Alors qu'il a été libéré par le juge, un prisonnier de nationalité française, très malade, a été maintenu en détention par le parquet ce qui a précipité son décès, selon son avocat. Il s'agit d'un homme âgé de 73 ans dont l'état de santé nécessitait une hospitalisation urgente. Le témoignage de l'avocat Mehdi Zagrouba est édifiant quant aux conditions de détention dans les prisons tunisiennes. Les mauvais traitements et autres négligences sont récurrentes. Les détenus malades, Tunisiens ou étrangers, en pâtissent souvent. Le prisonnier en question n'a trouvé personne pour changer ses couches et son corps était rongé par des ulcères cutanés. Il devait aussi suivre des séances de chimiothérapie puisqu'il était atteint d'un cancer. Le juge d'instruction avait émis un mandat de dépôt à son encontre, mais il avait décidé de libérer après les résultats des investigations laissant entrevoir des preuves de son innocence. Toutefois, le parquet avait fait appel de la décision de libération et la chambre des mises en accusation avait décidé de maintenir le mandat de dépôt. Me Zagrouba, en témoin oculaire, affirme que le monsieur avait été emmené à la rencontre dans son avocat dans un état gravissime. « Du sang et du pus coulaient de ses jambes et de ses pieds. Ses pansements avaient une couleur douteuse… Il lui était impossible de se tenir debout donc il a été transporté par d'autres détenus dans ce qui ressemble à une chaise roulante débraillée… Il n'a pas été emmené dans la salle des avocats à cause des mauvaises odeurs émanant de son corps… Son avocat lui a promis de faire le nécessaire pour qu'il soit hospitalisé, notamment pour ses séances de chimiothérapie qu'il a ratées ». Selon Mehdi Zagrouba, le directeur de la prison de la Mornaguia a été coopératif en transférant le dossier du prisonnier au parquet. Il a assuré qu'on a garanti à l'avocat de retirer un mandat postal au nom de son client pour l'achat de produits de nettoyage et de couches. Mais le lendemain, on lui apprenait le décès du détenu. A savoir que l'ambassade de France en Tunisie avait été mise au courant de son cas et qu'une délégation lui avait rendu visite. L'avocat a dénoncé une négligence clairement établie et engageant différentes parties qui ont laissé mourir lentement un citoyen dans une cellule avec des codétenus condamnés à des dizaines d'années. « Quel danger pouvait représenter l'hospitalisation d'un septuagénaire atteint d'un cancer et incontinent, libéré de surcroit par le juge d'instruction pour absence de preuves de sa culpabilité ? ». Mehdi Zagrouba a ainsi lancé un appel au président de la République pour qu'il visite les prisons tunisiennes et constate par lui-même les conditions de détention.