Le bâtonnier de l'Ordre national des avocats tunisiens (Onat), Brahim Bouderbala, a appelé, lundi 23 novembre 2020, à l'ouverture d'une enquête minutieuse afin de vérifier les accusations que l'ancien procureur de la République, Béchir Akremi, et le premier président de la Cour de cassation, Taieb Rached, se sont lancées la semaine dernière. Brahim Bourdebela est revenu sur cette affaire ainsi que l'évolution de la situation dans le monde de la justice tunisienne, dans son intervention dans la Matinale de Hamza Belloumi sur les ondes de Shems FM. Qualifiant les accusations que les deux juges se sont lancées de « dangereuses », le bâtonnier de l'Ordre des avocats a soutenu que la justice tunisienne se devait d'enquêter sur cette affaire si elle souhaite sauver son image. « Si la justice passe cette affaire sous silence, elle perdra de sa crédibilité et la confiance des citoyens », a-t-il signalé. La semaine dernière, Taieb Rached a accusé son confrère Béchir Akremi d'avoir couvert des affaires de terrorisme en lien avec les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. M. Akremi a, lui, accusé le premier président de la Cour de cassation d'avoir illégalement acquis certains biens. Cette affaire a éclaté sur la toile après que des rapports et des correspondances portant sur la levée de l'immunité de Taieb Rached aient fuité massivement sur les réseaux sociaux. Un acte qui a été dénoncé par l'Association des magistrats tunisiens (AMT). Celle-ci a, d'ailleurs, appelé le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) à agir rapidement. Interpellé sur le rôle du CSM dans cette affaire, Brahim Bouderbala a exprimé sa préoccupation face au silence du Conseil supérieur de la magistrature soulignant que celui-ci était, en effet, en proie au conflit et aux tiraillements entre deux camps. A lire également L'AMT réagit à l'affaire Taieb Rached – Béchir Akremi Brahim Bouderbala a, par ailleurs, jugé « malheureux » ce qu'il se passait dans les tribunaux tunisiens pointant du doigt le chevauchement de la politique et de la justice. Il a, dans ce sens, condamné la partialité de certains juges agissant en fonction de leurs orientations politiques et partisanes. « L'intervention de la politique dans la justice est devenue une évidence. On a mis dans la tête de nos juges qu'ils pourraient accéder aux postes de ministre, d'ambassadeur ou de directeur général… Ce qui est, d'ailleurs, tragique », a relevé, le bâtonnier de l'Ordre des avocats.
N.J. A lire également Des accusations lancées entre Taieb Rached et Béchir Akremi agitent la toile