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Il était une fois la Diplomatie !
Publié dans Business News le 28 - 02 - 2022


*Ancien Ambassadeur


Il fut un temps, aujourd'hui lointain, où, grâce à sa diplomatie, la Tunisie brillât ; une période durant laquelle nos diplomates étaient prêtés à certains pays du Golfe pour les représenter aux postes d'ambassadeurs et de consuls généraux. Une période où les prises de positions tunisiennes aux Nations Unies étaient suivies par un grand nombre de pays. Enfin, un temps au cours duquel, grâce à des femmes et des hommes de grande qualité, la Tunisie s'est maintes fois trouvée scintillant au firmament de la diplomatie mondiale.
Les lignes qui suivent, certes teintées d'un relent de nostalgie, rapportent quelques épisodes de mes pérégrinations diplomatiques et expriment une réflexion à l'égard de la situation actuelle de la diplomatie tunisienne.

L'ambassade de Tunisie en France
Sans aucun doute, l'ambassade de Tunisie en France est-elle la plus prestigieuse de nos postes diplomatiques. A sa tête, de très grands noms s'y sont succédés. Hassen Belkhodja, Mohamed Masmoudi, Habib Bourguiba jr, Sadok Mokaddem, Béji Caïd Essebsi, Hédi Mabrouk peuvent être considérés comme les plus remarquables de nos ambassadeurs à Paris.
Toutefois, deux ambassadeurs ont semblé, sans doute du fait de leur longévité sur le poste, tenir le haut du pavé. D'abord Mohamed Masmoudi que je n'ai pas personnellement connu mais à propos duquel j'ai beaucoup entendu et beaucoup lu. Une extraordinaire interview accordée à Jacques Chancel m'est restée gravée dans la mémoire qui permettait de percevoir la vista, le talent, la vision d'un diplomate d'exception. Le nom de Mohamed Masmoudi perdure depuis lors, gravé en lettres d'or dans l'histoire diplomatique de la Tunisie en France.

Le second, Hédi Mabrouk, que j'ai eu l'insigne honneur de côtoyer durant près de cinq ans fût, ce que j'aime à considérer comme mon mentor, parce que alors que je faisais mes premiers pas en qualité de diplomate, m'ayant initié à discerner les subtilités de ce monde nouveau, à en maîtriser le langage, à distinguer le vrai du paraitre et, finalement, à me repaitre de la quintessence de ce qu'est la vraie diplomatie.

Hédi Mabrouk avait la prestance, le charisme, un verbe d'une rare élégance dont le châtié de l'expression donnait son plein sens au concept de séduction, une plume puissante ciselant tour à tour la métaphore, la polémique ou encore l'émouvant de la description, une approche calculée de l'ironie et une forma mentis dont parfois le retord pouvait confiner au génie.
Pourtant, au lendemain de l'intronisation – presqu'alors inattendue - de François Mitterrand, président de la République française en mai 1981, d'aucuns ne donnaient pas cher de son avenir à Paris comme ambassadeur. Il faut, à cet égard, savoir que l'ambassadeur tunisien s'était quelque peu « compromis » avec la droite française à l'endroit de laquelle il avait construit des liens à la notoire réputation.

Il appert que son rapprochement avec le président Valery Giscard d'Estaing prit sa source lors d'une chasse présidentielle dans la forêt de Rambouillet. A cette occasion, le président français, féru de cette activité qu'il considérait comme un instrument autant politique que diplomatique et un outil de rayonnement de l'Etat, visa, tira et rata une perdrix. Cette dernière, dans son affolement pour sa survie, obliqua du côté de Hédi Mabrouk qui s'interdit de tirer au grand dam du président qui l'apostropha presque courroucé : « Monsieur l'ambassadeur, elle était à votre portée ! » lança-t-il. La réponse demeura longtemps dans la mémoire du monde politique, aristocratique et diplomatique parisien. L'ambassadeur tunisien rétorqua : « Impossible, monsieur le président, cet oiseau a bénéficié de la grâce présidentielle ».
Depuis lors, des liens se tissèrent, se développèrent, se consolidèrent. Les rencontres se multiplièrent jusqu'à évoluer vers des visites présidentielles privées qui avaient lieu, de temps à autre, au sein de la résidence de l'ambassadeur de Tunisie.
Dans le dessein d'asseoir davantage sa présence parisienne, l'ambassadeur de Tunisie s'est allié une grande partie de l'aristocratie française. Il s'accointa avec tout ce que Paris compte de princesses, duchesses, marquises, comtesses et autres baronnes, n'omettant aucune occasion de se rappeler à leur bon souvenir à la date de leur anniversaire matérialisant cet événement par l'envoi de bouquets de fleurs dont la prestance fluctuait selon le rang de la récipiendaire.

