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Mosaïque FM dans la ligne de mire
Publié dans Business News le 18 - 05 - 2023

La radio la plus écoutée du pays est dans le viseur du régime de Kaïs Saïed. Son tort est de refuser de normaliser avec le putsch.

À la question « pourquoi vous vous êtes éloigné délibérément de la scène publique ? », cet ancien chef du gouvernement répond par une phrase pleine de sens : « le temps est à la destruction, tout le monde veut détruire ce qui marche encore. Quand viendra le temps de la reconstruction, je reviendrai ».
Mosaïque FM, créée en 2003 est, de loin, la radio la plus écoutée en Tunisie. Son ton décalé et sa ligne éditoriale la démarquent, amplement, de la concurrence.
Dans le paysage médiatique tunisien, les choses se résument rapidement. Il y a ceux qui se sont couché face au régime putschiste de Kaïs Saïed et son entreprise despotique en marche forcée et ceux qui résistent. Ces derniers se comptent sur les doigts de la main.

Les dix stations de radio publiques, dépendant directement du gouvernement, évitent les sujets et débats politiques polémiques. D'ailleurs, il n'y a quasiment plus de débat politique. Les animateurs vedettes ont été poussés vers le privé, comme c'est le cas de Hatem Ben Amara, ou vers les réseaux sociaux comme c'est le cas d'Amel Chahed. L'agence de presse officielle TAP évite tout sujet embarrassant pour le régime et ne parle guère du climat répressif dans le pays, même pas pour relayer l'information brute. Les journalistes poursuivis, les livres censurés ou les artistes en prison ne sont pas des sujets importants aux yeux de l'agence de presse officielle de l'Etat, devenue agence du régime. Si le journal public Assahafa résiste encore un chouia (plus pour longtemps), son pendant francophone La Presse s'est couché depuis un bon bout de temps. Il en est au point de remercier le président de la République pour ses vagues promesses non suivies d'actes concrets. Depuis plusieurs mois, les deux journaux souffrent du manque de moyens. Leurs journalistes se font payer en retard, sont sans couverture sociale et sans primes depuis un bail.
Quant à la télévision publique, jadis la plus regardée du pays, elle est tout simplement devenue un outil de propagande du régime.
Du côté des médias privés, l'écrasante majorité des titres souffrent de déficits financiers aigus et relèguent les problèmes politiques au second plan.
Sous prétexte d'équilibre, ils ont fait appel à des aficionados du régime pour devenir chroniqueurs payés des piges à quatre chiffres. Pour défendre le régime, ces chroniqueurs se permettent des injures et de la diffamation sur antenne sans aucun risque de poursuite judiciaire. Leurs journalistes sont mal payés, voire pas payés du tout, comme c'est le cas de ceux d'Attessia dont certains n'ont pas été payés depuis six mois.

Dans ce paysage, bien moribond, Mosaïque FM résiste et résiste bien. Sur le plan financier, ses résultats sont bénéficiaires comme nous l'atteste la Haica et ses avocats. Ses comptes sont périodiquement transmis à l'autorité de régulation et l'administration fiscale. Les audits ordonnés par l'Etat, actionnaire à 13% dans la station, n'ont relevé aucune irrégularité. La Ctaf, organisme rattaché à la Banque centrale chargée de lutter contre le blanchiment d'argent n'a pas relevé non plus une quelconque violation de la loi.
Confiant de sa bonne gestion, le fondateur de la station, le journaliste Noureddine Boutar s'est décidé à maintenir telle quelle la ligne éditoriale. C'est-à-dire une ligne défendant le professionnalisme journalistique pur et dur. Partant, c'est dans l'ordre naturel des choses que la radio s'est trouvée à l'encontre d'un régime putschiste s'attelant à jeter les bases d'un régime despotique.
Son ton déplait et dérange. Et c'est le président de la République lui-même qui l'a dit, en décembre dernier, au micro du journaliste Chaker Besbes venu l'interroger en marge du Sommet de la francophonie de Djerba. Face à la caméra, il n'a même pas caché sa colère en beuglant : « Il n'y a pas de liberté d'expression, sans liberté de pensée ». Sous-entendu, la radio est téléguidée par on ne sait quelle antichambre dont l'objectif est de casser son régime.
Loin d'être intimidés, les journalistes de la radio, et spécialement les animateurs de l'émission phare Midi Show, ont continué leur travail comme si de rien n'était, maintenant leur ton décalé, critique et, souvent, acerbe.

