Kairouan a entamé une grève générale jeudi 3 décembre 2020. Décrétée depuis le 21 novembre par le bureau exécutif élargi de l'Union régionale du travail de Kairouan, cette grève générale est le point d'orgue des protestations ayant agité le gouvernorat depuis des semaines. Le syndicat a décidé une série de protestation pour « protester contre le blocage de projets décidés au profit de la région outre le fait que les autorités aient ignoré les revendications de la région relatives au développement et à l'emploi. Ce qui a conduit à ce que la région occupe le premier rang en termes de pauvreté, de chômage, de crime, d'abandon scolaire, de détérioration des services de santé et d'éducation outre l'effondrement du système agricole. », a déclaré le secrétaire général régional de l'UGTT. A lire également Samir Cheffi à Kairouan : Nous sommes une seule nation et un seul peuple !
Le fait est que Kairouan affiche les taux de pauvreté les plus élevés en Tunisie. Le rapport de l'Institut national de la Statistique (INS), publié en septembre 2020, présente une carte de la pauvreté en Tunisie. Et selon ce rapport le gouvernorat du Centre-ouest, constitués de 13 délégations affiche un taux de pauvreté de 29,3%. Il s'agit du troisième taux le plus élevé du pays après le Kef et Kasserine, malgré la proximité géographique du gouvernorat avec les régions les plus riches.
A Kairouan, le taux de chômage est de 16,96% et d'analphabétisme est de 35%. La majorité des délégations sont rurales avec une forte concentration de la population urbaine dans le chef-lieu du gouvernorat. Un déséquilibre régional qui a engendré des disparités importantes des taux de pauvreté entre les délégations. Ainsi, Oueslatia, El Ala et Hajeb Laâyoun, affichent des taux de pauvreté les plus élevés, avec respectivement 40,9%, 38,3% et 36,6%. Ces délégations relève l'INS, se caractérisent aussi par les taux d'abandon scolaires les plus importants. Les délégations les plus pauvres de Kairouan sont caractérisées aussi par une agriculture vivrière, une faiblesse au niveau de l'infrastructure de base, un niveau d'instruction très faible de la population et un exode rural assez important.