Lorsque j'arrivais à Paris, début 1982, l'esprit parasité par les on-dit de toutes natures, je m'attendais à trouver un ambassadeur engoncé dans ses petits souliers, préoccupé par l'arrivée de l'équipe socialiste laquelle aurait pu ou dû le considérer non grata. Il n'en était rien. Hédi Mabrouk avait réussi à retourner la situation à son avantage. Sans pour autant se détourner de ses amis de droite, dont Jacques Chirac qu'il tutoyait, il avait su s'accaparer les faveurs des nouveaux arrivants par le biais de liens tissés avec des personnalités telles que Roland Dumas, Pierre Bérégovoy, Lionel Jospin ou encore Edith Cresson, et continuait d'arpenter les couloirs de l'Elysée avec autant de quiétude que lorsque la droite présidait.

Autant moi-même que mes collègues ayant traversé cette période, cultivions le sentiment que rien n'était impossible pour la Tunisie en France. Quels que soient les écueils rencontrés, qu'ils soient financiers, commerciaux ou sociaux, des solutions allant dans le sens des désidératas tunisiens étaient trouvées.

Hédi Mabrouk : l'homme de Bourguiba
J'intégrais le ministère des Affaires étrangères en 1981 sous la forte suggestion de Béji Caïd Essebsi alors à la tête de ce département. Lors d'une rencontre fortuite dans un cadre familial, il m'avait presque sermonné en me disant avec son langage très imagé : « T'as obtenu tes diplômes, alors arrête de fainéanter. Je t'attends demain matin dans mon bureau, et ne viens pas en jean. Mets une cravate ». Je démarrais donc ma carrière, il y a près de quarante ans, dans le bureau du ministre.

A l'approche de la période du mouvement diplomatique, alors que j'en discutais avec le ministre, je lui fais savoir mon souhait d'avoir Paris comme première affectation soulignant mon vœu de parachever mon doctorat. Se départissant de son calme, il vociféra, bondissant de son siège tel un diable de sa boite, me laissant coi : « Ah non ! On avait parlé d'affectation à l'étranger mais jamais de Paris. De toute façon si vraiment tu veux y aller ne compte pas sur moi. Débrouille-toi avec Hédi Mabrouk. S'il accepte, je signerais l'arrêté d'affectation ». Cette réaction me laissa pantois et pensif.
Pourquoi le ministre des Affaires étrangères n'a-t-il pas le pouvoir de nommer un fonctionnaire de son département où bon lui semble ?
Ça n'est que quelques mois après ma nomination à Paris, acquise de haute lutte par mes moyens propres, que je compris que l'ambassadeur Hédi Mabrouk n'avait qu'une seule et unique hiérarchie : Le président Habib Bourguiba.
J'appris également qu'à plusieurs reprises le ministre des Affaires étrangères tenta de démettre de son trône parisien l'ambassadeur de Tunisie en France en le décriant auprès du chef de l'Etat. Bourguiba mit fin à ses suggestions subséquentes en répliquant : « Si je le fais revenir en Tunisie, c'est pour prendre ta place ». Ce qui finit par arriver en octobre 1986.
Durant cette période, les visites privées du président Bourguiba prenaient des allures de visites officielles. Il était accueilli au pavillon des chefs d'Etat, une pléiade de motards ouvrait la voie à son cortège, empruntait un parcours non officiel, tracé à son intention pour éviter les pavés parisiens qu'il honnissait.
Fait politiquement et diplomatiquement notablement rare, il est également arrivé que le président Bourguiba, dans le cadre sa visite privée, soit l'hôte à déjeuner du président Mitterrand au sein de la résidence de Tunisie à Paris. Les repas se passaient en tête à tête et, d'après le personnel local préposé au service, prenaient parfois un ton houleux lorsque des sujets à caractères polémiques étaient abordés.

