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Liberté de la presse : l'atmosphère n'est pas à la fête !
Publié dans Business News le 03 - 05 - 2021

Le monde célèbre le 3 mai la liberté de la presse. En Tunisie, l'humeur n'est pas à la fête tant la situation de la presse est difficile. L'impact de la crise sanitaire s'est lourdement fait ressentir sur les entreprises que sont les organes de presse, mais pas seulement. La tension politique qui rythme la scène tunisienne fait que la presse tunisienne est régulièrement prise à partie par les acteurs politiques.
Thomas Jefferson disait : « Notre liberté dépend de la liberté de la presse, et elle ne saurait être limitée sans être perdue ». Même si ces mots viennent d'un homme politique décédé en 1826, il semble que cette conscience ne soit pas encore parvenue à un certain nombre d'acteurs de la vie politique tunisienne. La presse tunisienne fait régulièrement l'objet d'attaques, d'incitations et parfois d'appels à la violence depuis près d'une dizaine d'années. Sous le règne de la Troïka, en 2012 et 2013, des attaques ont été orchestrées par le parti au pouvoir, Ennahdha, notamment par l'organisation d'un sit-in autour de la Télévision nationale ou par les discours haineux de leaders comme celui de Habib Ellouze.
La même atmosphère délétère semble se dessiner en 2020 et 2021 à cause d'une bipolarisation politique accrue et d'un climat général tendu. Pour défendre la presse, le syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a, à deux reprises, décidé le boycott de deux acteurs politiques : la coalition Al Karama et Abir Moussi. La coalition islamiste radicale, menée par Seif Eddine Makhouf, a attaqué et incité contre les médias tunisiens à plusieurs reprises.

Un extrait du rapport de Reporters Sans Frontières en atteste clairement : « Depuis son élection en 2019, le chef de la coalition islamiste et populiste Al Karama, Seif Eddine Makhlouf, s'en prend régulièrement aux journalistes en les agressant verbalement dans l'enceinte même de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) et sur les réseaux sociaux, en les traitant de "médias de la honte", de "menteurs" ou encore de "canailles voulant détruire le pays et la révolution ». C'est dans le même rapport que l'on apprend le déclassement de la Tunisie dans le baromètre de la liberté de la presse qui passe de la 72ème à la 73ème place en 2021. L'ensemble des membres de la Coalition Al Karama se font un devoir de dénigrer et d'attaquer les médias et les journalistes tunisiens en les accusant de divers maux.



C'est ainsi que la décision du SNJT de boycotter la coalition Al Karama est tombée le 10 octobre 2020.



Les attaques contre les médias ne sont pas exclusives à la coalition Al Karama, même si celle-ci reste largement en tête de ce funeste classement. La présidente du parti destourien libre, Abir Moussi, s'est également adonnée à la pratique d'attaquer et de dénigrer les médias et les journalistes tunisiens. Cette rancœur est sortie à l'occasion de la décision prise par le bureau exécutif élargi du SNJT de boycotter les activités de Abir Moussi, suite à une altercation avec le journaliste Sarhane Chikhaoui à l'Assemblée.


Refusant mordicus de présenter des excuses au journaliste en question, Abir Moussi n'a pas manqué d'évoquer les médias tunisiens en termes injurieux à chacun de ses meetings populaires. Pour elle, les journalistes tunisiens sont sous les ordres des islamistes et particulièrement de Rached Ghannouchi et c'est pour cette raison qu'ils s'acharneraient sur elle avec cette décision de boycott. En somme, la même rhétorique que celle utilisée par Al Karama, selon laquelle la presse tunisienne est animée par des intérêts politiciens et qu'elle est aux ordres de telle ou telle partie politique.
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Ces décisions de boycott ont animé les réunions de rédaction au sein de plusieurs médias tunisiens, pour ceux d'entre eux qui en organisent. L'arbitrage n'a pas été facile entre la nécessité pour la presse tunisienne de se défendre contre ses attaques régulières avec l'arme du boycott, et le droit des citoyens à l'information. Toutefois, il est largement admis que les attaques dont fait l'objet la presse tunisienne ne sont jamais punies et sont « admises » par les autorités exécutives au niveau du gouvernement, et législatives au niveau du parlement. Aucun des politiciens qui se sont attaqués à la presse n'a eu droit à ne serait-ce qu'une remontrance de la part des autorités. Il est clair que les attaques contre la presse et les médias jouissent d'une totale impunité.
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Par ailleurs, la presse tunisienne ne doit pas seulement faire face à la menace politique. La menace économique est bien plus dangereuse pour la pérennité des organes de presse tunisiens. L'exemple le plus flagrant vient de la gestion catastrophique des médias publics et confisqués. Les dernières péripéties vécues par l'agence officielle Tunis Afrique Presse, au niveau de sa direction générale, et par Shems FM, radio confisquée, sont des illustrations parlantes. Mais de façon plus générale, la crise économique qui date de quelques années en Tunisie a été fortement accentuée par la crise sanitaire liée au Covid-19. Les organes de presse étant des entreprises comme les autres, ils n'ont pas été épargnés. Le modèle économique des médias tunisiens est essentiellement basé sur la publicité. Le marché publicitaire tunisien est assez restreint et pousse les médias à une concurrence sauvage basée sur les prix. Avec la crise sanitaire, un grand nombre d'annonceurs ont contracté leurs budgets publicitaires, ce qui a eu un impact direct sur la situation financière de l'ensemble des médias de la place.
Aujourd'hui, les médias qui n'arrivent plus à payer les salaires ou qui sont en défaut vis-à-vis des services fiscaux ou de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) sont bien trop nombreux. A la suite d'une réunion avec l'ancien chef du gouvernement Elyes Fakhfakh, le 23 mars 2020, la fédération tunisienne des directeurs de journaux évoquait déjà « la crise suffocante imposée au secteur de la presse écrite et électronique ». Les mesures d'accompagnement et d'aide aux médias tardent à venir même si lors d'une réunion avec les représentants syndicaux des organes de presse, Hichem Mechichi assurait, le 9 octobre 2020, que « la réforme des médias et l'amélioration des conditions économiques sociales à travers la concertation permanente avec les représentants du secteur constitue l'une des priorités du gouvernement ».
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La liberté de la presse ne semble toujours pas être au cœur des convictions des acteurs de la vie politique tunisienne. Les partis et le gouvernement cherchent des médias aux ordres et ne reculent devant aucune manœuvre pour garantir leur allégeance, même au prix de leur crédibilité. Ce combat est d'actualité depuis la révolution de 2011, même si les acteurs changent. La menace aujourd'hui, pour le citoyen tunisien, est qu'il pourrait ne plus y avoir de médias pour l'informer et pour l'aider à construire sa propre opinion. La crise économique ne laisse pas de choix aux médias : se vendre au plus offrant, avec toutes les menaces que cela comporte, ou péricliter.

Marouen Achouri


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