Visa H-1B : Trump ferme la porte aux talents étrangers    Tunisie : Moins d'accidents, mais plus de morts sur les routes en 2025    Rome : Un Tunisien expulsé pour mariage fictif afin d'obtenir un titre de séjour !    Le ciel en spectacle : éclipse solaire partielle ce 21 septembre    Coupe de la CAF – Entrée en lice de l'ESS face à Ahli Wad Madani à l'Azam Complex Stadium (14h00) : Se rassurer dès l'aller    Ligue 1 – 7e journée – Matches avancés – CSS : Attention à la marche !    Ligue 2 — 1ère journée : L'UST-l'USBousalem, l'affiche    Plus de vingt grossistes et intermédiaires arrêtés lors d'une campagne contre la spéculation    Alerte météo : un puissant changement attendu en Tunisie dès la semaine prochaine    Retour des pluies : intensité accrue entre mercredi et dimanche prochains    Demain, éclipse partielle du soleil    Cinéma : Dorra Zarrouk et Mokhtar Ladjimi sous les projecteurs du Festival de Port-Saïd    Six mois de prison pour avoir braqué un faux fusil d'assaut sur la police    Schengen : ce que le nouveau système européen va changer pour les Tunisiens    Mise à niveau industrielle : 110 MD investis dans quatre secteurs    Pourquoi le dinar tunisien continue de se déprécier face à l'euro, malgré la croissance ?    Tunisie-Chine : inauguration d'un Centre de Formation en Médecine Traditionnelle Chinoise    Commentaire : Le pouvoir au peuple, non aux marionnettistes de coulisses    Mustapha Mnif: Vivre pour autrui    Ahmed Ounaies : la décision marocaine sur les visas est «naturelle» et liée à la sécurité    Le Portugal reconnaîtra officiellement la Palestine ce dimanche    Plus de 400 000 élèves bénéficient d'une aide financière    Tunis accueille la 3e conférence internationale sur la pharmacie en oncologie    Les Etats-Unis pourraient percevoir des milliards de dollars dans le cadre d'un accord sur TikTok    Maroc, Kaïs Saïed, migration…Les 5 infos de la journée    Boubaker Bethabet reçoit les félicitations d'Anas Hmaïdi pour son élection au bâtonnat    Sherifa Riahi : Intersection pointe des violations subies en détention    Le président Saïed dénonce une campagne de déstabilisation depuis l'étranger    La pièce de théâtre tunisienne « Faux » triomphe en Jordanie et remporte 3 prix majeurs    L'ombre comme ennemi, le vide comme allié    Hôpital Mongi Slim : inauguration d'un centre de formation en médecine traditionnelle chinoise et 7 unités de soin    L'huile d'olive tunisienne : les prix s'effondrent malgré la hausse des exportations    Liste des collèges et des lycées secondaires privés autorisés en Tunisie pour l'année scolaire 2025-2026    Israël promet « une force sans précédent » à Gaza-ville    Youssef Belaïli absent : La raison dévoilée !    Travaux dans le sud de la capitale : prolongation de la déviation nocturne à Ben Arous    Coupe du monde 2026 : l'Afrique du Sud menacée d'une lourde sanction !    USMO : fin de l'aventure pour Victor Musa    Kais Saied dénonce les coupures intentionnelles d'eau et d'électricité et critique la gestion administrative    La Société ''El Fouladh'' lance un concours externe pour embaucher 60 agents    Open de Saint-Tropez : Moez Echargui qualifié pour les quarts de finale    La Tunisie gagne des places dans le classement de la FIFA    Sfax célèbre l'humour à l'hôtel ibis avec ibis Comedy Club    La Bibliothèque nationale de Tunisie accueille des fonds de personnalités Tunisiennes marquantes    Fadhel Jaziri: L'audace et la norme    "The Voice Of Hind Rajab » film d'ouverture du Festival du film de Doha    Mois du cinéma documentaire en Tunisie : une vitrine sur le cinéma indépendant et alternatif    Fadhel Jaziri - Abdelwahab Meddeb: Disparition de deux amis qui nous ont tant appris    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Avant le chaos - La crise actuelle et la nécessité d'un humanisme en politique
Publié dans Business News le 06 - 01 - 2021

La Tunisie vit une crise sans précédents, tout le monde en parle, tout le monde s'inquiète et retient son souffle. La crise est là, elle est palpable, vécue, et perçue de plusieurs manières par les acteurs économiques, sociaux et politiques. Elle concerne tous les aspects de la vie quotidienne et nous plonge dans les aléas de l'incertitude et des questionnements sur le devenir de notre pays.

La crise actuelle ne peut être abordée en dehors du contexte historique et en particulier de « la révolution tunisienne ». Ce grand moment historique de notre pays est un phénomène chargé de sens qui a impacté la vie des Tunisiens et qui continue de le faire. Dix ans après, nous sommes tous interpelés par cette histoire et nous avons l'obligation et la nécessité d'interpréter historiquement ces faits pour tenter une compréhension de la crise actuelle.

