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Le pouvoir se met le doigt dans l'œil
Publié dans Business News le 16 - 11 - 2022

Pour les habitués des discours et des monologues du président de la République, la menace était claire depuis les hauteurs du mont Boukornine. Kaïs Saïed estime qu'il existe des comploteurs qui se réunissent à l'étranger pour porter atteinte à l'Etat tunisien, pour traiter avec des services secrets étrangers et pour vendre de la drogue. Il va sans dire que le chef de l'Etat s'estime dispensé de fournir la moindre preuve de ses graves accusations.

Quoi qu'il en soit, le ton est donné et les attaques contre les opposants du président ont été joyeusement reprises en chœur par les soutiens de ce dernier. Pire, les menaces se transforment en actes puisque le président du parti Afek Tounes, Fadhel Abdelkefi, a été empêché de voyager, mercredi 16 novembre 2022, à l'aéroport Tunis-Carthage sans aucune raison valable et sans même qu'il n'y ait la moindre poursuite judiciaire à son encontre. M. Abdelkefi n'est pas le premier à faire les frais de cette mesure illégale et arbitraire. Il est évident que cela va à l'encontre des propos tant de fois répétés par le président de la République lui-même. Il est également évident que l'application de ce genre de mesures contredit les propos de la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, concernant l'amélioration du climat des affaires et la volonté d'attirer des investissements en Tunisie. En plus, à la veille d'un sommet aussi important que celui de la francophonie, cela envoie un signal extrêmement négatif à des pays qui ont, à plusieurs reprises, exprimé des craintes concernant la situation des droits et des libertés en Tunisie.
Mais comme le dit le célèbre proverbe, il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. S'attaquer aux opposants et les rendre responsables de tous les maux du pays est une vieille tactique utilisée par tous les régimes autoritaires du monde. Ce sont des régimes qui tendent vers la facilité pour expliquer leurs propres échecs et pour justifier leur propre incompétence. Cela fait plus d'un an que le chef de l'Etat, Kaïs Saïed, est seul à la barre d'un pays qui n'a pas avancé. Au contraire, tous les voyants économiques sont dans le rouge vermeil. Cela n'a pas poussé le président de la République à renouveler son discours. Il considère que l'Etat tunisien est la proie de vils complots ourdis outre-mer dans le but de nuire à la Tunisie en provoquant différentes pénuries comme le lait, le beurre ou les médicaments.

De l'autre côté, à la veille du sommet de la francophonie, dont l'organisation à Djerba était un vrai enjeu pour le pouvoir tunisien, le régime en place se permet de convoquer le journaliste Nizar Bahloul à cause d'un article analysant le bilan de la cheffe du gouvernement. Cette convocation devant la brigade criminelle d'El Gorjani a fait littéralement le tour du monde, en plus de la vague d'indignation déclenchée en Tunisie. De la France à la Turquie, des Etats-Unis au Golfe, la nouvelle a montré que les menaces sur la liberté d'expression et sur les libertés en Tunisie n'étaient pas une vue de l'esprit. S'attaquer de cette manière au directeur d'une publication francophone lue par toutes les délégations seulement deux jours avant la venue de dignitaires de haut rang en Tunisie a de quoi interroger.
De deux choses l'une : ou bien Kaïs Saïed en personne valide et cautionne ces agissements contre les journalistes et contre ses opposants politiques, ou bien il en est lui-même victime et on cherche à le discréditer dans son entourage. Dans le premier cas, le chef de l'Etat contredirait non seulement ses propres croyances et ses propres déclarations sur le sujet de la préservation des droits et des libertés, mais il se mettrait également dans une position extrêmement délicate deux jours seulement avant la réception de plusieurs chefs d'Etats et de gouvernements. La deuxième option implique que des ministres haut placés, comme Taoufik Charfeddine au ministère de l'Intérieur ou Leïla Jaffel à la Justice, ne méritent pas leurs postes. L'application arbitraire de la mesure S17 sur la personne d'un président de parti politique et ancien ministre montre qu'il existe clairement un problème de compétence. Même dans une logique purement opportuniste, ce n'est pas le moment de faire cela. La ministre de la Justice, quant à elle, s'est attaquée à un média sur la base du décret 54. Un décret qualifié de liberticide et d'anticonstitutionnel par l'ensemble des observateurs tunisiens. Elle n'en est pas à son coup d'essai puisqu'elle a déjà un passif dans le traitement du dossier des juges révoqués par le président de la République.

Quelle que soit la réponse, le résultat est le même : le pouvoir tunisien fait preuve d'incompétence et se discrédite complétement à quelques encablures du Sommet de la francophonie. Le président de la République, Kaïs Saïed, se retrouve dans le pétrin, soit parce qu'il cautionne des agissements liberticides, soit parce que le casting qu'il a fait pour le gouvernement s'est révélé très mauvais. De toute manière, c'est à lui d'assumer la responsabilité politique de la persécution de journalistes et du harcèlement des opposants. En vertu de sa constitution, Kaïs Saïed détient tous les pouvoirs. Par conséquent, il a aussi toutes les responsabilités malgré les acrobaties intellectuelles ridicules de ses soutiens. Il est clair aujourd'hui que Kaïs Saïed a un doigt dans l'œil et qu'il aborde le Sommet de la francophonie dans les pires dispositions.


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