réaliser des résultats respectables au niveau de la productivité, grâce aux mesures prises en sa faveur sur le moyen terme, soulignant que la Tunisie reste un pays agricole par excellence», a encore indiqué le chef du gouvernement qui n'a pas manqué de saluer le rôle de l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche en tant qu'organisation nationale et partenaire du Document de Carthage dans l'encadrement des agriculteurs et la promotion du secteur. Samir Taieb annonce : Le fonds des catastrophes naturelles sera activé en 2018 Le ministre de l'Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Samir Taïeb, a indiqué que l'activation du fonds des catastrophes naturelles estimée à la valeur de 60 millions de dinars, aura lieu au cours de l'année 2018. Il a indiqué mardi dans une déclaration à l'agence TAP, en marge de l'ouverture de la 13e édition de la Siamap, que le gouvernement contribuera à financer ce fonds par une enveloppe de 20 millions de dinars en plus de la somme de 20 MD au titre de la contribution des agriculteurs, des pêcheurs-marins et le reste en tant que contributions de la collectivité nationale. Il a indiqué que le projet de la loi de finances pour l'année prochaine stipule la création de ce fonds, rappelant qu'il a été revendiqué auparavant par les agriculteurs depuis plusieurs années. D'autre part, les superficies consacrées à l'agriculture biologique au gouvernorat du Kef ont atteint 12,5 mille ha, en augmentation par rapport aux dernières années, a indiqué le chef de service de l'agriculture biologique au Commissariat régional au développement agricole (Crda), Slaheddine Hamdeni. Parmi ces superficies, 2,5 mille ha d'arboriculture dont des oliviers et des arbres fruitiers, a-t-il souligné. Le Kef, a-t-il ajouté, est la seule région spécialisée dans la production d'œufs bio, outre l'huile d'olive bio destinée à l'exportation, ainsi que les huiles essentielles et médicinales. Des femmes issues du milieu rural ont réussi leurs projets ayant trait à la distillation des plantes biologiques pour l'extraction d'huiles essentielles et médicinales destinées à l'exportation, selon la même source. La production agricole biologique dans le gouvernorat du Kef a ainsi enregistré une nette évolution au cours des dernières années, a-t-il affirmé.