Je garde impérissablement le souvenir d'un dîner auquel moi, le plus jeune et le moins gradé des diplomates, fut convié. Je m'étais secrètement confié que si une bombe terrassait l'ambassade de Tunisie, le monde politique français serait décapité. Ils étaient tous là. Le gratin, le haut du pavé politique, ceux qui faisaient les manchettes du Monde et les gros titres des journaux télévisés. Seul dans mon coin, je fus approché par l'ambassadeur qui m'interrogeât : « Sais-tu pourquoi j'ai organisé ce dîner ? ». Evidemment devant ce florilège de personnalités je n'avais que l'embarras du choix et nommait deux personnalités. Je me trompais. Hédi Mabrouk avait une autre mire. Il me désignât l'élu de ses pensées. Il s'agissait de Nicolas Sarkozy, alors Maire de Neuilly, et me confia « Les autres sont des vieux chevaux sur le retour. Ils sont déjà nos amis. C'est lui l'homme de demain. Il faut dès à présent se rapprocher de lui afin qu'il devienne des nôtres ».

La Tunisie au Japon
Il me sied dans cet écrit d'évoquer Salah Hannachi, un ambassadeur dont je fus l'adjoint près notre ambassade au Japon durant cinq ans. Même si, par certains côtés, il peut être sujet à reproches pour des intentions peu ou pas diplomatiques, durant les onze années durant lesquelles il a présidé le poste de Tokyo, l'ambassadeur Hannachi a brillé. Il a ébloui d'abord parce que s'étant imbu de l'histoire du Japon. Il en maîtrisait les moindres petits détails s'attirant ainsi parfois l'admiration, souvent la sympathie de tout un aéropage de japonais de haute lignée reconnaissant en lui une valeur indéniablement respectable.
Outre l'histoire du Japon, Salah Hannachi, infatigable travailleur, s'était attaché à maîtriser également les arcanes culturelles et religieuses du pays jusqu'à se lier d'amitié avec nombre de très hautes personnalités japonaises. Les plus prestigieuses étaient le neveu de l'Empereur, le prince Takamado, qui visita la Tunisie et écrit d'élogieux articles à son sujet, l'ancien Premier ministre Yoshiro Mori, longtemps considéré comme le King maker du Japon, père spirituel du Premier ministre Shinzo Abe, qui accepta d'être président de l'Association parlementaire Japon-Tunisie, provoquant par ce faire l'étonnement d'une partie de la classe politique japonaise et du corps diplomatique accrédité à Tokyo, l'autorité suprême du bouddhisme japonais, résident au Todai-ji à Nara, l'une des anciennes capitales du Japon, ainsi que Osamu Watanabe, président du JETRO (Japan External Trade Organization) et, en ce temps, l'un des concepteurs de la politique économique du Japon. Il instaurât ainsi une réputation qui lui ouvrit des portes hermétiquement closes pour d'autres ambassadeurs.

Il est un fait avéré, l'ambassadeur Hannachi durant son séjour japonais, a hissé très haut le pavillon tunisien. Il est venu à Tokyo avec un projet bien arrêté : créer une coopération scientifique entre le Japon et la Tunisie et a brillamment réussi. Lors du premier séminaire scientifique qu'il a organisé, n'étaient présents que deux chercheurs, l'un japonais, l'autre tunisien. Quelques années plus tard, les rencontres scientifiques enregistraient plus de 300 communications. Salah Hannachi répétait souvent aux sceptiques « il faut accepter de prêcher dans le désert avant de discourir dans une salle pleine », et il avait raison.
Il fut aussi l'artisan du financement de la technopole de Borj Cédria par les japonais et réussi à obtenir une ligne de crédit pour que des jeunes Tunisiens puissent effectuer des études post doctorales dans les universités japonaises les plus réputées dont la plus prestigieuse : celle de Tsukuba.
En sillonnant inlassablement le Japon, rencontrant personnalités nationales, régionales et locales, l'ambassadeur de Tunisie n'eut de cesse de promouvoir son pays, sa culture, son histoire millénaire et l'attractivité de son espace touristique.
Sur le plan économique, Salah Hannachi reçut à la table de la résidence de Tunisie les présidents des plus importantes multinationales japonaises et fut celui qui, à force d'opiniâtreté, réussi à convaincre le grand patron de Yasaki d'investir en Tunisie alors que d'autres chancelleries de pays concurrents, beaucoup mieux dotés financièrement, le courtisaient à grands renforts de cadeaux somptueux.

