La députée d'Attayar, Samia Abbou, a sévèrement critiqué le décret présidentiel du 22 septembre 2021, spécifiant les dispositions transitoires. Pour elle, le président de la République Kaïs Saïed a été lâche et escroc, n'ayant pas dissout le parlement et ouvertement affirmé la suspension de la constitution : chose qui le sort définitivement de la légitimité, selon elle. Au micro de Wissal Kasraoui et Chaker Besbes dans une déclaration à l'émission Win Inti Win Ahna sur les ondes de Shems FM, l'élue a martelé : « La décision qu'a prise le chef de l'Etat n'est pas courageuse : il poursuit le gel du parlement, les primes et les avantages accordés aux élus mais sans priver ses derniers de leur statut de député. Pourquoi, il n'a pas dissout le parlement ? La réponse est qu'il n'avait pas le courage de le faire et c'est un escroc qui a outrepassé les lois ». « Concrètement, il a eu peur de dire qu'il a gelé la constitution et gelé le travail avec le chapitre du pouvoir législatif, car il a eu peur de tomber dans l'illégitimité ayant gelé l'article 80 », a-t-elle expliqué. Et de spécifier qu'il y a parmi les élus plusieurs qui sont des fonctionnaires à la base et qui ont été rattachés au parlement : ces élus seront privés de leurs salaires des deux côtés (fonction publique et parlement) alors qu'ils ont des familles à nourrir et même s'ils pensent à démissionner à qui vont-ils présenter leurs démissions ? Le chef de l'Etat n'a même pas pensé à ça, a-t-elle noté. Mme Abbou a estimé ainsi qu'« avant le 22 septembre, on avait un chef d'Etat et qu'après le 22 septembre on a l'Etat du président ! ».
Certes, la députée d'Attayar a admis qu'en vertu de l'article 80 de la Constitution, Kaïs Saïed a le droit de promulguer des décrets pour cette période exceptionnelle, pour organiser le travail, fixer des objectifs d'amendement de certaines lois, réformer certaines lacunes et mettre en place des réformes politiques et sociales dans le cadre des dispositions transitoires qu'il a décidé. Mais, il doit œuvrer en dessous du pouvoir de l'article 80 et non pas au-dessus de lui et qu'en aucun cas il a le droit de constituer une commission pour mettre en place une nouvelle constitution et s'attribuer les prérogatives qui vont avec.
Interrogée si la position de la veille du secrétaire général Ghazi Chaouachi est celle du parti, Samia Abbou a répondu oui, et « que toute personne qui se retourne contre la constitution du pays perd sa légitimité et il faudra lutter contre lui ». La Constitution est mise en place pour être respectée : c'est un contrat social et un contrat qui organise les relations entre les pouvoirs. En réponse à une autre interrogation, l'élu a affirmé : « On ne regrette pas le passé et la décadence de l'Etat à cette époque est répugnante et honteuse, on ne veut pas que le chef de l'Etat nous entraine à une autre plaie honteuse. Je préfère de loin débattre aujourd'hui avec le président de la République sur les lois, sur des idées et des définitions que de débattre avec la crasse de l'avant 25 juillet ! ».
Mercredi 22 septembre 2021, un décret présidentiel a été publié dans le Jort spécifiant les dispositions transitoires annoncées deux jours plutôt. Une annonce qui a créé une vive polémique au niveau national, la majorité des politiciens estimant qu'il s'agit d'un coup d'Etat et d'une usurpation de pouvoir, Kaïs Saïed s'étant attribué tous les pouvoirs.