Plusieurs lectures de la crise sont possibles. Il ne s'agit pas de déterminer qui a raison ou qui a tort, mais il s'agit d'assumer son rôle citoyen et de proposer une réflexion dans l'espoir d'apporter un éclairage sur l'ampleur, l'intensité et les causes de cette crise, dans l'espoir de l'émergence de pistes de dégagement.
Il s'agit en quelque sorte d'appel « avant-le-chaos » afin de solliciter les esprits libres, critiques et vaillants dans l'espoir de créer un sursaut prometteur pour le déclenchement de réponses actives, programmatiques et salvatrices. Nous devons combattre le fatalisme et se positionner comme questionneur de ce « chaos annoncé », pour susciter un plus grand sursaut de conscience. Les choses ne changeront pas si on se contente d'être triste et consterné par la perte de nos valeurs ou bien inquiet et choqué par la dégradation de nos institutions ou encore par cette descente aux enfer de notre vivre en commun. C'est cette émulation collective, ce rôle citoyen de veille et de vigilance dont le pays a besoin en ce temps difficiles.

Dans cette crise les risques et les menaces sont élevées et variées mais tout porte à croire que l'humain en nous serait certainement au cœur de la tourmente.
Nous supposons que dans la crise actuelle l'« Esprit » de notre pays ( المهجة ) est malade, qu'il est gravement atteint, qu'il a déjà altéré « l'humain » en nous et que cela peut être le lieu de tous les dangers et même de la perte de notre pays tel que nous l'avons connu, aimé, idéalisé intériorisé et approprié . Nous pouvons déjà constater cela aisément dans les comportements, dans les interactions sociales, dans les dynamiques collectives et dans les discours produits ici et là. Nous pouvons également le constater dans la « déligitimation » mutuelle des acteurs politiques ouvrant ainsi la porte à toutes les tentations extrêmes et radicales.

C'est cet esprit enraciné dans des valeurs humanistes, dans des faits historiques marquants et dans un idéal humaniste sans cesse renouvelé et enrichit qui a animé les grands projets de transformation civilisationnelle de notre pays. De tout temps la Tunisie a pu trouver à des époques variées la posture, la matière et les ressources nécessaires pour jouer un rôle civilisationnel dont nous sommes fières et qui doit continuer à nous inspirer et à nous insuffler une énergie pour concevoir un avenir meilleur pour les générations futures. Cet esprit fait partie de notre identité, de notre histoire et de notre culture. Les fervents démocrates, les militants de la justice sociale, les bâtisseurs de ce pays, les pères de l'indépendance, les générations de réformateurs, pour ne citer que ces exemples, hommes et femmes, tous se sont inspirés de cet esprit qui les a animés pour mener leurs combats et défendre les grandes causes connues de notre histoire. Ce lègue humaniste est une responsabilité, c'est aussi une histoire commune qui nous lie, qui nous parle et qui nous guide.
La difficulté actuelle à asseoir un projet politique pluraliste, viable, prometteur, démocratique, qui revigore l'Etat, qui redessine le pacte social et qui s'inscrit dans le sens de l'histoire du pays nous plonge dans la tourmente. Un projet politique conçu sur des instituions de qualité capable de garantir la dignité, la liberté et la justice sociale, capable de gérer la différence, capable de libérer les énergies et de consolider l'unité nationale, capable de donner la capacité aux population vulnérables et affectée par les restrictions et les exclusions multiples, capable de corriger les inégalités et d'offrir un horizon de prospérité ; cet échec-là est lourd de conséquence.

Dans ce contexte, le danger du « populo/fascisme » rampant se profile et vante une « nouvelle ère » à vocation de restaurer le paradis perdu sur les décombres d'un présent considéré de manière anhistorique, perçu comme inutile et jugé comme décadent ; offrant ainsi une interprétation déshumanisée de l'histoire du pays et une lecture quasi apocalyptique de l'expérience politique en difficulté et en mal de repères et d'humanisme. D'autres monstres tout aussi dangereux peuvent se libérer et détruire ce qui en reste de notre « humanité » et semer la désolation.
Mais il ne s'agit que de difficultés et non d'une fatalité. Il s'agit également de notre pays à tous, « bad guys » et « good guys » (dieu reconnaitra les siens). Il s'agit de notre salut collectif en tant que nation. Nous devons éveiller notre conscience, stimuler l'intelligence collective et nous entraider afin d'apporter une autre interprétation du drame contemporain qui se déroule sous nos yeux et donner une autre répartition des responsabilités.

Nous devons tenter cette réflexion et mener cette interprétation pour médiatiser non seulement entre les factions politiques survoltées par la crise et obnubilées par la dynamique du conflit et du pouvoir ; mais également pour médiatiser entre le passé le présent et le futur dans l'espoir de produire des Idées dans lesquelles la conscience collective peut espérer trouver des remèdes à la maladie de l'esprit de la nation et retrouver le sens de l'histoire.

*Fethi TOUZRI : Médecin et homme politique


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.