L'avocat et dirigeant du Front de salut national, Ahmed Nejib Chebbi, est revenu, jeudi 23 février 2023, sur les dernières arrestations. Au micro de Borhen Bssais dans « l'Emission impossible » sur les ondes de la radio IFM, le politicien a indiqué : « Il y a quelques mois, nous avons été informés par des sources fiables que le président de la République se préparait à une campagne visant l'arrestation de leaders politiques et la liquidation de ses opposants. L'information a été démentie mais malheureusement tous les événements, qui se suivent, prouvent la véracité de cette information. Aujourd'hui les leaders de premier plan d'Ennahdha, notamment Ali Larayedh et Noureddine Bhiri sont arrêtés. Rached Ghannouchi est convoqué devant la Brigade de l'Aouina. Hier, Issam Chebbi et Chaima Issa ont été arrêtés ». En outre, il a assuré que le domicile de Jaouhar Ben Mbarek a été encerclé, la veille, sans savoir s'il a été interpellé ou pas, outre les arrestations de Khayam Turki et de Lazhar Akremi, le tout pour une accusation de complot contre l'Etat .
Et de marteler : « Dans la loi, le complot contre l'Etat est de « s'entendre pour changer la forme de l'Etat par l'usage de la force ». Le changement de l'Etat par les moyens pacifiques et démocratiques est légal et possible ». « Le terrorisme est poursuivre des objectifs politiques par l'usage de la violence » a-t-il affirmé. Et d'ajouter : « Je peux attester que les faits sur lesquels on enquête sont très simples : Khayam Turki pour avoir invité chez lui pour un déjeuner une vingtaine de personnalités, de tout bord et lors duquel ne se sont présentés que dix personnalités, l'objectif était de discuter de ce qui les divise et ils ne sont pas parvenus à un consensus ».
L'animateur a émis l'hypothèse selon laquelle le président de la République pourrait estimer que les opposants cherchent à attiser la colère populaire en parlant sans arrêt des pénuries. Leur but ultime serait de déstabiliser le pouvoir et de le renverser. L'avocat a rétorqué : « Nous sommes sortis du cadre de la loi à l'imagination. Or, la loi indique qu'un crime a trois éléments : un élément physique d'un acte considéré comme criminel par une loi préexistante, un élément légal selon lequel la loi doit exister déjà, le troisième élément est la préméditation. Tout cela est évalué par un magistrat selon des preuves qui lui sont fournies ». Et de soutenir qu'en suivant ce mode de pensée, l'UGTT qui est en train préparer plusieurs manifestations samedi prochain, pourrait donc être accusée de complot contre l'Etat, ce qui n'est pas normal. « Les crises politiques et sociales ne peuvent être résolues avec ces moyens répressifs. Seul le dialogue peut en venir à bout », a-t-il estimé.
Ahmed Nejib Chebbi a souligné : « Ce pays n'est pas la ferme privée de M. Saïed, où il accepte qui il veut et exclut qui il veut. Nous sommes tous nés ici, avec les mêmes droits et les mêmes libertés. Il a été chargé de diriger le bateau selon un contrat. Or, aujourd'hui, l'élite tunisienne est emprisonnée entre le Centre de détention de Bouchoucha, de El Gorjani et de la Garde nationale de l'Aouina. Est-ce que la révolution a eu lieu pour ça ? Kaïs Saïed s'est donné une liberté totale. On ne sait pas ce qu'il va annoncer demain et je ne suis pas sûr que lui-même le sache. La situation a totalement dérapé et elle est en train de pousser le pays vers le précipice ! ».