C'en est trop pour le régime qui n'arrive pas à admettre comment la radio la plus écoutée du pays refuse de se coucher, comme les autres, et continue à soutenir l'opposition.
Moins de trois mois après l'avertissement donné à Chaker Besbes, en février dernier, un mandat de dépôt est émis contre M. Boutar qu'on suspecte de blanchiment d'argent et d'enrichissement illicite. Paradoxalement, la première question posée par les enquêteurs a concerné la ligne éditoriale de la radio. Ses avocats crient sur tous les toits que les dossiers sont vides et prennent à témoin l'audit réalisé par l'Etat-actionnaire et les rapports de la Ctaf. D'après ses avocats, il n'y a absolument aucun document accablant la radio et son directeur. Le parquet n'a pas démenti et reste, à ce jour, totalement muet à son sujet. En dépit de l'absence de toute preuve, et en violation totale de la présomption d'innocence et du fondement universel que la détention doit rester l'exception et la liberté la règle, Noureddine Boutar demeure encore en prison.
En dépit de la gravité de la situation et de la détention de leur patron, les journalistes de Mosaïque FM ne se sont pas laissé intimider et ont poursuivi leur travail de critique du régime comme avant le putsch. L'audience est au rendez-vous, la radio et Midi Show continuent encore à être les plus écoutés et les plus influents en Tunisie.

Las, le régime est passé, cette semaine, à la vitesse supérieure. Son correspondant de Kairouan, Khalifa Guesmi, a été condamné mardi à cinq ans de prison ferme.
Son crime ? Avoir relayé un scoop, celui d'une opération antiterroriste menée avec succès par les forces de l'ordre. Sa source, un gradé de la brigade ayant mené l'opération, en a eu pour dix ans de prison ferme. En somme, on lui reproche juste d'avoir fait son boulot en tout professionnalisme.
L'affaire Khalifa Guesmi est une véritable injustice quand on sait qu'il a été condamné sur la base de la loi antiterroriste au lieu du décret-loi 115 relatif à la presse. Comme un peu partout dans le monde, on ne saurait condamner quelqu'un en se basant sur une loi généraliste quand son statut lui permet de bénéficier d'une loi spécifique. Plus encore, la loi tunisienne énonce clairement que les peines en appel ne peuvent être plus lourdes qu'en première instance, quand l'accusé fait appel. Et c'est le cas du journaliste. Le juge a fait abstraction de cette loi, faisant passer la peine d'un an à cinq ans de prison. Il s'est basé, pour se faire, sur le fait que c'est le parquet qui a fait appel.
Alors que l'on est en pleine polémique sur l'affaire de Khalifa Guesmi et que le syndicat des journalistes n'a même pas encore eu le temps d'organiser sa manifestation de soutien, l'avocate de la radio annonce hier que les deux journalistes vedettes de la station, Elyes Gharbi et Haythem El Mekki, font l'objet d'une plainte suite à leur émission de lundi dernier.
D'après nos informations, c'est un syndicat sécuritaire qui en est derrière. Tout cela en plein milieu d'une autre polémique, celle de l'arrestation de deux étudiants, coupables d'avoir créé un tube satirique épinglant la police.

Alors que le président de la République ne cesse de dire qu'il n'y a aucun journaliste poursuivi pour ses idées, les faits sont têtus. Il y a, aujourd'hui, 22 journalistes en Tunisie poursuivis par son régime, dont quatre de Mosaïque FM.
Le constat est là, il y a une nette volonté du régime de casser un des rares médias qui jouit d'une bonne santé et d'une liberté de ton.
Plus qu'une bataille judiciaire, il y a une guerre psychologique menée par le régime contre les journalistes qui refusent de se coucher à l'instar de la majorité de leurs confrères du public et du privé.
Il aurait suffi à Noureddine Boutar de donner des gages au régime en changeant sa ligne éditoriale et en ordonnant à ses journalistes de se calmer. Il a refusé préférant la prison au déshonneur. En bons disciples, ses journalistes ont adopté la même stratégie risquant, à leur tour, la détention.
Peu importe, leur liberté de pensée prime et c'est, exactement, ce qu'a dit le président lui-même.
Toute la question est combien de temps vont-ils pouvoir encore résister.


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