L'ancien responsable de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) et ancien ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, a considéré que l'expérience démocratique en Tunisie est arrivée à saturation. « Il y a un état de fatigue. Nous ne devons pas nous pencher sur les problématiques d'ordre économique et social sans réévaluer l'expérience démocratique et ses limites », a-t-il ajouté. Invité le 10 janvier 2021 par Hatem Ben Amara sur la Radio Nationale, Mohamed Trabelsi a affirmé que l'expérience démocratique et l'exclusion, y compris sociale, ne pouvaient pas coexister. « Nous devons débattre des limites de la démocratie représentative dans le cadre d'une approche basée sur la logique de la démocratie… Notre expérience n'a pas pu répondre aux attentes et aux besoins sociaux et économiques », a-t-il insisté. Par la suite, Mohamed Trabelsi a appelé à l'entame d'une nouvelle dynamique traitant le politique parallèlement aux autres domaines. « On ne peut pas parler de démocratie et de politique sans évoquer les horizons... L'élaboration d'une politique sociale luttant contre la pauvreté et améliorant la situation sociale des citoyens dépend de l'amélioration de la situation économique », a-t-il déclaré. Mohamed Trabelsi a considéré que le gouvernement pouvait trouver un terrain d'entente avec l'UGTT. Il a estimé que la centrale syndicale ne s'opposera pas aux réformes et à l'amélioration de la situation. « Nous devons faire la différence entre propositions de réforme et décisions… Il faut expliquer la situation et les attentes afin de pouvoir trouver des solutions et de garantir une solidarité dans le sauvetage du pays », a-t-il ajouté. Concernant la contribution sociale solidaire, l'ancien ministre a estimé que cette mesure permettait de garantir une certaine continuité de la couverture sociale et d'apporter des garanties aux travailleurs et aux retraités. « Auparavant, huit employés permettaient de garantir la pension d'un seul retraité. La contribution sociale solidaire a transformé cela en deux employés par retraité… Nous avions mis en place, en plus de la contribution sociale solidaire, d'autres mesures à caractère social », a-t-il déclaré. Mohamed Trabelsi a expliqué que les fonds collectés à travers cette contribution étaient déposés dans le budget du ministère des Finances. Il a salué la création d'une caisse dédiée à ces fonds dans la nouvelle LF 2022. « L'analphabétisme concerne près de 18% des Tunisiens. La plupart d'entre eux sont des femmes rurales… Néanmoins, nous devons rappeler que ce taux était à la baisse… Ce phénomène résulte principalement de l'abandon scolaire. Le ministère de l'Education a précisé qu'entre 100.000 et 120.000 enfants ont abandonné leurs études. 80% d'entre eux tomberont dans l'illettrisme au bout de trois à quatre ans en raison de l'absence de structures d'accueil et d'encadrement », a-t-il expliqué. Mohamed Trabelsi a, aussi, affirmé que la question de la pauvreté ne devait pas se limiter au rôle du ministère des Affaires sociales et des allocations et aides. La lutte contre ce fléau doit s'inscrire dans le cadre d'une stratégie globale et à travers la révision de l'ensemble des raisons conduisant à sa propagation. « Certaines lois ont contribué à la propagation de la pauvreté… Nous devons étudier l'état des écoles et lycées dans les régions défavorisées. L'Etat devrait, également, étudier la mise en place d'un système de quota au profit de ces régions au sujet de l'orientation universitaire », a-t-il dit.