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Une guerre où tous seront perdants
Publié dans Business News le 14 - 07 - 2020

La guerre couvait depuis quelques jours entre Ennahdha et Elyes Fakhfakh, chef du gouvernement. C'est hier, 13 juillet 2020, qu'elle a été officiellement déclarée avec l'annonce d'un remaniement qui concernerait les ministres nahdhaouis au sein du gouvernement. Plusieurs personnes se sont félicitées de cette manœuvre mais à y voir plus clair, il s'agit d'une fuite en avant plus que d'un geste politique maitrisé. Analyse.

Pendant que les ministres des Finances, des Grands Projets et de la coopération internationale (Nizar Yaïche, Lobna Jeribi et Selim Azzabi, respectivement) nous expliquaient avec force chiffres à quel point la Tunisie est mal en point, la scène politicienne était occupée à régler ses comptes. Le dossier de conflit d'intérêts du chef du gouvernement a porté un coup fatal à la crédibilité de son action à la tête de la Kasbah et a fait que le gouvernement est devenu plus proche de la gestion des affaires courantes que d'une réelle action. Dans cette situation, Elyes Fakhfakh avait le choix entre deux options : Démissionner ou aller vers la confrontation. Il semble clair qu'il a opté pour la deuxième option.
Autre fait important, Elyes Fakhfakh a réussi, sans doute profitant d'une certaine naïveté, surtout venant de la présidence de la République, à faire de son dossier de suspicion de conflit d'intérêt une affaire politique. Il faut lui avouer le talent d'avoir convaincu qu'il s'agit d'une affaire qui serait inventée de toute pièce dans le seul objectif de lui nuire. D'ailleurs, la communication de la Kasbah a appuyé sur ce point dans de précédents communiqués, où les critiques visant le locataire de la Kasbah étaient qualifiées de « campagne de dénigrement ». Dans le communiqué annonçant le remaniement prochain, la présidence du gouvernement écrit que l'affaire de conflit d'intérêts a été « gonflée » et que l'opinion publique a été mobilisée puis trompée. La Kasbah ajoute que ce dossier a été utilisé pour détruire la crédibilité d'Elyes Fakhfakh et du gouvernement pour le détourner des réformes et des changements qu'il a initiés et qui ne plaisent pas à certains. Il faut dire que l'on ne manque pas d'audace à la Kasbah la carte de victimisation dans un dossier qui fait l'objet des trois enquêtes distinctes : judiciaire, parlementaire et administrative. Le vrai détournement est de mettre ce dossier au cœur du conflit politique entre les trois présidences.
L'avant-dernier acte de cette tragédie dont la Tunisie sera seule à payer le prix a été l'intervention du président de la République. Dans un légalisme qui ne lui est pas étranger, Kaïs Saïed a vigoureusement fermé la porte à toute négociation sur un possible changement à la tête de la Kasbah tant que la situation juridique de Elyes Fakhfakh n'a pas changé. Cette déclaration était pour la galerie et pour récolter des points dans la bataille qu'il livre depuis déjà longtemps à Ennahdha. Mais dans les coulisses, certains échos évoquent une entente entre les deux chefs de l'exécutif pour « avoir la peau d'Ennahdha » et que c'est uniquement l'entrée de Elyes Fakhfakh dans cette bataille qui lui garantit un sursis à la tête de la Kasbah. Donc Kaïs Saïed « utiliserait » Elyes Fakhfakh comme le bras par lequel il parviendrait à écarter le parti islamiste du pouvoir. Pour Fakhfakh, il n'y a pas grand-chose à perdre puisqu'il est sur un siège éjectable depuis l'éclatement de l'affaire de conflit d'intérêts. Et puis, une éventuelle réussite dans cette manœuvre lui attirerait la sympathie des anti-Ennahdha. D'un autre côté, une telle démarche permet aussi au président de la République de s'attirer une certaine sympathie. Ceux qui le honnissaient, particulièrement sur les réseaux, ont subitement trouvé en lui un héros qui s'attaque frontalement à Ennahdha et ont multiplié les acrobaties intellectuelles pour lui trouver des listes interminables de qualités. Et puis soutenir Elyes Fakhfakh dans cette bataille permet aussi à Kaïs Saïed de faire oublier qu'il est à l'origine de sa nomination et que c'est lui qui avait estimé qu'il était le plus à même de conduire le pays en cette phase délicate. C'est aussi une part de crédibilité politique à lui qui a été perdue dans cette affaire de conflit d'intérêts, lui qui est tellement attaché à l'intégrité et à la rectitude.

La grande inconnue aujourd'hui reste la réplique que va faire le parti Ennahdha. Au niveau du constat, deux choses sont importantes à prendre en considération. Le parti islamiste n'a jamais été aussi isolé sur la scène politique et les soutiens apportés par Al Karama et Qalb Tounes sont aussi fragiles que volatiles. Cette optique de « Ennahdha contre tous » est la hantise du parti islamiste depuis des années, c'est d'ailleurs pour cette raison que le parti avait entamé son processus de « tunisification ». La deuxième chose est que le parti Ennahdha doit réviser la certitude qu'il peut manœuvrer tranquillement en toute quiétude sans avoir d'opposition. La certitude de maitriser la scène politique tunisienne est sérieusement mise à mal. Il existe également un autre problème auquel le parti devra faire face : comment vont se comporter les ministres d'Ennahdha au gouvernement ?
Selon certains échos, Elyes Fakhfakh se contenterait de virer les ministres Ennahdha qui étaient d'accord avec la décision du conseil de la Choura de mandater Rached Ghannouchi pour trouver un remplaçant. Les autres ministres Ennahdha devraient suivre le mouvement et démissionner par solidarité partisane. Si cela n'est pas le cas, un autre coup serait porté à la cohésion interne au sein d'Ennahdha. Il y a également lieu de s'interroger sur la manière dont agira un ministre comme Abdellatif Mekki, qui n'était pas favorable à la décision de la Choura et qui est un opposant, au moins au niveau interne, à Rached Ghannouchi.

Les soubresauts de la vie politique tunisienne prennent un tournant dangereux et inédit. Jamais les conflits entre les trois présidences n'ont été aussi prégnants et aussi « déclarés », même lors des batailles de palais de feu Béji Caïd Essebsi, Nidaa Tounes et Youssef Chahed. A l'heure où la situation économique est au plus mal et où l'on risque une explosion sociale, les gouvernants de la Tunisie réglent leurs comptes au prix d'un temps précieux et irrattrapable. Pour rappel, Béji Caïd Essebsi est décédé le 25 juillet 2019, donc cela fait près d'un an que l'exécutif tunisien n'a pas bénéficié de la stabilité nécessaire à une quelconque avancée. Un an de stagnation dont la Tunisie n'a pas les moyens.


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