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Crise du lait : un déni vache
Publié dans Business News le 06 - 12 - 2022

Le lait, comme tant d'autres produits alimentaires, est devenu une denrée rare sous les cieux tunisiens. La pénurie et les perturbations durent depuis des mois et le citoyen doit faire preuve de beaucoup de patience pour espérer trouver une brique au prix fixé par l'Etat. Expliquer l'origine de la crise n'est pas difficile, les solutions sont possibles, sauf que pour le plus haut responsable du pays, il ne s'agit autre que de spéculation et de parties malveillantes qui veulent affamer le peuple afin de lui nuire.

Le Tunisien est obligé depuis des mois de s'adapter à une situation inédite. Qui n'a pas fait l'expérience, au moins une fois, d'une tournée infructueuse des magasins à la recherche de lait ? Il faut amadouer l'épicier du coin pour qu'il se souvienne de vous et espérer ainsi qu'il vous laisse de côté la sainte brique. Il faut aussi faire la queue dans les supermarchés et guetter le bon moment où l'on vient livrer les quelques bouteilles qui partent en un clin d'œil. Il vous arrivera souvent de vous retrouver face à des rayons vides où l'on vous affiche quand même un malencontreux « deux briques par personne ».
Sur le marché, il est donc devenu plus facile de trouver le lait non-compensé, les 0% et autres enrichis par des minéraux et des vitamines. Le citoyen est ainsi obligé de débourser plus.

C'est dans ce contexte que le président de la République a effectué une visite à une usine de production de lait appartenant au groupe Délice Holding. Fidèle à ses idées fixes, il a affirmé que cette marchandise est disponible et que la pénurie résulte de la spéculation. La solution selon lui est de lutter contre les spéculateurs, mais aussi que les producteurs produisent plus.
Kais Saïed semblait contrarié en répétant face à ses hôtes l'histoire d'une femme qui dit avoir faim et qui veut du lait. Le président, perplexe, s'est interrogé sur la disponibilité du yaourt et autres dérivés du lait et pas les briques. Pour lui, cela n'est pas logique. Il est convaincu que les spéculateurs transforment le lait standard en lait 0% afin d'avoir plus de revenus et de pousser vers l'augmentation des prix et il a encore une fois qualifié les circuites de distribution de circuits « d'affamement ». Le président, remonté, a indiqué que ce sera son dernier avertissement : il faudra cibler les entrepôts de stockage des grands spéculateurs. Il a même tenté un calambour sur les vaches qui donnent du lait « normal », d'autres du 0% ou encore d'autres des yaourts…
« Le lait 0% n'était pas toujours disponible... On l'introduit sur le marché dans le but de rééquilibrer les tarifs, car son prix n'est pas fixé par la loi... Nous devons mettre fin aux crises en renforçant la production... C'est une crise provoquée... Nous sommes en guerre... Même si la marge de bénéfice régresse ! Ce n'est pas problématique... Nous ne devons pas laisser les enfants sans lait... De la vente conditionnée ! Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait et d'autres qui donnent des yaourts ? Le lait, c'est du lait ! Pourquoi le fromage et le beurre sont disponibles ? Y-a-t-il des vaches qui donnent du lait écrémé et d'autres qui donnent du lait demi-écrémé ? », s'était-il interrogé…
Le président a balayé d'un revers de main l'explication « technique » de la crise. Pour lui, les coupables sont tout trouvés, pas la peine de s'avancer sur le terrain de la hausse des prix des fourrages ou des subventions étatiques bloquées. Il semble hermétique à la réalité des faits. Tout comme pour la pénurie, le déni est bien parti pour durer.

Pourtant, les faits sont simples à saisir. Pas besoin d'être une lumière pour comprendre les mécanismes ayant mené à la crise de la filière laitière. Depuis des mois, des experts, des professionnels en parlent et ne cessent de tirer la sonnette d'alarme.
La Tunisie a atteint l'autosuffisance en l'an 2000, grâce à une stratégie nationale. Le manque de vision durant les derniers mois, mais aussi le manque de ressources de l'Etat, risquent d'amener le pays à importer le lait.
Ali Klebi, vice-président de la Chambre syndicale des industriels du lait, a expliqué à plusieurs reprises, que l'Etat n'a pas payé la compensation aux industriels. Cela fait plus de quatorze mois que les professionnels produisent à perte le lait censé être subventionné et se trouvent être obligés d'en assumer les conséquences. Sur les huit usines qui existaient, il n'en reste que quatre. Les industriels ont dû recourir à l'emprunt pour combler cet afflux de trésorerie manquant, mais ils ont atteint les limites de leurs capacités d'emprunt.
Du côté des éleveurs, le prix de ventre fixé par l'Etat ne suffit plus pour faire face à la hausse des coûts et à la fluctuation des marchés. Par conséquent, plusieurs éleveurs ont dû baisser le fourrage du bétail et/ou carrément vendre leur cheptel. Résultat des courses, la production de lait a été en chute libre depuis mai 2022 et le pays risque de consommer le stock de régulation.

Des prix de fourrage qui crèvent le plafond, des hausses successives des prix des carburants, des versements des compensations aux industriels en retard… Plusieurs facteurs ont mené à la crise du lait subventionné et non pas des spéculateurs malveillants comme l'affirme le président. D'ailleurs, la ministre du Commerce a affirmé mardi 6 décembre 2022, que la pénurie est due entre autres à l'augmentation du coût des fourrages. Le président, lui, n'écoute même pas ses propres ministres.


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