Salah Hannachi fut récemment, en 2021, décoré lors d'une cérémonie au Palais impérial, de l'Ordre du Soleil Levant avec Etoile et Rayons d'Or et d'Argent, considéré comme l'une des plus hautes distinctions japonaises. Il y reçu les félicitations du Premier ministre Shinzo Abe qui n'a pas tari d'éloges à son égard et le respect de l'Empereur Akihito qui lui fit l'honneur de s'incliner devant lui.

Aujourd'hui
Je sais. Je sais qu'à la lecture de ces quelques lignes certains penseraient ou diraient : nostalgie.
Je réponds : « malheureusement nostalgie ». Si le présent diplomatique s'arrogeait la qualité d'un existant brillant, la valeur du passé ne serait que banalement histoire. Seulement, il n'en est rien. Notre diplomatie s'en va périclitant se perdant dans les méandres de la médiocrité. Un grand dommage parce que le ministère des Affaires étrangères regorge de femmes et d'hommes de grande qualité. Cependant, et comme un peu partout, sans toutefois tomber dans le cliché facile, dans une grande majorité, les rênes directionnelles sont confiées inopportunément, sinon à des bras cassés, du moins à des responsables à la compétence limitée.
Plusieurs théories soulignent que dans les pays en voie de développement, le ministère des Affaires étrangères se doit, par le dynamisme, l'imagination, la force de travail, la prestance, la vista de son ministre et l'efficience de ses diplomates contribuer à hauteur de 1 à 1,5% à la croissance de son pays.

Qu'en est-il en Tunisie ??? Rien !!!
Début janvier 2016, alors que j'étais porte-parole du syndicat des diplomates, lors d'une émission télévisée sur une chaine privée, l'intervieweuse m'invitât à adresser un message au ministre des Affaires étrangères. Mon appel fut : « Monsieur le ministre pourquoi ne seriez-vous pas le ministre qui ferait passer notre diplomatie du 19ème au 21ème siècle ? ». Evidemment, ce fut un cri lancé tel une presque boutade appelée à réveiller les consciences. Quelques jours plus tard, le président décida de changer de ministre. L'espoir d'un lendemain meilleur se mua en déception. La montagne accoucha d'une souris et alors que l'on pensait la diplomatie tunisienne au fond du gouffre, on se rendit compte que l'on pouvait creuser davantage.

Aujourd'hui, la diplomatie tunisienne s'est rétractée telle une peau de chagrin errant tel un coq étêté sans direction ni but. Une administration livrée à elle-même et un fonctionnement figé obéissant aux règles des années 80. Rien n'a évolué. Des affectations à l'étranger fantasques n'obéissant à aucun critère objectif, s'apparentant davantage à un partage du gâteau entre amis qu'à un choix réfléchi servant les intérêts du pays, des évaluations des chefs de postes diplomatiques et consulaires basées sur des critères à l'esclaffant ridicule que la décence et l'esprit de corps m'interdisent de détailler, et des ouvertures de postes diplomatiques totalement irréfléchies répondant peu ou pas aux velléités d'expansion de la Tunisie laissant sur le bord de la route, et pour ne citer que ceux-là, la Malaisie, un dragon en pleine expansion technologique, le Kazakhstan et l'Azerbaïdjan, pays pétroliers à majorité musulmane, ou encore l'Ukraine, un de nos plus importants fournisseurs en céréales.

Actuellement, alors que la situation actuelle requiert une activité diplomatique tous azimuts, plus d'une dizaine de postes diplomatiques couvrant près de 25 pays sont, depuis des mois, sans ambassadeurs. Et l'on se complait dans cette inertie coupable sans broncher laissant un bateau sans gouvernail voguer au gré des incertitudes au grand dam des diplomates impuissants, stoïques confrontés à une réalité amère et à une douloureuse parce qu'irréfragable fatalité.
Le fleuron de la politique étrangère, objet d'orgueil hier, s'est progressivement, au cours de la dernière décade, mué en une indubitable flétrissure. Quel dommage !


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